Vidé son sac
Arrêter le temps. Juste un instant. Poser sa respiration. Ne pas s'encombrer l'esprit. Laisser les images s'envoler. Fermer les yeux. S'endormir. Tellement simple. Si compliqué. Répéter en boucle. Se persuader de tout et de son contraire. Ne pas comprendre. Être en colère. Hésiter. Foncer. S'en vouloir. Culpabiliser. Souffrir en silence. Tout se bouscule. Dans mon cerveau, les pensées s'entrechoquent. Se poser les mêmes questions. Envisager les réponses. Douter. Refuser l'évidence. Se sentir perdu. Anéanti. Dévasté. Soulagé. Répéter encore et encore les mêmes erreurs. Franchir les obstacles. Pour finalement se prendre le mur. Se relever pour ne pas sombrer. S'enliser. Étouffer. Chercher une issue. Se perdre dans les méandres de ses angoisses. Les minutes passent, mon esprit s'enlise. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis planté devant le mur vert prairie. Cette vision m'apaise. Les photos dans les cadres tempérent l'ouragan naissant. Ne pas exploser pour ne pas tout faire voler. Me raisonner. Accepter l'inacceptable. Une rage diffuse, infuse dans chaque parcelle de mon corps. Mes idées confuses cherchent une explication. Un semblant de compréhension. Mes poings se serrent. Prêt à en découdre face à un fantôme. En vouloir à qui ? Pourquoi ? Refuser l'impensable. Pour garder l'espoir. Voir la flamme vaciller. Tenter de la protéger. Puis découvrir qu'elle s'est éteinte. Mon corps tremble, je ne peux contenir le chagrin prêt à déborder. Faire bonne figure. Pourquoi ? Pour montrer qu'on est un vrai mec ? Connerie. Mes larmes me brûlent les yeux. Mon souffle est saccadé. Putain, je craque. Se sentir minable. Incapable. Si vulnérable. Reprendre son souffle. Expulser ce sentiment de culpabilité. Le détester. Impossible. Le gommer de mon existence. Impensable. Lui balancer des horreurs. Juste pour me sentir mieux. Stupide. Tout casser. Je ne vaudrais pas mieux que tout ses abrutis qui ont déjà gâché ma vie. Une clope, un joint pour vider la tête. Avaler une taffe. Voir ma peine s'envoler en fumée. Mais l'effet ne sera que temporaire. Reproduire les erreurs du passé. Hors de questions. Ne pas me laisser tenter. Trop facile. Fixer mon attention sur autre chose. Accepter qu'une page se tourne. Ainsi va la vie. Se contenter de l'instant présent. Laisser les regrets aux autres. Avancer vers un nouvel objectif. Demain, j'y verrai plus clair. Enfin j’espère.
Deux mains s'enroulent autour de ma taille, une tête se pose sur mon épaule, un souffle chaud se diffuse dans mon cou. Rêve ou réalité ? Le sommeil a-t-il eu raison de moi ? Suis-je en train de fantasmer ?
- C c c’est ma mère, me dit une voix au creux de l'oreille.
J'entends, écoute mais n'ose me retourner. Mes soupirs ont dû le réveiller. Je ne voulais pas gâcher son sommeil. Mes compères d’infortune avaient l'air si bien collés l'un à l'autre. Leur visage semblait apaisé. Ils partageaient un sourire, comme si leurs songes se mêlaient au contact de leur peau.
- Sa silhouette de dos, insiste-t-il. Mon père a pris des cli cli clichés de l’amour de sa vie au fil des saisons. Au printemps de leur rencontre, ils avaient à peine une quinzaine d'années. Il passait ses vacances avec mes grands-parents à proximité du Lac Louise. Au petit matin, équipé de son appareil photo, il guettait les animaux. Alors qu’il patientait, un écureuil le surprit et le fit basculer en arrière, la photo était dans la boîte. Quand il la développa, dans sa chambre noire de fortune, il découvrit une silhouette au bord de l’eau. Comme tu peux le constater, la brume l’enveloppait d’un drapé bleu. Le lendemain, il est retourné au même endroit et elle était toujours là, fixant l’horizon. Mon père s’est approché, a frôlé sa main, leur histoire se tissait dans l’aube naissante. L’image d’été a été prise le jour de leur mariage. D’un commun accord, ils voulaient ce décor pour unir leur corps. Celle de l’automne annonce ma venue au monde. Puis celle de l’hiver, le ciel posait ses premiers flocons, nous étions venus voir mes grands-parents qui avaient acheté un chalet. Mon père m’avait prêté son appareil pour l’occasion. J’avais pour mission de prendre une photo de ma mère, il n’avait pas pu nous acom com compagner à cause de son travail.
J'hésite à me retourner et rompre le contact qu'il m'offre. Sentir la chaleur de son torse collé à mon dos. Ce contact me soulage et retire cette part de souffrance dont je me suis vêtu depuis la lecture de mes messages. Un léger bégaiement a ponctué ses derniers mots. À son tour de livrer son passé en resserrant son étreinte.
- Dix ans qu'elle nous a quittés. Un chauffard. Un ac c c cident.
Lucas marque une pause. Je pose mes mains sur les siennes. Nous nous servons mutuellement de support. Ses lèvres effleurent ma peau. Il lâche dans un soupir :
- Je me souviens de ce matin dans les moindres détails.
Mon estomac se tord. Il a dû ressentir mon tressaillement. La paume de sa main droite prodigue des mouvements circulaires sur mon ventre.
- Nous sommes partis de chez chez chez mes grands-parents à l’aube. Nous chantions en chœur une comptine. Je revois son sourire dans le rétroviseur juste avant qu'un véhicule nous percute par la droite. La berline blanche nous a envoyé voler dans le décor. La route étroite longeait un ravin. Je l'entends encore m'appeler, me dire que tout va bien se passer. À nouveau son sourire, des flammes et puis plus rien. Plus aucun bruit, le vide, le noir. Quand je me suis réveillé deux jours après à l'hôpital, mon père se tenait à mes côtés, sa main comprimait la mienne, des larmes plein les yeux. Bien plus tard, j'ai appris que les secours nous avaient retrouvés blottis contre le tronc d'un érable. Son corps m'a protégé lors de l'explosion du véhicule, en bouclier. Le chauffard avait disparu.
Je ne sais lequel de nous est le plus malheureux. Son douloureux passé s'étale, sa détresse se déverse. Averses d'horreur nous unissent à cette heure. Chacune de ses révélations me rappelle combien il ne faut pas oublier d'où nous venons. Lucas ouvre sa boîte à souvenirs, d'où s'échappent ses soupirs. Dans ses bégaiements, je perçois ses hurlements. Ses bras se resserrent. Taire l'impensable, éteindre avec nos larmes le feu qui nous consume de l'intérieur.
- Pendant plus d'un an, avoue-t-il à demi-mots, plus aucun son ne voulait sortir, emmurer dans mon thorax. J'ouvrais la bouche, bougeais les lèvres mais rien ne franchissait les barrières que j'avais dressées. Je me noyais dans le désespoir. Je me sentais cou cou coupable, un boulet accroché à mon âme, un fardeau trop lourd à porter pour les épaules fragiles d’un enfant. Une double peine pour mon père. À trente ans, il perdait l'amour de sa vie, devenait père solo et devait se montrer solide pour deux. Il essayait de comprendre mon mutisme. Puis un jour, sans que je m’y attende, nous avons pris la voiture pour nous rendre sur le lieu du drame. Monter dans un véhicule m’était devenu insupportable, je tremblais de toute part, je me débattais pour ne pas m’assoir à l’arrière. Alors d’un commun accord, j’ai eu le droit de m’installer à l’avant. Une fois sur place, je fus pris de panique. Je frappais l’air de mes poings et pieds. J’essayais de fuir le monstre qui avait avalé ma mère, mon père résistait. Encore maintenant, je m’en veux de lui avoir infligé toute cette fureur. J’étouffais adossé à cet arbre, l’air ne voulait pas sortir, des images horribles franchirent les portes que j’avais fermées. Emporté par cette vague de terreur, j’ai expulsé les mots restés coin coin coincés dans un coin de mon être. Les phrases étaient hachées, les lettres se heurtaient, mon handicap voyait le jour, mon bégaiement s’implanta dans mon ADN. Je retrouvais la parole, mais devint le souffre douleur, le vilain petit ca ca canard des cours du co co collège, le ca ca catalyseur des railleries de mes voisins de bureau.
Une respiration s'avère nécessaire. Avant de nous écrouler tour à tour à terre, sans réfléchir, je le tire par la main et me rapproche des tableaux. Au fil des explications, j’ai compris leur importance. L’émotion est forte et avant qu’elle nous emporte, je le réconforte. Peu importe la manière, l’essentiel est de faire en sorte que j’exhorte ses peurs, de canaliser son anxiété par le biais d’un geste discret. Chaque cadre garde une trace d’un passé heureux, où l’audace de l’artiste a été de décliner avec grâce les saisons. Je ressens au travers des échantillons de vie l’amour d’un mari pour son épouse. Il a su au travers de l’objectif révéler le charme fou de sa moitié. Du bout des doigts, je trace les contours du soleil, sans détour l’astre s’évanouit derrière les sommets. La mise au point est identique sur chaque gravure, elle ne révèle aucune blessure, aucune égratignure, juste la signature d’un fils pour sa mère disparue bien trop tôt. Je n’avais pas porté mon attention sur un détail discret et non sans intérêt. De mon index, je pointe l’ourson en peluche assis à côté d’une lampe tempête sur un rocher.
- Pourquoi as-tu choisi ce point de vue pour tes photos ? demandé-je.
- Tout simplement parce que lorsque la lumière s’éteint, il y a toujours le scintillement des étoiles pour nous guider.
- Tu aurais dans ce cas pu mettre en valeur la lune et faire des clairs obscurs.
- Une belle idée, qui sait un jour tu pourras ajouter ce détail et compléter le tableau, me propose-t-il avec beaucoup de sérieux.
- Lucas, pourquoi as-tu quitté Calgary ? murmuré-je pour ne pas réveiller Oliver, tu sembles tant attaché à ce lieu.
- Probablement pour une des raisons pour laquelle tu as laissé ta forêt de pins.
- Et l’ourson ? glissé-je pour ne pas avoir à répondre.
- Mon compagnon de toujours, il se tenait à mes cô cô côtés sur mon lit d’hôpital.
- Ton père te l’avais acheté pour t’aider ? osé-je.
- Non, ma mère.
- Comment est-ce possible ? interrogé-je surpris.
- Ma mère l’avait glissé dans mon sac à dos, un ca ca cadeau qu’elle avait acheté avant de partir pour me l’offrir au retour de notre escapade. Une surprise comme elle aimait en faire. Nous avions eu la chance de voir un ours sur une rive du lac aussi je suppose que c’était sa façon de donner un petit plus à cette belle journée partagée. Si tu me demandes ce qu’il est devenu, sache qu’il dort paisiblement sur mon lit dans la mezzanine.
Je souris à cette réponse, une once de magie. Les mères ont en elle cette part de féerie, derrière chacune de leur attention se cache un brin de folie pour adoucir nos inquiétudes et effacer nos incertitudes.
- Comment s’appelait ta mère ? demandé-je.
- Pana.
- Oh ! lâché-je surpris.
- Et la tienne ? m’interroge-t-il sans relever mon étonnement.
- Stella.
À son tour de laisser échapper un “oh” comme si nous connections nos souvenirs dans un monde de mystère.
- Chez les Inuits, son prénom signifie “femme de la haut”, elle réside dans le ciel étoilé et est souvent associé aux aurores boréales, me précise Lucas.
- Surprenant, hasardé-je rêveur, hier j’ai eu l’occasion de voir ce phénomène se déployer devant mes yeux, tu penses…
Je me remémore le panorama fabuleux dont j’ai été un spectateur privilégié le temps d’un soupir.
- Qu’il s’agissait d’un signe ? réplique-t-il pour ajouter des mots aux miens qui restent en suspension le temps de ma réflexion.
- Tu y crois toi ?
- Forcément, déclare Lucas avec assurance, je suis fils et petit-fils d’inuit, je suis fier de ma culture et de ses légendes.
- Quand je t’entends parler, je plonge avec candeur dans les années bonheur que nous avons partagées avec ma mère, elle aimait me raconter tant d’histoires qu’elle inventait ou piochait dans des livres.
- C’est pour cette raison que de mon côté, je conserve les photos placardées sur mon mur pour ne pas oublier d’où je viens, me confie mon ami. Et toi, comment fais-tu ?
- D’après mon père, il me suffit de regarder mes yeux dans le miroir.
- Yahto, me répond-il.
- Qu’est ce que ça signifie ?
- Le prénom que les anciens t’auraient donné.
- Et cela veut dire ?
- Bleu.
À son tour, un sourire étire ses lèvres et accentue ses fossettes qui renforcent son charme. Je jette un œil sur l’horloge du four et réalise que la nuit nous échappe, dans moins de trois heures il nous faudra rejoindre les bancs de l’université. Lucas a dû faire le même constat en m’interrogeant du regard.
- Pour moi c’est tout bon, j’ai une pause de deux heures dans l’après-midi, précisé-je, et toi ?
Sa réponse reste en suspens. Ses confidences ont dû puiser dans ses réserves, le lessiver. La confiance qu’il m’accorde me touche. Couche après couche, il me livre sa peine. J’ai le sentiment que la perte de sa mère n’est que la partie visible de l’iceberg. Dois-je l’inciter à déballer son passé ? Lucas ne prend pas la direction de sa chambre, ni celle du canapé convertible. Son dos glisse le long du mur, ses jambes cèdent, sa main me propose de le rejoindre. À mon tour de prêter mon épaule, sa tête se cale contre la mienne qui s’incline dans sa direction.
- Depuis combien de temps connais-tu Maëva ? chuchoté-je pour lui accorder une pause.
- Quand nous sommes arrivés à Montréal avec mon père, nous étions voisins, elle a été la première à me rassurer et à m'écouter. J'arrivais dans une ville inconnue, elle fut mon repère.
- Et le reste de la bande ?
- Avec Alexis, nous avons rapidement sympathisé, il était déjà accro à mon amie. Puis dans la foulée Noah et Léo sont arrivés. Avec eux tout est toujours simple et pour la première fois de ma vie, j’appartenais à un groupe.
- Le soir de ton anniversaire, nous avions un cadeau pour toi, d’ailleurs il est toujours sur mon bureau, et j’ai bien senti que ce n’était pas le bon moment, tu veux en parler ? proposé-je.
- Une longue histoire, souffle-t-il.
- Comme tu le sens. Juju a raison, il ne faut pas garder en nous ce qui nous ronge, ajouté-je.
Et là, avant que je n’ai le temps d’en dire plus, Lucas se jette dans mes bras comme s’il cherchait à se cacher, se faire tout petit, honteux. Il dépose sa tête sur ma cuisse et doucement mes doigts se perdent dans ses cheveux.
- Je venais de perdre ma mère, je bégayais et faisais mes premiers pas au co co collège. Je me sentais super mal. J’avais retrouvé la parole mais elle se jouait de moi de façon sournoise. Je n’aimais pas les sonorités qui en sortaient et mes ca ca camarades ne perdaient aucune occasion pour mettre en avant mon handicap. Passer au tableau devint rapidement un supplice, je revois leur regard sans concession et ce putain de prof de maths qui me demandait de faire un effort. Par la suite, Monsieur Tupin ne me sollicitait plus pour donner mon analyse, soupire-t-il avant de reprendre son récit. En paralléle, je tatonnais et découvrais mon homosexualité. Malgré le soutien inconsidéré de mon père, j’avais du mal à trouver ma place et les journées au co co collège devinrent des luttes quotidiennes. Quand on ne m’emmerdait pas sur mon tic de langage, on me bousculait en m’affublant de surnom de toute sorte. À l’époque, si tu m’avais vu, j'étais chétif, un gringalet pas plus épais qu’une feuille de chêne. Si j’avais dû me battre, je n'aurais pas fait le poids.
Sa respiration saccadée me surprend. Il avale sa salive avec difficulté, se racle la gorge, claque sa langue contre son palais. Je déplace ma main entre ses omoplates, remonte jusqu’à sa nuque pour prodiguer un léger massage. Doucement, son corps se relâche et son phrasé se fluidifie.
- Un soir, l’impensable est arrivé. Je sortais de la bibliothèque. La bâtisse était devenue mon repère. Dans ses allées, je trouvais des réponses aux questions qui envahissaient mon esprit. Je pouvais passer des heures à lire des bouquins, des mangas ou des revues scientifiques. Mes paroles mettent une éternité à sortir mais dans ma tête je peux te dire que les pensées se bousculent. Je suppose que cer cer certains de mes ca ca camarades ne supportaient pas que le bègue puisse être tête de classe. À la fermeture de ma boîte à livres, je devais emprunter une ruelle pour rejoindre mon arrêt de bus. Il était dix huit heures, et dans l’obscurité, deux connards m’attendaient. Ils m’ont poussé contre le mur et ont commencé à me rouer de coups. Ils voulaient faire un exemple, me donner une leçon et me faire passer l’envie d’aimer les garçons. Par chance, mon père inquiet de ne pas me voir rentrer s’est pointé. En le voyant arriver, ils se sont ca ca cassés, pauvres taches, des lâches, facile de s’en prendre à un gringalet, plus difficile d’affronter le baraqué. Mon père est un sacré gaillard, il n’est pas fils de bûcheron pour rien.
Je reste sans voix devant un tel déferlement de haine, je ne comprends toujours pas comment l’humain peut se prétendre doué d’intelligence pour faire preuve d’autant de cruauté.
- Je sais ce que tu as fait pour protéger Jérémie avant qu’il ne quitte la France, il m’en a parlé, m’avoue Lucas. J’aurai tellement aimé t’avoir à mes côtés à cette période. J’avais besoin de quelqu’un qui m’accepte tel que je suis sans me juger.
- C’était le soir de ton anniversaire ? demandé-je du bout des lèvres.
Il renifle, reprend son souffle. Me déballer cette sordide soirée lui demande beaucoup d’énergie, Lucas doit se reprendre à plusieurs reprises pour finir ses phrases.
- Vous avez porté plainte et retrouvez ces salauds ? l’interrogé-je outré.
- Oui, mon père avait reconnu le père d’un des morveux qui me harcelait. C c cet abruti a repris sa voiture garée sur le trottoir à deux patés de l’agression. Après enquête et leurs aveux, la justice les a condamnés à une peine de prison de trois ans.
- Et toi dans tout ça ?
- J’en avais pris plein la gueule, j’étais bien amoché mais je m’en sortais avec seulement deux dents ca ca cassées, deux cô cô côtes fêlées et de bels ecchymoses. Un joli cadeau d’anniversaire. J’avais surtout filé une belle peur à mon père lui qui refaisait sa vie venait de prendre une nouvelle claque. Ma belle-mère était enceinte de six mois lors de cette soirée obscure, les mois qui ont suivi, elle est restée à mon chevet lorsque mes cau cau cauchemars réveillaient toute la maison. La venue au monde de ma petite sœur Louise m’a ouvert les yeux. Je devenais un grand frère, une vraie mission de cœur m’était confiée, la protéger.
Louise, comme le lac des photos, coïncidence ou juste un hasard de la vie. Alors que je m’interroge, je découvre que Lucas s’est endormi sur mes cuisses, épuisé par toutes ses confidences. Je tourne la tête en direction du canapé et jette un œil sur le sommeil d’Oliver. Mes deux amis rêvent paisiblement. L’un et l’autre ont vidé leur sac, il est grand temps pour ma part d’en faire autant. J’ai posé mes valises à Montréal, mon avenir se trace en filigrane, où que tu sois Manu, je te souhaite de trouver l’équilibre nécessaire pour te reconstruire. Nous resterons ces princes d’un autre temps qui filent chacun de leur côté de l’océan vers leurs nouvelles aventures. Et qui sait, un jour, nos chemins se retrouveront et nous en discuterons sereinement.
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