Un emploi du temps de ministre (2)

15 minutes de lecture

*Quatorze heures trente,

Madame Blanchon, notre professeur en technique d’enquête journalistique est passionnante mais pour autant, en ce début d’après-midi, j’ai du mal à me concentrer. Mes fesses posées depuis une demi-heure sur cette chaise dure comme du bois, cherchent un peu de réconfort. Mes coudes soutiennent tant bien que mal ma tête. Un supplice. Régulièrement, Léa me bouscule en réalisant que je pique du nez. J’ai beau essayer de résister à l’appel de Morphée, mes paupières s’écrasent sur mes rétines inlassablement. Le marchand de sable passe et mes pensées s’effacent. Je ne demande pas grand chose, juste un petit quart d’heure de sieste pour retrouver un semblant d’énergie. Enfin, il me faudra repasser pour obtenir un tel privilège, mon amie vient de nous proposer pour une mise en situation.

  • Léa, pourquoi maintenant ? protesté-je, je suis à la ramasse.
  • Justement pour te reconnecter au présent et puis tu verras le sujet est drôle, tente-t-elle de me rassurer.
  • À quel point ? demandé-je dubitatif.
  • Nous sommes deux petits vieux et un journaliste vient nous interviewer sur nos conditions de vie dans une maison de retraite.
  • Tu parles de légèreté, soupiré-je.
  • Tu n'arrêtes pas de me parler de la fougue de ta grandma Pierrette et de son amie, de leurs quatre cent coups et de leur dernier exploit en date lors d’une manifestation pour sauver ta forêt de pins. Je me suis dit que cela pourrait être un bon point de départ, me suggère-t-elle en me prenant la main pour que je la suive sur le devant de la scène.
  • Ok, tu as gagné, soufflé-je, je veux bien jouer le jeu. Et qui endosse le rôle du journaliste ?
  • C’est là que cela devient comique, me répond-elle tout sourire, Evan.
  • Non, tu déconnes ! manqué-je de m’étouffer en avalant une gorgée d’eau.
  • Pas du tout, dès qu’il a su, il s’est proposé. Lui, si effacé, voir absent et prêt à se jeter dans l’arène. Franchement, tu essaies de me convaincre que tu n’as pas de pouvoir magique, mais là tu as su faire sortir le plus introverti de tous de sa coquille, chapeau bas Zackouchoupinou, me félicite mon amie.
  • Tu penses pas qu’il a un truc en tête ?
  • Aucune idée et je m’en fous, répond-elle avec la franchise qui la caractérise.

Evan, déjà en place, nous attend et nous fait signe de nous asseoir. Je me demande s’il me teste ou si de son côté il ne trouve pas là une occasion de me mettre au défi. Je suis mitigé et surtout décontenancé par son attitude. Depuis le début de l’année, à chaque travail de groupe, il se défile, se tient en retrait, ne nous adresse que rarement la parole et répond de façon sporadique aux profs quand ils tentent de rentrer en contact avec lui. J’ai tout d’abord mis son attitude sous le coup d’une forme d'insolence, avant d’envisager à une timidité maladive. À vrai dire, je ne sais pas comment me positionner. Son comportement est en contradiction avec son allure corporelle.

Quand j’ai voulu l’interroger afin de savoir s’il était intéressé par le projet, il m’a envoyé sur les roses sans passer par quatre chemins. Quand je suis revenu à la charge, il est le seul à avoir tilté quand j’ai évoqué le nom de l’Antelax. À nouveau, Evan m’a fait comprendre que si je ne faisais pas attention, je filais droit vers les emmerdes. Avec un peu plus de tact, il m’a fixé un rendez-vous avec ses conditions. Et là, alors que j’étais peinard à somnoler sur un coin de table, mes neurones éteints, je me retrouve couillon dans un jeu de rôle.

  • Monsieur Dos Santos, merci à vous et votre compagne de m’accorder un peu de votre temps, commence Evan avec sérieux.
  • Jeune homme, le temps est la seule chose qu’il me reste, m’agacé-je d’entrée, veuillez articuler quand vous parlez, ma surdité n’aide pas.
  • Voyons mon choupinou, enchaîne Léa en me caressant la main, ne sois pas si dur avec ce brave jeune homme qui semble nous porter un semblant d’intérêt.
  • Pourquoi vient-il m’emmerder pendant la sieste ? Il y a déjà assez de ce malabar qui vient me faire une piquouse en début d’après-midi, grogné-je.
  • Je ne veux pas me montrer intrusif ou malpoli, poursuit Evan gardant sa ligne de conduite. Nous avons été alertés sur des méthodes peu scrupuleuses au sein de l’établissement aussi je suis venu pour en discuter avec des pensionnaires. Me permettez-vous d'enregistrer l’entretien ?
  • Non mais tu rigoles, m’emporté-je faisant voler son téléphone à l’autre bout de la table, tu veux mettre en danger la vie de ma chère et tendre promise. Tu veux qu’ils nous pourrissent un peu plus notre quotidien fait de bric et d' broc.
  • Mon choupinou, calme-toi ce n’est pas bon pour ta tension, parle moins fort, tu vas alerter tout le service et te retrouver en isolement une nouvelle fois, me chuchote Léa.

Si mon amie continue à m'appeler mon choupinou, je vais me transformer en marshmallow.

  • Madame, dois-je comprendre que certains d'entre vous pourraient subir des brimades ? demande Evan, toujours à son affaire. Hochez la tête ou clignez des yeux pour me répondre si vous le désirez.

Léa a raté une carrière dans le cinéma, elle prend son rôle très au sérieux et telle une automate répond aux questions en inclinant la tête.

  • Comment as-tu fait pour obtenir un pass pour cette interview ? protesté-je, Ils t’ont laissé le champ libre pour se donner bonne conscience ?
  • Disons que je leur ai dit que je réalisais un reportage sur les anciens pompiers du coin pour établir un documentaire sur leur expérience sur le terrain.
  • Et ils t’ont cru ? Bande de naïfs.
  • Pourquoi vous n’êtes pas un ancien soldat du feu ? me lance-t-il sans me quitter des yeux.
  • Ben si, tu es idiot ou tu le fais exprès ?

Ma voisine et femme par procuration est à deux doigts d’exploser de rire devant notre joute verbale plus vraie que nature. Cet échange musclé me rebooste. Je viens d’envoyer Morphée au tapis. Victoire par KO, Evan n’est pas mal dans son coin, il n’a pas quitté les gants et débute le round suivant devant un auditoire qui ne moufte pas.

  • Zach, tu devrais parler de ce brave Auguste qui nous propose un petit remontant tous les soirs pour épicer la tisane, enchaîne Léa.
  • Quoi l’abruti, avec son air patibulaire qui nous vend sa poudre magique pour arrondir ses fins de mois, insinué-je.
  • Attendez, je ne vous suis plus trop, qui est cet homme, un aide soignant ? nous interroge Evan.
  • Oui, contre un billet, il nous donne un petit sachet sans odeur mais quand tu le mélanges avec le thé waouh tu planes direct, m’enflammé-je.
  • Je dois comprendre qu’il y a un trafic de stupéfiant dans l’enceinte de votre établissement ? insiste Evan appuyant sur les mots.

Léa sans le vouloir m’a donné l’occasion de faire d’une pierre deux coups. Je me prépare à renforcer le scénario et pousser Evan dans ses retranchements.

  • Il ne s’agirait pas d’un produit au nom d’Antelax ? nous interroge-t-il avec aplomb, anticipant mes propos.

Mon amie cligne des yeux pour confirmer en silence. À mon tour de scruter le regard de Evan. Il m’a devancé, je ne m’y attendais pas et me retrouve con.

  • Félicitations à vous trois, s’exclame Madame Blanchon, vous avez exploité au mieux cette technique d’entretien, mais nous devons nous arrêter pour aujourd’hui. J’aurais été curieuse d’en apprendre un peu plus, mais la journée se termine ici. Vous faites une bonne équipe, je et vous conseille de poursuivre votre partenariat,

Je me retourne en direction de Evan pour le remercier. Quelle déception, il s’est encore envolé. Léa termine de ranger ses affaires et s’éclipse à son tour pour rejoindre Léo à la bibliothèque pour l’aider dans la rédaction de son mémoire. Si le scientifique maîtrise aisément les matières pratiques, il en bave un peu dans la rédaction. Qui de mieux qu’une future journaliste pour l’aider à synthétiser ses idées ? Une belle doublette complémentaire. Ils en ont de la chance de s’être trouvés.

* Seize heure trente,

Il me reste une demi-heure pour atteindre mon point de chute, une bonne marge de manœuvre. Assis au fond de la rame, je consulte mes derniers messages. Le premier est de Jérémie: “Maël a réservé les billets d’avion, arrivée programmée le week-end avant noël”. Je suis tellement heureux de pouvoir les revoir aussi rapidement. Les avoir à mes côtés pour les fêtes me fera un bien fou, même si je m’étais fait à l’idée de les passer loin des êtres qui me sont chers. Le second est d’Oliver qui profite d’une pause pour me confirmer qu’il a réussi à inverser son tour de garde: “Hâte de nous revoir mercredi”. Il me précise dans la foulée que son frère a rapatrié sa voiture et lui a proposé que nous venions passer la semaine de vacances avant la nouvelle année dans un de leur gîte. “Lucas est le bienvenu, il y a une quinzaine de couchages”. La proposition est alléchante, un noël blanc en pleine nature avec des amis pourrait être vraiment sympa. Il faudra que nous voyions ensemble comment nous pourrions organiser cette virée. Le troisième est de Lucas : “tu ne t’es pas perdu dans les méandres du métro?”. Je lui réponds pour qu’il ne s’inquiète pas avec un pouce et avec un émoticone du lapin d’Alice.

Je range mon téléphone dans mon blouson. Sur la banquette opposée, un petit garçon assis sur les genoux de sa mère feuillète la bande à Picsou. Un sourire s’esquisse sur sa bouille. Cette scène fait remonter un tas de souvenirs à la surface, un nœud à l’estomac les remplace. Mon sang se glace quand la rame se retrouve plongeé dans le noir. Le métro freine d’un coup me projettant au sol. Un cri puis un autre se succèdent, une étrange sensation se répand accompagné d’un courant d’air glacial. Le temps se fige un instant alors qu'à l’extérieur il continue de filer. Je tatonne pour me redresser et me retrouve nez à nez avec l’enfant. Je l’attrape sans le brusquer pour ne pas l’effrayer et le dépose dans les bras de sa mère. Les lumières des issues de secours nous offrent un faible halo pour nous permettre de nous repérer dans l’espace. La peur cède sa place à l’incompréhension. Une voix nous annonce qu’il s’agit d’un incident technique et que tout rentrera dans l’ordre rapidement. Je consulte mon portable pour constater que mon avance s’évapore. Mon point d’arrivée à une station de là semble inaccessible. Cinq minutes pour ne pas louper mon rendez-vous, allez huit minutes si je compte les cent quatre vingt secondes que Evan m’a accordé dans sa grande bonté.

*Dix sept heures,

Le métro reprend sa route à la vitesse d'un limaçon. Pour apaiser l’impatience du petit garçon et ma frustration, je lui lis deux pages de sa bande dessinée sous le regard bienveillant de sa maman. Le micro crachote enfin le nom de ma station, plus de temps à perdre. Je salue mon compagnon de galère et saute sur le quai pour couvrir la distance à la vitesse de l'éclair. L’escalator en panne ne me laisse que peu d’espoir, les escaliers seront mon échappatoire. L'ascension pour regagner la surface est épique, me faufiler entre les passagers me demande des trésors d’ingéniosité. Avancer sans bousculer n’est pas chose aisée et les deux étages à gravir une vraie épopée. Une fois le nez dehors, j’apprécie le décor. Des traces de pas parsèment les trottoirs blanchis par l’averse de neige, les lampadaires guident les miens. Une piste d'atterrissage éphémère se dévoile à chacune de mes foulées. Encore un effort, et je pousserai la porte de ce foutu bar en espérant qu'il ne sera pas trop tard.

*Dix sept heures sept minutes,

  • J’allais partir, me balance Evan.
  • Ouais je m’en doute, rétorqué-je essoufflé.
  • Je te pensais plus en forme, je suis déçu, me lance-t-il en faisant signe à la serveuse.
  • Disons que je ne suis pas à mon avantage.
  • Une bière ?
  • Un verre d'eau pour commencer, éclaté-je de rire en pensant à la tête de Lucas s'il avait été à mes côtés.

L'ambiance chaleureuse me conforte dans l'idée que Evan a bon goût et reste un mec discret. Le pub composé de cinq tables me fait penser à la Guignette de la Rochelle. Je m’attends à voir surgir Maël. Je me sens plutôt à l’aise dans ses murs. Ce repère pourrait être le coin idéal pour que nous nous retrouvions avec la team pour discuter autour d’un verre. Mais avant de proposer ce repère de pirates comme zone de repli, je me dois de convaincre Evan de monter à bord. Tout bon capitaine a besoin d’un équipage fier et courageux, téméraire et audacieux.

  • Je vais être franc avec toi, je te veux à nos côtés pour cette enquête, me lancé-je.
  • Si tu le dis, me toise Evan.
  • Ça te tente ? insisté-je en avalant d'un trait mon verre d’eau.
  • Pas chaud pour me retrouver dans les emmerdes, grogne-t-il.
  • Je te comprends, c’est souvent ce que je me dis et à chaque fois je me retrouve empêtré les deux pieds dedans.
  • Pas très encourageant, souffle-t-il.
  • C'est vrai que présenté ainsi c'est pas engageant mais j’ai le sentiment que tu as envie de te laisser tenter même si on ne se connait pas plus que l’image que tu renvoies.
  • Oula Zach, par pitié pas de psychanalyse au rabais. Sois sincère sur tes motivations et après je réfléchis.
  • Un point pour toi. Le sujet reste sensible, avoué-je en chopant ma bière.
  • Le problème dans cette histoire, et tu me diras si je me trompe, le thème choisi est bien trop personnel et quand c’est le cas, on ne prend pas le recul nécessaire pour analyser les choses.
  • Oula à toi Evan de jouer au psy, pas sûr que je sois partant. Peut-être que tu n’as pas tort. C’est pour ça que j'ai besoin de regard extérieur.
  • Et c'est là que le bas blesse, réplique Evan en posant un sachet sur la table.

Merde, je n’en crois pas mes yeux et me retrouve comme un con quand je le vois rouler un joint et me proposer de sortir dans la ruelle. Putain, j'espère que je ne me suis pas jeté dans la gueule du loup. Où se cache le petit chaperon rouge ? Plus le choix, hors de question de faire marche arrière. Je l’accompagne en restant sur mes gardes. Dehors, la nuit a posé son manteau d’ébène. L'arrière boutique plongée dans l'obscurité pourrait être un vrai coupe gorge. Je m’attends à tout instant à voir surgir de l'ombre ses éventuelles complices.

  • Tu ne risques rien, me rassure-t-il en me tendant le joint pour que je tire une taffe.

L’odeur du shit me soulage plus qu'elle ne m'attire.

  • Oui ce n’est pas de l’Antelax,s’agace Evan, je ne suis pas débile.

Les volutes de fumées s’élèvent. Le point incandescent, lueur dans la pénombre, n'éteint pas l'espoir de le joindre à mon enquête.

  • Ça fait longtemps que tu as arrêté de fumer ? me demande-t-il.
  • De la beuh ? Environ un an en réalisant qu'elle ne me servait que d'échappatoire pour cacher mon désespoir.
  • Et seulement pour ça ? insiste Evan.
  • À vrai dire mon histoire est plus compliquée et il est possible que tu ne sois pas loin de la vérité. Mais ne va pas penser que je pars en cabale, on va dire que je veux établir la vérité.
  • Ta vérité ? me lance-t-il en laissant se consumer le joint sur le bord du muret.
  • Quand j’ai débarqué en septembre, j'imaginais avoir la paix, repartir de zéro, mettre une distance raisonnable entre cette merde et moi. Et un soir, au cours d’une soirée d’anniversaire, je me suis demandé si ce n'était pas elle qui me poursuivait. Si mon passé ne me collait pas au basket. Tu vois même si je ne cherche pas les emmerdes, ils me retrouvent toujours.
  • Je te comprends, pas facile de s'extraire d'un monde qui ne nous correspond pas.
  • À ton tour de lâcher le morceau ? proposé-je.
  • Tu recommences, ronfle-t-il, tu sais je ne fais confiance à personne au grand dam de mon père. Mais pour le coup, je pense qu’il ne s’est pas trompé.

Oups j’ai raté un épisode. Insinue-t-il que son père me connaît personnellement ? Comment est-ce possible ? Suis-je aveugle ou benêt ? Je suis perdu, le froid et la fatigue ont dû griller mes derniers neurones encore actifs. Nous regagnons l’intérieur cosy du bar. À peine le seuil franchi, mon corps se relâche, comme si la douce chaleur du lieu enveloppait mon être d’un manteau ouatiné. Avant de m'écrouler sur la chaise, je passe au comptoir pour payer ma tournée. Je pense qu’il va me falloir une deuxième pinte pour élucider ce nouveau mystère.

  • Tu m'expliques ? demandé-je à Evan en tenant une chope.
  • Rien d'autre que tu ne saches déjà.
  • L'Antelax ? Je pense que tu as eu l’occasion d'en fumer, c'est une évidence. Du coup, je suppose que tu connais plus au moins les fournisseurs dans l'enceinte de l’université ? Et ça t’emmerde de les balancer. Mais après tout nous sommes des futurs journalistes d’investigation pas des flics. Bien que parfois, je me demande si je n’aurais pas dû choisir cette branche.
  • Disons que je les ai fréquentés un temps jusqu'à que je réalise que je ne supportais pas leur merde. Les effets secondaires étaient violents, aux antipodes des bienfaits du moment. Mes réveils étaient accompagnés de migraine et s'associaient à des pertes de mémoire.
  • Du coup, tu sais qui est à la tête du trafic ? insisté-je.
  • Pas vraiment.
  • Comment ça ?
  • Je connaissais leur chef, mais depuis la rentrée, il a disparu des circuits. Volatilisé.
  • Du coup, tu repiques ta première année ? tenté-je surpris.
  • Mieux encore, je la triple.
  • Qu’est-ce que tu sous-entends ?
  • Tu es con ou tu le fais exprès ? s’agace-t-il.
  • Pas plus que la moyenne, soupiré-je, l'administration ne t'a pas dégagé après deux fois ?
  • Tu rigoles, on ne vire pas…s’arrête-t-il d’un coup avant de finir par lâcher, un mec trop intelligent.
  • Tu m’as largué, sois plus précis ?
  • Personne n’a dit que je n’avais pas réussi mes années, pouffe Evan avant d’avaler une gorgée de sa bière.
  • Quoi ! Tu as suivi deux cursus avant celui-ci ?
  • À croire que les bancs de l’université conviennent à mon postérieur.
  • Tu te fous de ma gueule ?
  • Pas du tout, je suis le plus sérieux du monde. J’ai un certificat en analyse chimique et un en environmental.
  • Et cette année, tu as voulu tester le journalisme, pour ?
  • Trouver le bon filon et donner tort à mon père.
  • D’où ta réticence à l'idée de te joindre à nous.
  • J’ai pas dis non que je sache, personne ne décide à ma place, s’emporte-t-il.
  • Pardon, je ne voulais pas.
  • T'inquiète tu n'y es pour rien quelque part, mon père est le responsable de ce merdier.

Il remet son paternel sur le tapis, je commence à me demander si son hésitation ne serait pas liée à ce point précis. Aurait-il un rapport avec l’Antelax ?

  • Je le connais ? tenté-je en sachant que je marche sur des œufs.
  • Oh oui très bien, depuis ce matin tu es devenu son leader.
  • Non, réponds-je estomaqué, Monsieur Asselin.
  • Tout a fait Sherlock, notre prof n’est autre que mon vieux.

Alors là, je ne m’y attendais absolument pas, ils sont tellement différents. Ceci explique cela.

  • Et du coup ? Je dois mettre une croix sur ta participation.
  • Putain Zach, tu es un lâche rien, quand tu as une idée derrière la tête. Je comprends pourquoi tu lui plais autant. Il voit en toi ce qu’il ignore chez moi. Tu es l'élément parfait là où son fils n’est qu’un éternel regret.
  • Tu es peut-être un peu dur même si je ne connais rien de ton histoire, avoué-je.
  • Ok, j’accepte ton deal mais avant tout pour toi par contre pas la peine d'étaler sur la place publique que je suis son fils. Je ne veux aucun traitement de faveur.
  • Mais personne n'est au courant ? m’étonné-je.
  • Qui veux-tu qui le soit ? Il ne s'en vante pas et moi comme tu l’as très bien perçu, je ne parle à personne.
  • Mais les autres profs ?
  • Eux s’en fichent et puis j’ai gardé le nom de ma mère après leur divorce pour le faire chier. Depuis un an, je crèche chez lui. Ma mère est partie se la couler douce en Italie avec son nouveau mec.
  • Pourquoi ne l’as-tu pas suivi si tu désirais qu’il te fiche la paix ?
  • Parce qu’elle, en pure égoïste, voulait retrouver sa liberté, elle pense avoir joué son rôle de mère depuis assez longtemps.

Un écorché de plus dans le collimateur, je vais pouvoir composer une belle brochette de gars malmenés par la vie et qui grandissent en cherchant à donner un sens à leur futur. Sans vouloir jouer au bon samaritain, qui sait pourrais-je les aider à renouer un lien entre le père et le fils ? En attendant, l’équipe est au complet et je peux retourner chez Harry et me poser enfin.

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