Chap.1 Adena (part.1-3)

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 Aujourd’hui, dès l’aube, je m’extirpais de mon lit sans attendre pour me diriger vers la cuisine. Sans perdre élan, je préparais la bouilloire pour le café et petit déjeuner pour ma maman et moi. Cela faisait des mois que j’attendais ce jour avec impatience. Nous avions rendez-vous à la clinique du Lac Noir, en bordure du lac du même nom, dressée sur le versant d’une colline à l’opposé de là où nous habitions.

 Pendant que l’eau chauffait, je retournais dans ma chambre faire mon lit, avant de me parer d’une robe courte jaune cidre, d’une paire de bottine blanche et d’un petit sac à main assorti à mes chaussures à talons court. Je me coiffais d’une queue de cheval haute, attachée à l’aide d’un élastique couleur noisette, puis m’en retournais à mon eau pour remplir les deux tasses à café que je déposais sur un sous-plat laisser sur la table en bois. Là où j’avais au préalable disposé le sucre, le lait et les petites cuillères, ainsi que les couteaux à tartiner. Une fois fait, je m’engageais dans l’escalier pour monter à l’étage et frappais trois coups nets contre la première porte située sur ma droite. Un battant sur lequel seuls quelques taquets et veines creusées laissaient encore entrevoir le blanc crème dont il avait été recouvert des années auparavant.

 — Maman ! le p’tit déjeuner et prêt ! Je t’attends en bas !

 Je m’en retournais ensuite à l’étage du bas, sans attendre de réponse. Je pris place sur l’une des chaises ceinturant la table et attendis un instant tout en mirant le paysage par la large fenêtre.

 Lorsque quelques bruits sourds provoqués à l’étage me parvinrent aux oreilles, je fis face à la table pour emplir deux cuillères de sucre que j’ajoutais à mon café. Le temps de touiller dans ma tasse et découper une tranche de tresse que je beurrais puis nappais de confiture à la fraise, que maman descendait déjà les marches pour me rejoindre. Elle revêtait une robe longue bleu roi sans manche et nouée au col qui la mettait fortement en valeur, garnie d’un collier de perles nacrées qui coupait l’encolure à la base de son cou, ainsi que des bottines assorties.

 — Bonjour Adena ! Merci pour cette copieuse collation, me donna-t-elle en prenant place à son tour sur l’une des chaises pour se ruée sur son café.

 — Tout le plaisir de vous faire plaisir fut mien, très chère Mère ! la taquinais-je sous un grand sourire.

 — Un plaisir hautement partagé très chère gamine !

 Le repas terminé, la bonne avait entamé son service et était venue débarrasser et nettoyer la table, puis rincer assiettes et ustensiles avant de les enfiler dans le lave-vaisselle de manière organisée. Un temps au cours duquel ma mère et moi finiment de nous apprêter pour rejoindre Franck, notre sympathique chauffeur et majordome qui attendait déjà sur le côté de notre grande limousine blanche. Prêt et parer à nous guider jusqu’à cette destination souhaitée, à près d’une bonne heure de route.

 Dans un premier temps fascinée par le paysage, ses arbres et ses roches, je finis par m’assoupir en m’obstinant à y entrevoir sa faune qui, ce jour-là, en avait décidé tout autrement. Ce fut qu’à l’instant où Franck vint m’ouvrir la portière que je m’éveillais en sursaut, avant de réaliser que nous étions arrivés à la clinique.

 — Dois-je en déduire que notre petite frimousse préférée à fait un bon voyage ? me souffla-t-il, discret.

 — Comme à chaque fois, je le crains !

 — Seviez-vous peut-être déçue du confort offert par la Franck-mobile ?

 — Que nenni ! Bien qu’il me faille admettre qu’autant le décollage que l’atterrissage me semble manquer de perturbations, gloussais-je.

 — Mm… Je tâcherais de remédier à cette défaillance à l’avenir, très chère Petite Madame. Néanmoins, le vol sur route s’est passé sans encombre notable. La température locale avoisine les 20 degrés Celsius et nul doute que la seconde Mini-Madame vous attends de pied ferme. La Franck-Compagnie vous remercie de votre fidélité et vous augure de belles retrouvailles, ainsi qu’une agréable visite tout en vous donnant rendez-vous dès votre retour, me déballe-t-il tout sourire, tout en me tendant galamment la main pour m’aider à sortir du véhicule.

 — Vous allez nous attendre ici toute la journée ? m’exclamé-je alors, étonnée.

 — Aurais-je tort de penser que vous le valez bien ?

 — Je ne sais pas ! C’est quand même long, m’inquiété-je aussitôt, sans manquer de lui afficher ma mine déconfite.

 — Je saurais m’occuper. Merci à vous, très chère Petite Madame, de si bien veiller sur ma pauvre et délicate petite personne. Allez, maintenant fuyez retrouver votre jumelle. Et surtout, saluez-là bien de ma part et dites-lui qu’elle nous manque.

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