Chap.1 Adena (part.2-3)

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 Ainsi, je lui lançais un bref clin d’œil complice et, sans prêter attention à Maman, je me précipitais en direction de l’entrée du centre de soins. Un ancien château, immense, réaménagé en centre hospitalier et lieu de convalescence.

 — Adena, cela suffit ! Tu sais parfaitement qu’ici, il y a des règles à respecter. Et ne pas courir est l’une d’elles. Sous aucun prétexte je veux que tu t’éloignes de moi. Et si ta sœur démontre un comportement bizarre, ne rentre pas dans son jeu et ne touches à rien ! est-ce clair ?

 — Oui Mère, désolée. Je suis juste si heureuse de la voir après de si long mois.

 — Ça n’excuse rien ! Tu sais très bien que beaucoup de monde ici à besoin de calme. Et à courir ainsi tu pourrais mettre des gens en danger. Un faux pas, une bousculade, et tous peut basculer !

 — Oui, Mère, désolée !

 Nous entrions donc d’un pas moins hâtif dans l’établissement, Maman devant et moi sur ses pas, jusqu’à ce qu’une bonne-sœur, aussi âgée que Grand-mère, ne vienne à notre encontre, sourire carnassier aux lèvres. De quoi me glacer le sang et m’octroyer des frissons de la tête aux pieds. Et la regarder dans les yeux lorsqu’elle s’adressa à nous se révéla pire encore. Même si, en tant que fille plutôt sage, je m’y obstinais de tout mon être.

 Il m’était à cela impossible de me concentrer sur ce qu’elle disait. Je restais bien trop captivée par sa parure de nonne, ou ces quelques mèches de cheveux blancs qui ressortaient de sa coiffe noire. Sa peau, aussi blanche qu’une feuille de papier vierge, et ses ongles délavés qui n’avaient jamais connu autres soins de manicure qu’un banal coupe-ongles au rabais, ne l’aidait pas à paraître plus attrayante. Toutefois, après deux ou trois phrases échangées, elle nous demanda de la suivre. C’est du moins ce que j’en vint à présumer, vu qu’elle se mit à marcher devant Maman qui la suivait de près et que moi, eh bien, je suivais Maman. Bref, vous voyez le tableau ! De la sorte, après une succincte balade à travers le couloir, la vielle dame d’Église tendit son bras pour nous indiquer un long couloir tout fait de bois qui contrastait un peu violement avec les autres suivis jusque-là. Je m’en contentais et continuais de suivre ma mère. Force est de constater que plus j’avançais, plus l’endroit laissait ressortir son côté lugubre. Terne. Malsain !

 Tout en ce couloir, pourtant éclairé, reflétait la noirceur et durant un instant, je crus même manquer d’air. Et pour ne rien arranger, avançait encore et toujours cette vieille bonne-sœur au visage ravagé par le temps et à la démarche légèrement chancelante. De quoi me provoquer des sueurs froides. Comme si, reclus dans cet arrière-bâtiment, nous attendait un tout autre monde, ô combien funeste.

 — Jeune femme voulez-vous un bonbon ? me demande l’ancienne tout en sortant ladite friandise de l’une des poches de sa chasuble.

 Elle s’était retournée en ma direction un peu trop brutalement à mes goûts. Absorbée par la pesanteur de l’endroit, je ne saisis sa demande qu’à l’instant où elle me tandis sa mains pour me mettre l’appât sous le nez. Limite une vision d’horreur ! Un sourire qui aurait très bien pu rendre phobique un non-voyant et une main aussi fripée que celle d’un noyé repêché après des jours de dérives, tachetée ci et là par les marquages du temps et des années, que dis-je, des siècles de travail manuel. À tel point, que je m’attendais presque à voir un ver ou quelques asticots percer sa peau si proche de la momification.

 — Je vous remercie ma Sœur, mais malheureusement, je ne suis pas une grande amatrice de bonbons, lui réponds-je d’un conforme sourire que j’espére tout de même séant.

 Mon dégoût s’avéra telle, à cet instant, que j’aurais mille fois préféré avaler des grenouilles ou des scolopendres crus, plutôt que son satané bonbon si peu ragoûtant. Qu’à cela ne tienne ! Je dus lui faire bonne impression. Même si pour ma plus grande infortune, elle accentua son sourire d’alligator affamé avant de se retournée pour nous guider. Ce ne fût qu’à l’instant où nous parvînmes au bout de l’allée qu’elle s’arrêta, me regarda de ses petits yeux plus ravinés que les chutes du Niagara, puis ouvrit une grande porte élaborée d’un épais bois, renforcé par de lourdes charnières en fer peint de noir qui traversaient sa largeur.

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