Interlude
Maintenant que je vous ai expliqué pourquoi Beathlag Cawen déteste autant l'eau, vous êtes sans doute curieux de savoir pourquoi il prend la peine de naviguer une fois par an.
J'y viendrai, encore un peu de patience.
En attendant vous devriez reprendre un verre, et me laisser réfléchir à la suite de l'histoire. Ma mémoire a tendance à calancher, ces temps-ci, et il ne faut jamais forcer un raconteur. Sans quoi, il pourrait rapporter les choses dans le mauvais ordre, ou encore pire : il pourrait mal rapporter.
Je vais vous dire un secret : l'intérêt ne réside pas dans l'histoire elle-même, mais dans la façon dont on la partage. Un raconteur peut rendre une mauvaise histoire passionnante, autant qu'un mauvais peut en rendre une bonne terriblement chiante. Croyez-moi sur parole.
Ce que vous attendez de moi, c'est le pourquoi. Pourquoi Beathlag Cawen voyage-t-il ?
Oui, je pourrais vous le dire maintenant, mais je n'en ai pas encore envie. D'abord, parce que je suis capricieux. Ensuite, parce que vous ne seriez pas satisfait. Pas encore. Mais on y viendra.
Voyez-vous, la vie est faite de tonnes de petites choses, toujours plus insignifiantes les unes que les autres, quand on les regarde de loin. Mais quelque chose différencie toutes ces petites choses : l'importance qu'on leur donne, et les marques qu'elles laissent sur un homme.
Pour Beathlag Cawen, il y en a eu trois primordiales. À dire vrai, il aurait pu y en avoir quatre, mais il a vécu la mort de son père avec un certain soulagement, voire même avec joie. D'ailleurs, si vous aviez été là quand on a repêché le corps sans vie de Kanan, vous auriez pu voir le sourire en coin du jeune Beathlag.
Mais c'est une autre histoire. Peut-être une prochaine fois.
Comme je disais, Beathlag Cawen a connu trois événements marquants, le premier étant la mort horrible et traumatisante du malheureux Bandit. Le second, quant à lui, est d'une banalité sans nom.
Mais allons-y quand même.
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