Interlude
Oui, certains disent que la vie est bien faite. Mais pour Beathlag Cawen, elle n'a rien été d'autre qu'une salope au grand cœur, si vous voulez mon avis.
Comme dans tous les villages, les ragots et les rumeurs vont bon train, à Caer Edyn. Et une amourette entre deux jeunes hommes, croyez-moi sur parole, ça ne passe pas inaperçu. Alors quand Kanan a su (ou plutôt dès qu'il a réussi à s'en convaincre), Beathlag s'est pris la plus belle branlée de sa vie, avec lèvre éclatée, cocards aux yeux et bras cassé. Son papa lui avait sorti le grand jeu.
Kanan est mort trois jours plus tard. Là-dessus aussi, il y a eu des ragots. Pas si loin de la vérité, mais quand même. En tout cas, personne n'a jamais songé à le lui reprocher. Kanan avait toujours été un connard notoire, et tout le monde savait quel genre de père et de mari il faisait. On s'en est tenu à la thèse de l'accident. Ça arrangeait tout le monde.
Quant aux affaires de Beathlag et Alvin, tant qu'ils ne les étalaient pas en public, on s'en accommodait. On faisait semblait de ne pas savoir. Si ça avait été n'importe qui d'autre, on n'aurait pas entendu la même musique. Les gens de Caer Edyn ne sont pas finauds, mais ils peuvent avoir le coeur plein de compassion, quand il faut. Finalement, on peut dire que les choses s'arrangeaient plutôt bien.
Bien, je crois qu'on arrive au bout, maintenant. Reste plus qu'à vous délivrer le dernier morceau du récit, pas vrai ? Mais avant ça, j'aimerais bien que vous m'offriez une dernière bière. J'ai le gosier sec, et je crois l'avoir plutôt bien méritée. Vous devriez en reprendre une aussi, ça vous ferait pas de mal.
Comme je disais : les choses s'arrangeaient bien. Très bien, même. Beathlag était libéré de son père, et vivait un amour qu'il estimait comme parfait.
Mais...
Parce qu'il y a toujours un Mais, pas vrai ?
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