25 octobre 2020 (Rien à faire)

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Elle : « Franchement, on aurait pu bouger aujourd’hui.

Moi : - Bah écoute, si ça fait plaisir à mes parents de venir me voir…

Elle : - Et alors, qu’avez-vous fait ?

Moi : - On a mangé des gâteaux et on a discuté.

Elle : - C’est bien une activité humaine, la parlotte !

Moi : - T’es gonflée, toi : je n’ai jamais vu une petite bavarde comme toi !

Elle : - Et de quoi vous avez parlé ?

Moi : - On se raconte nos semaines, et on a déblatéré sur les journalistes qui nous gonflent actuellement avec les vacances.

Elle : - C’est les vacances ? Excuse-moi, mais avec le couvre-feu, les restrictions, qu’on suit, qu’on ne suit pas… Je ne m’en étais pas aperçue.

Moi : - Si tu regardais la télé, tu le saurais. Les chiffres des contaminations, des hospitalisations et des personnes placées aux soins intensifs commencent à flamber depuis plusieurs semaines, mais les médias sont tout en empathie avec les professionnels du tourisme qui occupent plus l’antenne que les médecins, et ce n’est pas peu dire.

Elle : - Ils craignent pour leur boulot.

Moi : - Je comprends très bien ça, mais enfin le contraste est puissant entre les soignants qui se plaignent qu’ils vont être bientôt submergés par les admissions en réanimation et les hôteliers qui se plaignent que les réservations soient à marée basse.

Elle : - Tu aimes les métaphores liquides.

Moi : - Mais qu’est-ce qu’on doit faire dans tout ça ? Si tu pars en vacances, tu contribues aux mouvements de foule, tu provoques des attroupements dans les cafés parce que tu te bitures avec tous tes amis…

Elle : - Tu fais ça, toi, en vacances ?

Moi (poursuivant) : - Bref, tu joues un rôle non négligeable dans la transmission du coronavirus, mais si tu restes chez toi bien au chaud et que tu te la joues parfait petit ermite, tu ne participes pas à l’effort économique national.

Elle : - Tu ne sais pas choisir entre patriotisme sanitaire et patriotisme économique ?

Moi : - Non. Quand on a deux logiques qui s’entrechoquent aussi frontalement, on est un peu perplexe. Ceci étant dit, je crois que les médias enflent un peu la polémique. En temps ordinaire, très peu de gens partent à la Toussaint. Je crois me souvenir que ce sont les vacances où les Français bougent le moins.

Elle : - Bah pourquoi partir quand il fait pas beau ?

Moi : - On peut aussi partir loin quand on n’a pas envie de rester en France, tu sais, mais cette année, c’est plus compliqué qu’à l’ordinaire. Et pour ceux qui ne voyagent pas à l’étranger, n’en déplaise au loueur de gîte à Concarneau, qui a envie d’affronter les embruns bretons à la fin du mois d’octobre ? Hein ? Qui ?

Elle : - Moi. On n’a pas vu la mer cet été.

Moi : - Je t’ai déjà dit qu’on a visité la plupart des cimetières militaires du littoral, ça y est, c’est fait. Pas la peine d’y retourner.

Elle : - Et alors, c’est la seule raison selon toi pour aller sur la côte ? On peut pas se détendre un peu ? Se mettre au soleil ? Respirer l’air de la mer ? Se poser un peu les pneus sur le sable ?

Moi : - Je ne crois pas que tu sois faite pour aller crapahuter sur le sable, sans quoi il y aurait des Twingo à l’Enduro du Touquet. Et en plus, tout ce que tu me dis se fait en été de préférence !

Elle : - On peut pas se détendre en octobre ?

Moi : - Franchement, qui a envie d’aller se faire chier là maintenant en plein Finistère ou sur la côte d’Opale à jouer au Scrabble, à Puissance 4 ou aux Mille Bornes dans une location parce que le temps est trop dégueulasse dehors ?

Elle : - Eh, mollo sur le Finistère et les codes d’Opel !

Moi : - Je me demande si partir en vacances à la Toussaint n’est pas un fantasme de bourges. (Tapotant sur mon smartphone) Non !? Pas possible !

Elle : - Quoi ?

Moi : - Quand je tape les mots "vacances", "fantasme" et "bourgeois" dans un moteur de recherche sur Internet, je ne tombe que sur des sites pornographiques ! »

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