15 juin 2021 (À nous la victoire)
Elle : « Oh, un drapeau ! C’est la fête nationale ?
Moi : - Non, c’est dans un mois. Et puis ici, on ne fait pas comme aux États-Unis, on ne pavoise pas les maisons pour la fête nationale.
Elle : - Que nous vaut donc ce déploiement d’étoffe tricolore ?
Moi : - C’est vrai que je n’ai pas mis la radio pour aller faire les courses, sinon tu aurais su qu’il y a un match de foot ce soir.
Elle : - Entre la France et… ?
Moi : - L’Allemagne.
Elle : - Tu vas regarder ?
Moi : - Non. La dernière fois que j’ai regardé un France-Allemagne, c’était en 1982. Un vrai traumatisme. Ça m’a définitivement vaccinée. Contre le foot. Contre l’Allemagne. Contre tous les cordonniers de la terre.
Elle : - Quoi, France-Allemagne, c’est une maladie contre laquelle il faut se prémunir ?
Moi : - Presque. (Après un silence) Avec tout ce qui se passe, j’en avais oublié l’Euro de football, tiens ! Je ne savais pas que j’allais jouer, mais on nous dit partout que si, que c’est toute la France qui va jouer ce soir et si l’équipe de France gagne, je serai vainqueur moi aussi.
Elle : - Ah ben dis donc. C’est trop de bonheur ! Quinze jours après l’ouverture des terrasses, c’est la joie absolue !
Moi : - D’autant qu’à l’heure qu’il est, nos footeux nationaux gardent encore toutes leurs chances de nous décevoir. C’est le moment de remercier tous ces millionnaires qui me représentent brillamment dans cet événement continental. Je les remercie de m’aider à croire que je suis plus proche d’un Français beauf que d’un Suédois ou un Portugais fraternel. Je les remercie de m’aider à oublier la muflerie ou la bêtise de certains, le procès Bygmalion et la montée du Rassemblement National. Je les remercie de m’aider à oublier la violence de certaines entreprises envers leurs salariés, celle de la police envers les manifestants et vice-versa. Je les remercie de m’aider à tout oublier… Même les matches.
Elle : - Football ou Alzheimer précoce ? »
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