Soirée néon

13 minutes de lecture

 Ernesto et Lenny s’assoient avec leur plateau au Fat Moe’s, un fast-food commun à la nourriture d’apparence grasse et malsaine, mais au final moins néfaste qu’on pourrait le penser. Surtout depuis que la loi contre la malbouffe est passée haut la main. Un des rares et seuls pieds de nez du gouvernement aux grandes industries et lobbys.

 Chacun croque dans son burger, tandis que le portable d’Ernesto se met à vibrer. D’un coup d’œil il perçoit le message de son frère, la Pavana est au bar, comme Aïko et Jules qui ont fini leur boulot.

  • Tu te débrouilles plutôt bien derrière un volant, reconnaît Lenny.
  • Pourquoi crois-tu que je suis le chef des Low ?
  • Je me demande bien ce que contient cette disquette, lorgne Lenny sur le morceau de plastique noir. Je vais trouver un ordi et regarder.
  • Qui sait, il n’y a peut-être pas grand-chose dessus, juste un film de boules.
  • C’est possible. Dépose-moi au cybercafé en rentrant, je verrai ça.
  • Comme tu voudras. Mais fais attention, si tu as des tueurs aux trousses, mieux vaut avoir quelqu’un pour veiller sur tes arrières.
  • T’inquiète, j’ai de bons réflexes.
  • J’ai vu ça.

 La Sherm arrive au bar. Ernesto retrouve son frère et le reste de la bande.

  • Tiens. Elle n’a pas une rayure.
  • Heureusement, attrape les clés le frère.
  • Lenny surveille toujours l’entrée ? plaisante Aïko.
  • Non, je l’ai déposé au cybercafé.
  • Il fait sa recherche sur les deux gars ?
  • Peut-être, il est surtout en train d’examiner la disquette qu’on a péché chez monsieur nuggets.
  • D’ac, bah je vais aller le retrouver.
  • Attends-moi, je t’accompagne.
  • Non Jules, rentre chez toi, tu dois être fatigué après toute la route que tu t’es tapée en plus du boulot de dernières minutes.
  • Ça va, je suis encore en forme.
  • Ne t’en fais pas pour moi, avec Lenny, j’ai aucune chance de mourir.
  • Je suis sûr que je peux aider.
  • Oui, va te reposer, prend un chocolat chaud avec cette fraîcheur ça fait toujours du bien, et quand ça deviendra chaud, je t’appellerai, OK ?
  • Appelle-moi.
  • T’inquiète.

 Jules tourne les talons et regagne sa voiture, attentif dans l’attente de l’appel d’Aïko.

  • Bon, moi je vais retrouver Lenny.

 Derrière l’ordinateur, Lenny se tue les yeux. Le gérant du cybercafé se penche sur son comptoir, il lorgne sur le pompon blanc du lapin qui passe devant lui. Il tenterait bien sa chance. Mais les manches retroussées qui exhibent les bras tatoués le refroidissent un peu, surtout l’insigne des Lowriders au coin de l’œil. Dans le meilleur cas, il se fera envoyer paître, dans le pire, il dégustera son nem avec une sauce soja.

  • Wesh, alors, ça avance ? se penche Aïko.
  • J’y arrive.
  • Tu sais où trouver ce salaud ? prend-elle le siège à côté d’elle.
  • Non, mais je pense savoir comment le faire venir.
  • Raconte.
  • Je dois mourir, se tourne Lenny, tout sourire.
  • Jamais vu quelqu’un d’aussi heureux de crever.
  • En fait, ce gars veut me voir au fond d’un coffre, suffit d’attendre la prochaine attaque sur moi, ensuite on fait croire que les types m’ont eu. Toi, tu envoies une photo de moi en sang dans un coffre à l’email que j’ai récupéré avec l’adresse, ensuite, on le dézingue.
  • Ça me parait pas mal. Et tu as mis tout ce temps pour trouver une adresse email ?
  • Tu n’imagines pas le nombre de films de boule qu’il y a sur cette disquette.
  • … Tu… as… fini avec ?
  • Aïko… En plus, tu n’as même pas d’ordi chez toi.
  • Oui, il y en a pour combien de gigas ?
  • Une vingtaine.
  • T’inquiète, j’ai assez de cassettes. Garde la session active, je reviens, j’en ai pas pour longtemps.

Une heure plus tard

 Le gérant continue de rêver du postérieur bombé caché sous cette combinaison de lapin. S’habille-t-elle tous les jours de cette manière ? Est-elle du genre coquine ou plutôt soft ? Cet homme, qui s’ennuie à crever, imagine toutes les possibilités. Il oublie son présent, où actuellement il récupère les crédits d’un mioche, qui celui-ci s’est sans nul doute paluché avec discrétion derrière l’un de ses écrans. S’il savait ce que cette « lapine » transportait comme cassette numérique dans ses poches, sa vision ne serait que plus salace.

  • Alors, qu’est-ce qu’on fait ? demande Aïko en grimpant dans la Slide.
  • Personne n’est au courant que le mec du bar est mort ?
  • Non. Pourquoi ?
  • Alors on pourrait prendre son identité.
  • Pas bête, clique la chauffeuse de la bouche qui s’engage sur la route.
  • S’il possède une voiture, elle doit toujours être chez Mousse ou aux alentours… Ouais… Mais si ça se trouve, ce n’est pas son mode opératoire.
  • Hein ?
  • Ceux devant la maison voulaient me faire monter en voiture, ou m’abattre dans le pire des cas, mais dans la première option, ça nous aide. Alors que celui au bar voulait peut-être profiter du lieu pour avoir ma photo dans le journal. Manque de bol, je suis plus réactif.
  • Ce qui veut dire ? On fait quoi ?
  • Si d’autres nous espionnent, j’ai une solution, ce soir on part en ville, on reste tard jusqu’à prendre des ruelles pas très nettes, et au bout d’un moment, quelqu’un nous tombera dessus.
  • Donc ce soir, fiesta ?
  • Fiesta, affirme Lenny.
  • Allez ! Juste avant je vais me changer, parce que le pilou-pilou c’est confortable, c’est chaud, mais c’est…
  • Ça ne met pas en valeur.
  • Mais je t’emmerde, je suis belle dans ma combi de lapin.

Une tenue changée et un visage maquillé plus tard

 Les deux amis n’attendent plus qu’une chose, l’apparition de la lune, la compagne de tous les crimes. Quoique, le soleil aussi en voit de beaux. Le fracassage de crânes, les balles sifflantes et le car-jacking ne se limitent plus à la nocturne depuis bien des années.

  • Où qu’on va se biturer la poire ?
  • J’en sais rien, ça fait quatre ans que je n’ai pas vécu à New Haven je te rappelle.
  • Quartier des néons ?
  • Vas-y, allons prendre quelques bitures et grillades.

 En moins de 48 heures, Aïko se rend compte d’une chose. Lenny n’a pas besoin de retourner chez un psychiatre comme l’armée lui a demandé, ce qu’il lui fallait ce n’était que son Aïko et une occupation d’esprit.

  • Au cas où que ça parte mal, t’as de quoi te défendre ?
  • Bien évidemment ! rétorque-t-elle en ouvrant sa veste avec son M2-1900 et ses quatre chargeurs supplémentaires. Toujours avoir son pétard, règle numéro une de la constitution des Self-States… Cinq cents ans d’indépendance et on n’a toujours pas trouvé mieux comme nom.
  • Les autres pays ont proposé Punk-States, lance cyniquement Lenny.
  • … Même pas deux jours que t’es rentré, et tu retrouves un bon poil de bête.
  • Bon, on va au quartier ?

 D’un accord, les deux amis ont convenu d’y aller seuls, certes, c’est plus dangereux, mais ça augmentera les chances que Lenny se fasse prendre. Seul Mickey est au courant de cette petite virée. Au moindre problème difficilement gérable, il rappliquera avec Rachel et Jules.

 La Slide emprunte le pont et rejoint la grande île, aussitôt, le quartier des néons prend rapidement son nom. Les buildings se lèvent sur plusieurs centaines de mètres, avec entre deux des ruelles uniquement éclairées par des tubes et pancartes de toutes les couleurs. Aïko désigne un bar où les whiskys sentent plutôt bon. Connaissant la lowrideuse, les verres s’enchaînent, la soirée s’emballe et les heures défilent. Les deux amis font la rencontre de camarades de beuverie. Plusieurs filles, s’apparentant à des prostituées, tentent d’emmener Lenny. Mais il reste ferme et stoïque face aux avances. Déjà parce qu’il n’a pas l’argent, mais également parce qu’il sent le coup fourré, mais pas celui qu’il cherche.

  • Ça va ? demande Aïko à table en rapprochant son verre de ses lèvres.
  • Ouais. Pourquoi tu me demandes ?
  • Avec ce que l’armée m’a balancé sur toi, je m’attendais plutôt à récupérer un déchet.
  • S’ils le disent.
  • J’ai l’impression que cette chasse à l’homme te passionne… C’est ce que tu faisais dans l’armée ?
  • Au début, non, puis quand les anarchistes ont commencé à perdre, oui, on m’a orienté sur la traque de cible prioritaire avec mes compétences.
  • Revivre une partie de chasse te fait du bien ?
  • Tu penses ?
  • Vu comment que t’as l’air heureux, oui.
  • Tu me connais, j’aime le risque.
  • C’est peut-être ça aussi.

 Au bout de plusieurs bars, la journée est passée à une autre. La Lune se fait haute, il est temps de rentrer, ou plutôt d’actionner le piège si des chasseurs demeurent aux trousses de Lenny. Ce qu’il devine, deux personnes qui ne sont pas du quartier le suivent depuis deux bars. Il fait signe à son amie. D’ici quelques minutes il reviendra pour se laver les mains.

 Sa fière médaille accrochée sur la veste rouge, il sort du bâtiment où la chaleur se ressent autant que l’alcool renversé. Lenny inspire l’air frais qui lui encrasse les poumons avec la fumée des cigarettes. D’une tape sur les joues, il revient à lui. Le militaire prend la tangente et s’engouffre dans les ruelles. À cet instant, il trouve l’idée de posséder un portable potentiellement bonne, ou tout du moins une carte de cabine téléphonique.

 Lenny s’engage dans une impasse, il saisit son revolver pour le coincer derrière lui, prêt à dégainer. En se retournant, un homme et une femme le pointent avec leurs calibres.

  • Je n’ai pas de crédit, prévient Lenny.
  • Ce n’est pas l’argent qui nous intéresse. Suis-nous.
  • Pour ?
  • Suis-nous, point.
  • Vu que je n’ai pas vraiment le choix…
  • Fouille-le au cas où il ait son arme.
  • Tenez, je vous la donne, comme ça ce sera plus rapide, je n’ai pas envie que l’autre me touche avec ses paluches, sort Lenny en tendant son revolver.

 L’homme pose un pied devant l’autre, celui à la veste rouge réagit plus vite que son ombre à la lueur du néon rose. La tête du contrevenant mange le plomb à pleine vitesse. Du second tir à la hanche, le pistolet de la femme prend le large.

  • Ose bouger, et c’est ta rotule qui finit comme son cerveau.

 Lenny plaque sa cible contre le mur, il la fouille et récupère les clés de sa voiture.

  • On va aller se promener, conduis-moi à ta caisse. Et si tu tentes, un truc… fait cliquer le chien du revolver Lenny.

 La femme avance, canon de 8 millimètres dans le dos prêt à lui déchiqueter une vertèbre. Si elle tente la moindre chose, nul doute que l’homme à la médaille tirera. Le couple rejoint la voiture, Lenny ouvre le coffre. Avant même que la femme ne refuse, son arcade rencontre la crosse du révolver.

 Lenny retourne au bar chercher son amie. Sur la route, un détail étrange le chiffonne. Cette anarchiste n’a pas essayé de se débattre, elle aurait pu gueuler à tout-va qu’on l’enlève, semer la confusion dans la foule. Et par conséquent, faire fracasser Lenny si des hommes voulaient se mettre en valeur pour ensuite « réconforter » cette femme victime d’une tentative de kidnapping. Mais non, elle n’a pas ouvert la bouche, peut-être tient-elle réellement à la vie ? Bien qu’elle soit déjà morte, et sans doute le sait-elle.

 Aïko, toujours autant bourré comme à son habitude, retrouve un Lenny assez pressé. Sous son regard, elle comprend rapidement. La descente du verre s’exécute d’un revers de manche. Elle contacte Mickey, qui au déclenchement de la sonnerie, attrape son pistolet-mitrailleur. Fort heureusement, ce n’est pas un appel au secours, mais plutôt une demande de préparer le garage.

 Une demi-heure plus tard, la Slide et une autre voiture plus standard dans le décor font irruption au garage de Mickey.

  • Alors ? Qu’est-ce qu’y se passe ?
  • Tu as une chaise ?
  • Ouais, comme tu me l’as demandé.
  • Alors, ferme le garage.

 D’un claquement de doigts, Rachel et Jules bouclent le bâtiment, personne n’entre, personne ne sort.

 Lenny ouvre le coffre, la femme, d’environ la trentaine, est toujours évanouie.

  • Qu’est-ce que tu vas faire d’elle ?
  • Choper le plus d’infos, aide-moi à l’attacher sur la chaise.

Quelques minutes plus tard

 D’un seau d’eau frigorifié, avec quelques glaçons, la femme se réveille en sursaut. Elle se découvre en sous-vêtement, harnaché à une chaise en bois. Face à elle, quatre gangsters, prêts à lui faire subir les pires tortures. Son cerveau pige la situation en une fraction de seconde.

  • Adresse mail et mot de passe, commence directement Lenny.

 Elle ne répond pas.

  • Tu n’as aucun mouchard sur toi, les filles ont vérifié. Personne ne sait que tu es là. Si tu veux passer tes derniers jours dans ce trou froid et graisseux, dis-le-moi.

 À la maigre description de son garage, Mickey ne peut s’empêcher de tiquer. Pour lui, ce n'est pas un trou graisseux et froid, mais plutôt une maternité de toile sur roues. Aïko pose sa main sur l’épaule du sage-femme, Lenny ne pense aucun mot de son texte.

  • Pourquoi tu n’as pas réagi quand je t’ai embarqué ? Normalement les anarchistes font tout pour s’en sortir.

 Toujours le silence pour réponse.

  • Tu dois le savoir, j’ai fait la guerre, cette médaille n’est pas là pour rien. Vous avez perdu, d’une manière si lamentable. Utiliser des gosses… Je me demande bien ce que me retient de t’ouvrir la gorge.
  • Mon compte email.

 Lenny ne bronche pas, bien qu’intérieurement il rêve de lui faire ravaler son humour.

  • Qui possède un schlass ?

 Aïko lui tend aussitôt son cran d’arrêt.

 Lenny bouscule la femme, elle tombe à la renverse sur le sol. Il se met sur elle et grave son front dans le sang, elle hurle de douleur, l’hémoglobine coule dans ses yeux.

  • Voilà, comme ça, tout le monde saura qui tu es. Avec ça sur le front, tu ne tiendras pas cinq minutes dehors avant de te faire flinguer ou violer.

 La femme pleure de douleur en prenant concisence de se l’acte. Le type qui est en face de lui ne va pas facilement abandonner. C’est un militaire, et sûrement l’un des plus coriaces avec son manque de remords. Il se relève, laissant le sang coaguler sur le visage de sa cible. À présent, au-dessus de ses yeux est gravé le drapeau que revêtaient les anarchistes durant la guerre de Las Mesetas : l’étoile déchirée en deux.

 Elle pleure durant plusieurs minutes devant les gangsters, pour elle, c’est fini. Elle ne s’attendait pas à ça, plutôt à une mort propre qu’autre chose. Couteau nettoyé sur la cuisse de la séquestrée, Lenny le rend à sa propriétaire. Aïko remarque cette lueur dans les yeux de son ami, au plus profond de son âme. Lorsque son mode chasse se déclenche, il se métamorphose en une véritable machine à tuer sans une once de remords. Voilà ce que voulait dire le ministère de l’Intérieur quand ils l’ont appelé juste avant qu’il ne rentre. Ce n’est pas l’absence d’émotion qu’il faut gérer, mais plutôt le manque de remords pour l’empêcher de devenir un psychopathe accro au goût de la bagarre.

 Mais Aïko reconsidère cette demande sous un autre angle. Bien sûr qu’elle empêchera son meilleur ami de virer psycho. Mais s’il peut massacrer quelques-uns de ses ennemis, et ce, sans remords… Non, elle ne va pas l’utiliser, il faut voir ça différemment. Aïko lui laissera la liberté totale quand il s’agira de défendre ses intérêts à elle, ceux des Lowriders, ou ceux de Lenny, dans la mesure où aucun civil n’est concerné.

  • OK ! OK… chouine l’anarchiste. Je veux bien vous passer mon email, seulement si vous m’enlevez cette marque… J’ai un enfant, je dois le nourrir. Avec cette cicatrice il mourra.
  • Tu vois, quand tu veux…

 Lenny écrit le mail ainsi que le mot de passe que lui donne la femme dont les larmes sèchent sur ses joues, comme cette sauce sanglante.

  • Mick, tu as un ordi ?
  • Non.
  • Je reviens, je vais au cybercafé, si elle a menti, je vous laisse poursuivre les hostilités avant que j’arrive.
  • Tiens, prends mon tél pour nous prévenir, tends Aïko.

 Ouvert en 24/7, comme tous les commerces, le cybercafé accueille Lenny, cette fois-ci ce n’est pas le même homme. C’est d’ailleurs peu courant qu’une femme travaille la nuit, ou sinon c’est qu’elle est armée et n'hésitera pas à faire feu. Les psychopathes qui partent en chasse la nuit dans les magasins, ça existe, et en trop gros nombre malheureusement. Combien de fois les inspecteurs ont retrouvé une caissière d’épicerie, une pompiste ou une serveuse de diner dans un buisson, violée, étranglée, torturée, utilisée comme une vulgaire capote. Mais la parité commence à arriver, les femmes aussi font grimper leur pourcentage de psychos, de plus en plus d’hommes finissent dans le dernier lit de leur conquête. La police reconnaît au moins ceci avec cynisme : les femmes effectuent un travail plus propre que les hommes.

 Le portable de Mickey sonne, Aïko le fixe du regard, attendant la fin de conversation.

  • On doit la mettre dans le coffre de la voiture et retrouver Lenny en bord de mer, sur la zone industrielle.
  • Pourquoi si loin ?
  • Aucune idée.

 Le garagiste se tourne vers la trentenaire.

  • Ce « Vivien », à quoi ressemble-t-il ?
  • Vous allez m’effacer cette marque ?
  • Tu verras ça avec l’autre, moi je pose juste les questions qu’il me demande.
  • Il est plutôt enrobé, les cheveux bouclés et gras, il n’a pas de lunettes, mais est borgne depuis la guerre. Il peut avoir une demi-barbe, l’autre moitié s’est fait brûler.
  • Quel côté ?
  • Gauche.
  • Autre chose sur lui ?
  • Il a une griffure sur l’œil droit.
  • C’est tout ?
  • Oui. Et maintenant, ma marque ?
  • Tu verras ça là-bas.

 Lenny attend, adossé à la Slide, sur le terminal abandonné. Du moins, ce bout de béton ne sert plus pour la colossale entreprise d’énergie, mais plutôt aux personnes qui veulent trouver un coin tranquille.

 Les autres voitures se garent non loin de lui. Mickey lui donne la description que lui a fournie la femme. Ses propos sont cohérents pour lui, le portrait lui rappelle un lointain souvenir, une chasse perdue. Qui n’a pas été reprise. La guerre s’achevant, l’homme est tombé dans les archives à retrouver et surveiller.

 Le coffre s’ouvre, Lenny tient sa promesse, la marque disparaît, laissant un trou béant à la place, giclant un rouge et jaune graisseux et dégueulasse sur le bleu du coffre.

 Les Lowriders sursautent, ne s’attendant pas au coup de feu.

  • Aidez-moi à virer le cadavre, je dois prendre sa place pour la photo.

 Le militaire se tartouille le visage des grumeaux dans le coffre, Aïko émet un haut de cœur, comme deux autres de ses amis.

  • Ne faites pas la guerre alors, on commet des choses bien pires que ça.

Annotations

Vous aimez lire nrmnwlkr ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0