Le cadeau de Noël.
La seule chose dont je me souviens de toi, c'est ton air contrit lors des fêtes de Noël, tes critiques envers tout et tous, tes insatisfactions permanentes qu'il fallait écouter à longueur de journée.
Nous devions te rendre visite chaque dimanche, maman n'y dérogeait pas. Nous savions à l'avance que notre après-midi serait une des plus ennuyeuses de la semaine. Nous arrivions dans ton petit appartement sombre et triste. Nous devions nous asseoir et ne pas bouger. Notre éducation était telle que nous patientions sans nous plaindre. Vous discutiez toutes les deux des actualités, de la météo, des soucis quotidiens. Nous ne prenions pas part aux conversations. Jamais. Pas un mot pour savoir si nous travaillions bien, pas un compliment, pas une gentille remarque.
À la période de Noël, nous avions droit à une pièce tendue dans notre petite main, qui mettait longtemps à arriver en son creux, tant l'effort était grand pour toi qui manquais grandement de générosité. La pièce en question ? Cinq francs. Tu disais à chaque fois :
- Tenez. Vous vous achèterez ce que vous voudrez.
Merci mamie ! disions-nous en chœur en nous regardant d'un air entendu.
Désolée, mamie, de n'avoir pas pu t'aimer.
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