Souvenir d'enfance

de Image de profil de NINA BOUINNINA BOUIN

Avec le soutien de  Jean-Michel Palacios, Bruno Jouanne 
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Mamouna aime bien raconter sa jeunesse à Louise, Gilles, les enfants, et maintenant François. Et comme sa fille adorait ses grands-parents, elle est très demandeuse d’histoires. Elle a ce sentiment que de parler des gens pour qui on avait de l’affection, leur permet de vivre sereinement dans nos cœurs.

Andrée raconte qu'elle est la petite dernière d’une fratrie de trois enfants.

Elle prend une photo de ses parents posée sur le meuble de la salle à manger et la décrit à sa famille très attentive.

Ils ont l’air heureux tous les deux. Ils respirent l’amour. Leurs yeux pétillent et ils regardent dans ma direction, c’est moi qui prend ce cliché. J’aime regarder cet instant de vie heureuse où le bonheur est figé, par l’objectif, par l’œil plein de tendresse que je leur porte. Maman n’est pas en noir, comme elle l’a été souvent dans mon enfance. Elle prend mon père par les épaules, elle est un peu plus grande que lui. Il aimait dire que c’était la toise au conseil de révision qui l’a rapetissée. Quel taquin il faisait ! Le soleil les illumine. Souvent, quand maman cuisinait il arrivait doucement et défaisait le nœud de son tablier. Elle rouspétait bien sûr, pour la forme. Faut dire qu’elle avait son caractère, ta Louise. Vous ne parliez pas beaucoup. Pas besoin de communiquer. Je sentais votre amour vous envelopper, et je me suis retrouvée également dans votre bulle d’amour. Je sentais le respect, l’admiration que vous aviez l’un pour l’autre. Je ne me souviens même pas de disputes entre vous, encore moins de conflits. Ce sont des instants de tendresse que vous m’offriez sans le savoir et que je garde au chaud dans mon cœur.

Je trouvais que mon père ressemblait à un acteur de cinéma comme Jean Gabin, tellement il était beau. Enfant de l’assistance publique, il était humble. Pourtant, il avait du sang noble, lui. Un jour, à force de questionnement, il m’a raconté le peu de détail qu’il avait glané çà et là. Nous n’en avons parlé qu’une seule fois. J’ai bien compris que ce n’était pas un sujet à remettre sur le tapis.

J’ai toujours trouvé qu’il avait de la classe mon père. Au certificat d’études, et c'était quelque chose à l'époque, il est quand même arrivé brillamment troisième du canton. Il peut être fier de son parcours.

J’admirais son écriture. Je la trouvais si belle, déterminée.

Ma mère, Louise, menait la maison d’une main de maître. Elle en avait du caractère, Mémère Louise. Mes parents avaient la même pudeur, celle de ne pas se raconter, tellement leur vie fut très dure. Je crois avoir eu en héritage cette qualité. Je peine à parler de mon passé, Je le sais. Mais c’est pour mieux appréhender le présent, pour un meilleur futur. Je ne me souviens plus comment ils se sont rencontrés tous les deux. Je crois que tel un compagnon du Tour de France tes cheminements ont guidé tes sabots remplis de paille l’hiver vers celle qui deviendra ta femme pendant près de 65 ans.

quelquefois, le dimanche après-midi, nous avions la visite de mon frère Jean-Pierre, de Madeleine, sa femme, et de leur fils Philippe. L' idée vient je pense de mon frère.lls sont venus pour m’apprendre à jouer au poker. Les jetons, pour faire la mise, ont été remplacés par des allumettes. J’aimais bien jouer aux cartes. Les brelans, carrés, suite ou autre quinte flush sont vites devenues nos annonces dominicales, surtout par temps de pluie. On se scrutait, on cherchait à savoir si l’un de nous bluffait, sous l’œil vigilant de ma grand-mère qui aimait le calme, et mettait le holà, dès qu’on s’excitait un peu trop. Je savourais mon verre de grenadine, les adultes leurs cafés, principalement élaborés avec de la chicorée Leroux. Mémé ouvrait toujours un paquet de petit Beurre LU.

C’était bon enfant. J’aimais ces instants de complicités. C’était jour de fête. Et quelque fois cela se prolongeait le soir en veillée. La diversité des loisirs était bien moindre qu’aujourd’hui, et j’étais fière de jouer avec le clan des anciens à un jeu réservé aux élites. C’est sûrement pour ça que j’ai gardé cet amour pour les cartes, bien je ne crois plus savoir jouer au poker. J’avoue que j’ai oublié toute la subtilité de ce jeu. Il me faudrait consulter les règles, je crois qu’il a bien évolué aussi.

François intervient timidement, et propose à Andrée de lui réexpliquer.

Tout en lui souriant, elle poursuit pour conclure. Ces souvenirs me tiennent chaud, les larmes aux yeux. Et tous, en chœur, lui dire merci pour ces moments de partage.

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Table des matières

En réponse au défi

Une nouvelle chaque dimanche... UNCD#193

Bonjour à toutes et à tous

Très heureux de vous retrouver pour assurer l'animation du dixième défi hebdomadaire de l’année 2025.

Sans doute en connaissez-vous le but. Toutefois, je vous le rappelle. Le défi paraît chaque dimanche pour une durée d'une semaine mais il reste accessible pendant une durée de trois semaines (contrainte de trois défis par auteur).

Il consiste à écrire une nouvelle sous la contrainte d'un thème et de six mots clés.

Pour rappel, la nouvelle littéraire se traduit par un bref récit fictif qui fait appel à la réalité et qui, la plupart du temps, ne comporte pas de situation finale. Généralement, elle se termine avec un dénouement inattendu qu'on appelle la chute mais ce n'est pas systématique.

Les mots imposés, selon leur nature, peuvent s'accorder en genre et en nombre ou se conjuguer. Ils sont à utiliser en totalité et dans l'ordre que vous souhaitez.

Merci de rendre visibles les mots imposés par une police en caractère gras, en italique ou souligné.

Pensez également à proposer un titre à votre publication qui soit différent de l'intitulé très impersonnel du défi. Il se verra plus aisément dans le fil d'actualité.

Le genre littéraire et la forme (poésie, dialogue ou monologue, chronique, récit, conte…) sont laissés à votre discrétion.

La longueur d'une page (ou 500 mots) serait appréciable. Faites de votre mieux.

Je vous propose donc de composer votre texte entre le dimanche 9 Mars 2025 et le dimanche 16 Mars 2025.

Sur le thème du ou des " Souvenir(s) ", susceptible de vous offrir de nombreuses pistes dans un monde où l'on se réfère sans cesse au passé pour analyser le présent et l'avenir, voici les six mots pour l'accompagner :

Conflit, Maison, Ancien, Fête, Partage, Veillée.

Je vous souhaite une belle semaine et de l'imaginaire à fleur de mots qui vous entraîne dans les plis du temps et au plus près du récit des gens...

Merci par avance de vos nombreuses contributions et profitez d'être ici et maintenant.

Jean-Michel

NB : merci d'ajouter, si nécessaire, en commentaire du défi, le lien URL sur la page de votre contribution, de façon à pallier les lacunes techniques du moment.

Commentaires & Discussions

Souvenirs d'enfanceChapitre5 messages | 1 mois

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