Chapitre 5 : Retour à Vannes

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Le voyage de retour

Le silence pesait lourd sur la troupe qui chevauchait vers le château de Luminar. Le ciel gris semblait s'abaisser sur eux , étouffant les sons et les espoirs . Chaque pas des chevaux sur le sol boueux ramenait Aldemar à ses pensées sombres . Les paroles du duc résonnaient encore dans son esprit, comme un avertissement qu'il ne pouvait ignorer : une famille divisée est une proie facile .

Autour de lui , ses chevaliers gardaient un silence respectueux , conscient de la gravité de la situation. Ils traversèrent des villages où les habitants les regardaient avec un mélange de peur et de fatigue. La menace viking et l'instabilité politique avaient laissé leurs marques : des champs abandonnés , des maisons partiellement brûlées . C'était un comté sous tension.

L'accueil à Luminar

Lorsque les portes du château de Luminar s'ouvrirent avec un grincement sinistre , Aldemar sentit le poids de ses responsabilités s'alourdir encore. Les regards fatigués de ses hommes d'armes et des domestiques ne faisaient qu'accentuer son malaise.

Dans la cour , Eudes l'attendait immobile comme une statue . Son expression énigmatique était troublée par la lueur d'impatience . Tandis qu'Aldemar descendait de cheval , son fils cadet s'avança lentement , les bras croisés.

« Père , vous êtes enfin de retour »  , dit-il d'un ton contrôlé. « Comment s'est déroulé le conseil ? »

Aldemar le fixa un moment avant de répondre , son visage marqué par la fatigue et le souci.

— Comme prévu , les tensions montent . Le duc exige des forces pour contrer les vikings , mais certains seigneurs préfèrent attiser les divisions.

Eudes esquissa un sourire froid.

— Cela n'a rien de surprenant . "La faiblesse attire toujours les prédateurs."

Le comte fronça légèrement les sourcils et s'approcha d'un pas . Son regard , bien que las , transperça celui de son fils .

— Et toi , Eudes ?? Te considères-tu comme un prédateur ou comme un allié? »

La question , bien que posée calmement , fit naître un éclat d'agacement dans les yeux du jeune homme . Mais il répondit avec une maîtrise calculée.

— Je suis ce que vous me permettrez d'être , père . Mais sachez ceci : la Bretagne n'attendra pas que nous réglions nos différends . Si nous échouons à protéger ce comté , nous serons tous balayés . Vous , moi ; et même Edwyn.

Ces paroles , bien que pragmatiques , laissèrent Aldemar pensif . Eudes , avec son esprit vif et ses paroles tranchantes , jouait un jeu dangereux.

Un conseil familial

Plus tard dans la soirée , Aldemar convoqua Edwyn et Eudes dans la grande salle. Les torches projetaient des ombres mouvantes sur les murs de pierre, créant une ambiance oppressante . Edwyn entra le premier , son pas lourd trahissant son agacement . Il salua brièvement son père avant de s'asseoir avec une posture tendue. Eudes arriva peu après , un sourire fin sur les lèvres, comme s'il attendait la confrontation avec impatience.

Les deux frères ne s'adressèrent pas un mot.

Aldemar , assis en bout de table , les observa un instant en silence . La tension dans la pièce était presque palpable. Finalement , il prit la parole , sa voix grave résonnant dans la salle.

— Je reviens de Nantes avec des nouvelles inquiétantes . Le duc exige des forces pour contrer les raids vikings , mais il surveille également nos querelles . Si nous ne montrons pas une unité inébranlable , il n'hésitera pas à intervenir.

Edwyn, toujours prompt à agir , se redressa , ses poings serrés sur la table. — Alors unissons-nous, père . Montrez au duc que nous sommes forts. Nous n'avons pas besoin de son intervention pour protéger nos terres.

Eudes laissa échapper un rire bas et moqueur.

— Toujours aussi direct , Edwyn . Mais votre force brute ne fait qu'attirer davantage d'ennemis.

Edwyn se tourna brusquement vers son frère , ses yeux lançaient des éclairs.

— Et toi ? Tu voudrais qu'on tisse des intrigues et qu'on s'enferme dans des mensonges jusqu'à ce que nous soyons piégés ?

Le sourire d'Eudes s'élargit , mais ses yeux restèrent froids.

— Les mots sont des armes , mon frère . Des armes que tu ne comprends pas .

« Assez ! » tonna Aldemar, frappant la table de son poing . Vos querelles doivent cesser . Si nous ne pouvons pas nous soutenir , alors nous perdons tout. »

Le silence retomba , mais la rivalité des deux frères restait visible , comme une braise qui couvait sous la cendre.

Un conseil inattendu

Plus tard dans la nuit , Aldemar se retira dans les appartements , le poids de la journée pesant lourdement sur ses épaules . À sa grande surprise , Isolde l'attendait , assise près de l'âtre. La jeune femme se leva à son arrivée , ses yeux exprimant une compassion sincère.

« Vous semblez accablé , mon seigneur »  , dit-elle doucement en s'approchant.

Aldemar , incapable de masquer sa fatigue , s'assit lourdement dans le fauteuil .

— Ce n'est pas l'ennemi extérieur qui m'inquiète , Isolde . Ce sont mes fils . Ils se déchirent , et je crains que cette guerre entre eux ne soit inévitable.

Isolde réfléchit un instant avant de répondre , ses paroles empreintes de sagesse.

— Peut-être que ce n'est pas la guerre que vous devez craindre, mais ce qu'elle laissera derrière elle. Vous êtes un homme de vision , Aldemar . Si vos fils doivent s'affronter , assurez-vous que votre héritage ne soit pas détruit dans le processus.

Ces mots , bien que durs , résonnèrent profondément en Aldemar . Il hocha lentement la tête , réalisant qu'il devait préparer l'avenir , même si cela signifiait accepter l'inévitable . Il fixa les flammes dans l'âtre , ses pensées dérivant vers un futur incertain.

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