Chapitre 6 : Les Ombres de Vannes

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Le poids des rapports

Un froid mordant enveloppait le château de Luminar . La brume stagnante accrochée aux champs alentours reflétait l'atmosphère pesante qui régnait dans la salle du conseil. Les murs épais de pierre renvoyaient les murmures feutrés des chevalier et conseillers , tandis qu'Aldemar se tenait en bout de table , le regard fixé sur ses hommes.

Sir Bastien de Saint -Cyr , vétéran au service d'Aldemar depuis des décennies , se leva avec gravité.

-" Les incursions vikings s'intensifient le long des côtes , mon seigneur . Ils évitent les attaques frontales , mais leurs raids perturbent nos routes commerciales et effraient nos alliés. Leurs mouvements sont calculés , comme s'ils attendaient une faille dans nos défenses ."

Aldemar hocha la tête , son visage marqué par les inquiétudes.

-" Et ns forces ? Sommes nous en mesure de défendre nos terres si une attaque d'envergure survient ?"

Sir Bastien hésita , sa mâchoire se contractant légèrement .

-" Nos hommes sont loyaux et bien entrainés , mais nos ressources d'amenuisent . Après les campagnes réentes , les soldats sont fatigués , et les vivres commencent à manquer dans certains villages. Si les vikings frappent avec force , nous pourrions résister , mais pas pour longtemps.

Un silence lourd s'abattit sur la salle , brisé par Edwyn , qui se leva brusquement , son visage durci par la détermination.

-" Nous en pouvons pas rester passifs , père ! Il faut frapper les premiers et montrer à ces envahisseurs que Vannes n'est pas une proie facile . Une attaque audacieuse , voila ce qu'il nous faut ."

Eudes , resté assis , esquissa un sourire moqueur , croisant les bras .

-" Une attaque audacieuse ? Et risquer d'épuiser encore plus nos forces déjà fragiles ? Voilà bien une stratégie baissée , sans réfléchir aux conséquences ."

Edwyn se tourna vers son frère , ses poings serré de frustration.

-" Et toi , que proposes-tu ? De négocier avec des barbares ? de leur offrir nos terres sur un plateau d'argent ?"

Eudes conserva son calme , mais son sourire s'élargit légèrement .

-" Ce que je propose , c'est de jouer à un jeu qu'ils ne maitrisent pas. Exploitons leur impatience , infiltrons leur rangs , corrompons leur alliés . Une guerre de l'ombre est bien plus efficace qu'un bain de sang inutile."

Le ton montait , mais Aldemar imposa le silence.

-" Assez ! vos querelles ne font qu'affaiblir notre position . Nous devons combiner vos force , pas les opposer ."

Il se leva , dominant l'assemblée de sa stature imposante .

-" Voici ce que nous ferons . Nous renforcerons nos défenses côtières pour protéger nos villages . Des éclaireurs seront envoyée pour surveiller les mouvement vikings. Eudes tu négociera avec les seigneurs voisins pour obtenir des renforts et des vivres . Edwyn , tu entraîneras nos hommes pour qu'ils soient prêt à tout moment."

Les deux frères acquiescèrent à contrecœur , mais leurs regards chargés de tension disaient tout : la fracture entre eux ne faisait que s'élargir.

Un moment de solitude

Plus tard dans la journée, Aldemar se promenait seul dans les jardins gelés du château. Les arbres dépouillés de leurs feuilles et les buissons givrés donnaient au lieu une allure austère et immobile. Le comte, plongé dans ses pensées, fixait l'horizon sans vraiment le voir. Les discussions du conseil tenaient encore son esprit captif. Entre la rivalité croissante de ses fils, les incursions vikings qui menaçaient leurs terres, et les exigences des seigneurs voisins, un sentiment de lutte incessante s'emparait de lui.

Il marcha lentement, ses pas résonnant faiblement sur les pavés glacés. Lorsqu'il passa devant une fontaine figée par le froid, il s'arrêta un instant. Le reflet flou de son visage dans la glace lui renvoya l'image d'un homme assombri par les responsabilités. Après un moment d'hésitation, il reprit sa marche vers le château. Une résolution ferme se lisait sur ses traits fatigués : si ses fils refusaient de s'unir, il trouverait un autre moyen de préserver son héritage.

Pendant ce temps, Eudes s'exécutait avec zèle, fidèle à la tâche que son père lui avait confiée. Après avoir quitté Luminar, il se rendit à Lorient pour y rencontrer Armand, un vicomte connu pour son influence et sa capacité à jouer sur tous les tableaux. Derrière sa neutralité de façade, Armand dissimulait un opportunisme qui le rendait à la fois redouté et insaisissable.

Dans une salle sobre mais élégante du château de Lorient, éclairée par la lumière vacillante d'une cheminée, Eudes s'efforça de convaincre le vicomte de rallier Vannes.

— « Armand, vous savez comme moi que la Bretagne ne peut espérer repousser les Vikings tant que nous restons divisés. Alliez vos forces aux nôtres, et je vous garantis une place de choix dans le futur conseil de mon père. »

Le vicomte, toujours prudent, plissa légèrement les yeux tout en étudiant son interlocuteur.

— « Vos paroles ont leur charme, Eudes. Mais dites-moi, pourquoi devrais-je risquer mes terres et mes hommes ? Votre frère Edwyn, à ce que l'on dit, n'hésite pas à écraser quiconque se met en travers de son chemin. Que se passerait-il si ses ambitions finissaient par nous engloutir tous ? »

Le jeune homme esquissa un sourire calculé, laissant une lueur déterminée traverser son regard.

— « Mon frère est un guerrier, c'est indéniable. Mais il n'est pas un diplomate. Avec moi à vos côtés, vos intérêts seront non seulement protégés, mais renforcés. En revanche, si vous hésitez trop longtemps, sachez que les Vikings ne feront aucune distinction entre vos terres et les nôtres. Une chose est certaine : l'inaction ne sauvera personne. »

Un silence s'installa, uniquement troublé par le crépitement du feu. Armand se redressa légèrement dans son fauteuil, un éclat indéchiffrable dans les yeux.

— « Fort bien, Eudes. Vous avez ma parole... pour l'instant. »

Alors qu'Eudes quittait le château de Lorient, une satisfaction teintée de vigilance habitait son sourire. Il connaissait la nature volatile d'Armand. Mais pour l'heure, il avait posé la première pierre d'une alliance fragile. Il savait que le chemin restait semé d'embûches, mais chaque victoire, même incertaine, comptait.

Merci d'avoir lu ce chapitre de Les Héritiers du Trône. Ici, les tensions s'intensifient, qu'elles viennent des Vikings, des vassaux ou même des fils d'Aldemar. J'ai voulu montrer à quel point les décisions stratégiques et les rivalités personnelles s'entremêlent, rendant chaque choix lourd de conséquences.

Que pensez-vous de l'approche d'Edwyn et d'Eudes face à la menace viking ? Leur collaboration forcée peut-elle réellement fonctionner, ou creusera-t-elle encore plus le fossé entre eux ? Et Isolde, avec sa sagesse discrète, pourrait-elle être une clé pour rétablir l'unité dans cette famille divisée ?

N'hésitez pas à partager vos réflexions et vos théories dans les commentaires. J'apprécie énormément découvrir vos avis sur ces personnages et leurs décisions. À bientôt pour la suite des événements !

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