Chapitre 7 : Les Premiers Liens de l'Ombre

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Le froid persistant

L'hiver semblait s'être ancré dans les pierres de Luminar, alourdissant l'atmosphère du château. Les décisions prises lors du conseil donnaient l'illusion d'un contrôle, mais Aldemar savait qu'elles n'étaient que des solutions temporaires face à des problèmes bien plus profonds. Assis dans la grande salle, il fixait le feu qui dansait dans l'âtre, son esprit vagabondant. Les menaces extérieures et les tensions intérieures tissaient une toile qui, jour après jour, se refermait sur lui.

Dans la cour du château, Edwyn entraînait ses soldats, cherchant à canaliser une frustration qu'il ne pouvait exprimer autrement. Sa voix résonnait dans l'air glacial, autoritaire et sans appel.

— « Gardez vos positions ! Ne laissez pas la fatigue vous submerger, ou vous serez morts au premier assaut ! Reprenez ! »

Un jeune chevalier, visiblement à bout, tentait de corriger sa posture sous les regards des autres. Malgré ses efforts, son épuisement le rendait maladroit. Edwyn, soupirant, ajusta lui-même l'épée du novice avant de s'éloigner pour observer les exercices d'un œil critique.

Une voix familière interrompit sa concentration : celle de Thibaut, son meilleur ami d'enfance. Parti en mission quelques jours plus tôt.

— « Toujours aussi exigeant, Edwyn ? » lança Thibaut, un sourire en coin.

Edwyn se retourna et hocha la tête en guise de salut. Malgré la fatigue apparente de Thibaut, ses yeux trahissaient une gravité inhabituelle.

— « Si je ne le suis pas, qui le sera ? » répliqua Edwyn en croisant les bras. « Nos hommes doivent être prêts. Les Vikings n'attendent pas. »

Thibaut acquiesça, son expression devenant plus sombre.

— « Les patrouilles ont signalé des mouvements suspects près des côtes. Des mercenaires seraient en contact avec les Vikings. »

Edwyn serra les poings, ses mâchoires se crispant.

— « Des traîtres prêts à vendre leur âme... Préviens mon père immédiatement. Et garde les hommes en alerte. Si une attaque survient, je veux que tout le monde soit prêt à riposter. »

Avant de partir, Thibaut posa une main sur l'épaule de son ami.

— « Reste prudent, Edwyn. L'ennemi frappe souvent là où on l'attend le moins. »

Eudes : Le stratège dans l'ombre

De retour de Lorient, où il avait obtenu une promesse d'allégeance d'Armand, Eudes affichait un sourire satisfait. Pourtant, il savait que cette promesse, aussi précieuse soit-elle, restait fragile. Il lui faudrait bien plus que des mots pour sceller cette alliance.

À son arrivée à Luminar, un messager l'attendait, une lettre cachetée en main. L'écriture élégante et soignée ne laissait aucun doute sur l'expéditeur : Hélène de Cornouaille. En brisant le sceau, Eudes lut rapidement les mots soigneusement choisis. Hélène proposait une rencontre secrète pour discuter d'une alliance. Une opportunité que le jeune homme n'avait pas l'intention de négliger.

Sans perdre de temps, il rejoignit son père. Dans la grande salle, Aldemar leva les yeux lorsqu'il entra, remarquant la lettre que tenait son fils.

— « Une missive d'Hélène de Cornouaille, » annonça Eudes en tendant le parchemin.

Aldemar parcourut les lignes, son visage se fermant peu à peu.

— « Une alliance avec Hélène... Nous avons autant à gagner qu'à perdre. Elle est rusée et n'a jamais été totalement fiable. »

Eudes répondit avec un sourire calculé.

— « Justement, père. Si nous la repoussons, elle ira vers nos ennemis. Si nous l'acceptons, nous pourrons surveiller ses intentions. Il vaut mieux garder un serpent en vue que le laisser rôder dans l'ombre. »

Aldemar réfléchit un instant avant de céder.

— « Tu partiras pour cette rencontre. Mais sois prudent. Hélène est une manipulatrice. Je ne tolérerai pas qu'elle te prenne au piège. »

Eudes inclina légèrement la tête, un éclat de confiance dans le regard.

— « Ne vous inquiétez pas, père. Je saurai rester maître de la situation. »

Élisabeth : Le souffle du réconfort

Alors que la journée s'achevait, une arrivée inattendue apporta un semblant de chaleur dans l'austérité du château : Élisabeth, l'épouse d'Aldemar, revenait après plusieurs mois d'absence. Partie au chevet de sa sœur malade, elle n'avait pas foulé les sols de Luminar depuis trop longtemps.

Lorsque les portes s'ouvrirent pour laisser passer sa suite, Aldemar se hâta de l'accueillir. Malgré les marques de fatigue sur son visage, Élisabeth rayonnait d'une élégance tranquille. Ses yeux, empreints de douceur, se posèrent sur son mari.

— « Élisabeth... » murmura Aldemar en la serrant contre lui. « Ton absence m'a semblé interminable. »

Elle lui sourit doucement, mais son regard perça rapidement la fatigue qui pesait sur lui. Plus tard, dans l'intimité de leurs appartements, Aldemar se confia à elle. Les tensions entre leurs fils, la menace viking, les jeux de pouvoir des vassaux... tout cela pesait lourdement sur ses épaules.

Élisabeth écouta en silence, ses mains posées sur les siennes.

— « Nos fils sont jeunes, Aldemar, mais ils apprennent vite. Ils devront faire leurs preuves, c'est vrai, mais ils sont plus forts que tu ne le penses. Et toi, tu seras leur pilier. Tant que tu tiens bon, ils tiendront aussi. »

Ces mots, bien que simples, trouvèrent un écho profond dans le cœur d'Aldemar. Il savait que son rôle ne se limitait pas à celui de chef. Il devait être l'architecte du futur de sa famille.

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