Chapitre 11 : Le Prix de la Victoire
L'ombre d'une nuit agitée
Le camp breton, établi à la hâte dans les collines surplombant la plage de Plouharnel, était enveloppé par une nuit froide et tendue. Les soldats, épuisés par les combats de la journée, se reposaient à tour de rôle, mais l'atmosphère restait lourde. Les drakkars vikings, bien visibles dans la pénombre, se dressaient comme des sentinelles silencieuses sur les eaux noires, rappelant aux Bretons que leur répit était fragile.
Edwyn, assis près du feu central, contemplait les flammes vacillantes. Thibaut s'approcha et s'installa à ses côtés avec un soupir.
— « Tu ne dors pas non plus ? » demanda Thibaut, rompant le silence.
Edwyn secoua la tête.
— « Comment pourrais-je ? Nous savons qu'ils reviendront. Ce n'était qu'une escarmouche. »
Thibaut hocha la tête, partageant son inquiétude.
— « Ce n'est pas qu'une bataille, Edwyn. C'est un test. Ils mesurent nos forces, notre résilience. »
Avant qu'Edwyn ne réponde, un éclaireur surgit de l'ombre, essoufflé et couvert de boue.
— « Seigneur Edwyn, des mouvements ennemis ont été repérés près des bois au nord. Ils semblent se regrouper pour attaquer avant l'aube. »
Edwyn se redressa immédiatement, ses traits tendus.
— « Préviens les capitaines. Qu'ils préparent les hommes. Si les Vikings veulent nous surprendre, ils nous trouveront prêts. »
Le début de la bataille
L'aube naissante teintait le ciel de nuances rouges et or lorsqu'un cor strident brisa le silence. Les Vikings, profitant de l'obscurité restante, lançaient leur assaut. Leurs cris de guerre résonnaient dans les collines, mêlés au martèlement des bottes sur le sol gelé.
Edwyn, déjà en armure, émergea de sa tente. À ses côtés, Thibaut et Bastien de Saint-Cyr organisaient les défenses.
— « Positionnez les archers sur la crête ! » ordonna Bastien d'une voix tonnante. « Ils doivent ralentir leur progression avant qu'ils n'atteignent nos lignes. »
Les ordres furent exécutés avec rapidité. Une pluie de flèches s'abattit sur les assaillants, fauchant les premiers rangs vikings. Mais les envahisseurs continuaient leur avancée, leurs boucliers levés, leurs silhouettes massives imposant une menace constante.
Edwyn parcourait les lignes à cheval, galvanisant ses hommes.
— « Tenez vos positions ! Montrez-leur que Vannes ne cédera pas ! »
Quand les Vikings atteignirent les lignes bretonnes, l'affrontement éclata avec une brutalité sauvage. Le fracas des armes et les cris des combattants emplissaient l'air tandis que les deux camps s'affrontaient avec acharnement.
Thibaut, en première ligne, combattait avec une intensité farouche. Il bloqua une hache massive avant de riposter, son épée trouvant sa cible dans la gorge de son adversaire. Non loin, Bastien coordonnait les mouvements des chevaliers, sa voix résonnant au-dessus du tumulte.
— « Resserrez les rangs ! Ne laissez personne isolé ! »
À l'arrière, Père Théobald veillait sur les blessés et murmurait des prières pour les âmes des mourants. Il aidait également les guérisseurs à stabiliser les blessures les plus graves, son regard grave suivant les événements depuis la sécurité relative du campement.
La riposte bretonnes
Malgré l'intensité de l'assaut, les Bretons tenaient bon. Edwyn, à la tête d'une charge visant le flanc gauche des Vikings, s'élança avec ses chevaliers.
— « Pour Vannes ! » rugit-il en abattant un ennemi d'un coup précis.
Le flanc gauche ennemi vacilla sous la pression de l'attaque, mais la riposte ne se fit pas attendre. Un viking imposant, armé d'une hache à deux mains, s'élança vers Edwyn. Ce dernier para de justesse le coup destiné à le désarçonner.
Thibaut intervint rapidement, frappant le viking à la jambe, permettant à Edwyn de lui asséner le coup fatal. Les deux amis échangèrent un regard complice avant de repartir dans la mêlée.
Alors que l'affrontement atteignait son paroxysme, un second cor résonna depuis les bois. Cette fois, il s'agissait de l'unité légère bretonne, envoyée en éclaireurs la veille, qui revenait pour renforcer les troupes. Pris en étau, les Vikings commencèrent à céder.
La victoire et son prix
Quand les derniers Vikings battirent en retraite vers leurs drakkars, le soleil baignait le champ de bataille d'une lumière crue. Le sol, jonché de corps et de boue, portait les stigmates d'une victoire coûteuse.
Edwyn, couvert de sang et de sueur, se tenait au centre des survivants. Thibaut, blessé au bras mais toujours debout, s'approcha.
— « Une autre victoire, » murmura-t-il, « mais combien encore avant que nous ne tombions ? »
Edwyn resta silencieux, son regard fixé sur les drakkars s'éloignant à l'horizon. Le poids des pertes pesait lourdement sur lui.
De retour au camp, Isolde aidait les guérisseurs à soigner les blessés. Lorsqu'elle aperçut Edwyn, elle s'approcha rapidement, une expression inquiète sur le visage.
— « Tu es blessé, » dit-elle en touchant doucement son bras.
Edwyn, visiblement épuisé, hocha la tête.
— « Rien de grave. » Mais il laissa Isolde s'occuper de ses blessures, appréciant sa présence réconfortante.
De sombres nouvelles
Alors que les troupes bretonnes se réorganisaient, un messager arriva au camp à cheval, portant une lettre scellée du château de Luminar. Edwyn brisa le sceau avec précipitation et parcourut les mots tracés d'une main tremblante.
« Edwyn,
La santé de ton père décline rapidement. Reviens dès que possible.
Élisabeth. »
Edwyn sentit son visage se figer, son teint blêmir. Il tendit la lettre à Thibaut, qui la lut à son tour en silence, l'expression grave.
— « Retourne à Luminar, » dit Thibaut, son ton empreint de sérieux. « Ton père et ton comté ont besoin de toi. Je resterai ici pour m'assurer que tout se passe bien. »
Edwyn acquiesça, mais avant qu'il ne puisse formuler une réponse, Bastien de Saint-Cyr s'avança.
— « Seigneur Edwyn, je vais vous accompagner. La route n'est pas sûre. Si des patrouilles vikings errent encore dans les environs, il est préférable que vous ne voyagiez pas seul. »
Père Théobald, qui se tenait à l'écart, s'approcha lentement, une main posée sur son bâton.
— « Je viens aussi. Votre père pourrait avoir besoin de réconfort spirituel, et votre famille, d'une présence apaisante. »
Edwyn hésita brièvement. La proposition des deux hommes était raisonnable, et leur soutien serait précieux en chemin. Il posa une main ferme sur l'épaule de Thibaut.
— « Thibaut, je te confie nos hommes. Veille sur eux et assure-toi qu'ils rentrent tous en sécurité. »
Thibaut, malgré la fatigue lisible sur ses traits, esquissa un sourire confiant.
— « Tu peux compter sur moi, Edwyn. Fais ce que tu dois faire. Avec Bastien et Père Théobald à tes côtés, Luminar est entre de bonnes mains. »
Edwyn inclina légèrement la tête en signe de gratitude. Tandis que les chevaux étaient préparés, Thibaut adressa un dernier salut à son ami.
— « Reviens avec des nouvelles, Edwyn. Et surtout, souviens-toi que tu as des alliés ici, prêts à tenir la ligne en ton absence. »
Sans un mot de plus, Edwyn, accompagné de Bastien et Père Théobald, quitta le camp en direction de Luminar. Les silhouettes des trois cavaliers disparurent lentement à l'horizon, marquant un tournant décisif pour les troupes bretonnes, mais aussi pour Edwyn, désormais confronté à un combat plus intime et personnel.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Dans ce chapitre, la tension monte d'un côté avec la menace des Vikings, et de l'autre avec les défis plus personnels auxquels Edwyn doit faire face.
• Les scènes de bataille vous ont-elles transportés ?
• Que pensez-vous de la relation entre Edwyn et Thibaut ou de la présence d'Isolde dans ce moment difficile ?
• Et cette nouvelle concernant Aldemar... selon vous, comment cela pourrait-il influencer la suite ?
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Merci pour votre lecture !
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