Chapitre 12 : Le Dernier Souffle
Le retour à Luminar
Le voyage vers Luminar se fit dans un silence pesant. Edwyn, accompagné de Bastien de Saint-Cyr et Père Théobald, chevauchait en tête, les sabots des chevaux résonnant sur la neige tassée des sentiers bretons. L'inquiétude se lisait sur le visage d'Edwyn, qui gardait les yeux fixés droit devant lui.
Bastien rompit finalement le silence.
— « Seigneur Edwyn, vos pensées vous accablent. Parlez. »
Edwyn hésita avant de répondre, la voix lourde de doute.
— « Que vais-je trouver en arrivant ? Mon père... Il a toujours été une force inébranlable. Je ne sais pas si je peux supporter de le voir ainsi. »
Père Théobald prit la parole, sa voix calme et empreinte de sagesse.
— « Aucun homme n'est prêt à perdre son père, Edwyn. Mais souvenez-vous que l'héritage d'Aldemar ne réside pas uniquement dans sa force. Il vit en vous. Vous portez en vous ses espoirs et sa foi. »
Edwyn serra les rênes de son cheval, luttant contre ses émotions.
— « Et si je ne suis pas à la hauteur ? »
Bastien posa un regard assuré sur lui.
— « Personne ne l'est au début, Edwyn. Mais votre père vous a préparé à cela, même si vous ne le réalisez pas encore. »
Ces paroles semblèrent apaiser légèrement Edwyn, qui hocha la tête en silence alors que les murailles de Luminar apparaissaient à l'horizon.
Réunion familiale
À leur arrivée, une atmosphère sombre régnait dans le château. Élisabeth, qui guettait depuis une fenêtre, descendit précipitamment pour accueillir Edwyn. Elle posa une main sur sa joue, son regard mêlant tendresse et douleur.
— « Edwyn, tu es là. Ton père vous attend, toi et Eudes. »
Edwyn suivit sa mère à l'intérieur. Quelques heures plus tard, Eudes arriva également, ayant été convoqué par un messager.
Dans la chambre d'Aldemar, la lumière vacillante des chandelles accentuait les ombres dans la pièce. Allongé sur son lit, Aldemar, affaibli mais toujours imposant, fixa ses fils qui entraient.
— « Edwyn... Eudes... Vous êtes là. »
Edwyn s'agenouilla près du lit, tandis qu'Eudes, d'abord immobile, prit finalement la main de son père dans un geste rare.
Les dernières volontés
Aldemar, rassemblant ses dernières forces, regarda chacun d'eux avec une intensité qui semblait percer leurs âmes. Sa voix, bien que faible, portait une gravité qui imposait le silence.
— « Mes fils... Ceci sera la dernière leçon que je pourrai vous donner. »
Il inspira profondément, son regard passant de l'un à l'autre.
— « Le comté de Vannes repose sur l'unité. Une famille divisée est une proie facile pour les loups. Edwyn, Eudes... Si vous laissez vos différends vous éloigner, tout ce que nous avons bâti sera réduit en cendres. »
Il se tourna d'abord vers Edwyn.
— « Edwyn, tu as la force d'un leader. Mais souviens-toi : la force seule ne suffit pas. Elle doit être guidée par la sagesse. Ne laisse pas la colère ou l'orgueil t'aveugler. »
Puis il regarda Eudes.
— « Eudes, ton esprit et ta ruse sont des atouts précieux. Mais prends garde de ne pas te perdre dans tes intrigues. Écoute ton cœur, car la raison sans cœur peut devenir une prison. »
Ses traits se durcirent alors qu'il fixait ses fils ensemble.
— « Dirigez ensemble. Soutenez-vous, même lorsque tout semblera conspirer contre vous. C'est là que réside votre véritable force. »
Aldemar tourna alors son regard vers Élisabeth, qui se tenait silencieuse à ses côtés.
— « Élisabeth... Garde-les unis. Je sens une ombre sur l'avenir... quelque chose de sombre et de dangereux. Ils auront besoin de toi. »
Les larmes aux yeux, Élisabeth serra doucement la main de son époux.
— « Je te le promets, Aldemar. »
Un départ déchirant
Aldemar tourna une dernière fois son regard vers ses fils. Sa respiration se fit plus lente, et sa voix s'éteignit presque dans un murmure.
— « Mes fils... Soyez les piliers de Vannes. Ne laissez pas l'ombre nous détruire. »
Puis, dans un dernier souffle, il s'éteignit. Un silence pesant envahit la pièce. Élisabeth, le visage baigné de larmes, se pencha sur son mari. Edwyn, le regard baissé, serra les poings pour retenir son chagrin. Eudes, plus en retrait, détourna les yeux, son expression impassible masquant un tourment intérieur.
Bastien entra discrètement, suivi du Père Théobald, qui entama une prière solennelle. Les mots résonnèrent doucement dans la pièce, apportant un maigre réconfort à ceux qui les écoutaient.
Lorsque la porte s'ouvrit pour annoncer la mort d'Aldemar, le château entier sembla retenir son souffle. Les serviteurs baissèrent la tête, et les chevaliers interrompirent leurs mouvements dans la cour. Une tristesse collective enveloppa Luminar.
Le silence marqua la fin d'une vie et d'une ère. Tandis qu'Élisabeth pleurait son mari et que ses fils tentaient d'affronter leur chagrin, une question demeurait en suspens : pourraient-ils surmonter leurs différences et honorer les dernières volontés d'Aldemar, ou l'ombre qu'il avait pressentie finirait-elle par les dévorer ?
Votre avis compte !
Ce chapitre marque un tournant décisif pour Edwyn, Eudes et tout le comté de Vannes. L'ombre de la perte d'Aldemar et les responsabilités qui en découlent pèsent désormais lourdement sur ses fils.
• Que pensez-vous des dernières paroles d'Aldemar ? Vous semblent-elles justes et suffisamment puissantes pour unir Edwyn et Eudes ?
• La relation entre les deux frères vous intrigue-t-elle ? Pensez-vous qu'ils réussiront à surmonter leurs différences ou qu'un conflit est inévitable ?
• Les personnages secondaires, comme Bastien, Père Théobald ou Élisabeth, apportent-ils une profondeur supplémentaire à l'histoire selon vous ?
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