I
L’air avait finalement fraîchi après la fine pluie. Un orage illuminait le ciel à l’est, mais il ne semblait pas menacer Londres.
En descendant du coche, l’inspecteur Langhorn observa les explosions qui illuminaient brièvement la nuit. Mills, son second, l’aperçut frissonner.
“Les soirs se font plus frisquets.”
“Je n’ai pas froid.”
Il fit un geste en direction du ciel.
“Cet orage…”
Mills hocha la tête.
“Encore ces souvenirs de la guerre ?”
Langhorn se tourna vers Mills, un faible sourire au visage.
“Et si nous allions voir cette pauvre femme ?”
L'homme qui était penché au-dessus du corps releva la tête lorsqu’il perçut le bruit des bottes sur les pavés luisants.
“Bonsoir inspecteur.”
“Bonsoir docteur. Comment se fait-il que vous soyez déjà là ?”
L’homme se releva, remit son haut-de-forme sur la tête, et réajusta son écharpe blanche.
“Je quittais l’opéra lorsque je remarquai un petit attroupement. Ma curiosité naturelle m’a poussé à aller voir de plus près.”
“Je vois. Et que pouvez-vous me dire sur notre victime ?”
“C’est une femme fortunée, si l’on considère la qualité de ses habits. La trentaine, je dirais. La mort est récente. Elle est survenue dans la soirée. Mais s’il s’agit de sa scène finale, le dernier acte ne s’est pas produit ici.”
“Pourquoi dites-vous cela ?”
“La semelle de ses chaussures est sèche, or il a plu dans cette partie de Londres, un peu plus tôt, comme vous avez pu vous en rendre compte.”
“Comment est-elle morte ?”
Le visage du médecin s’assombrit.
D’après ce que j’ai pu observer jusqu’ici, une lame fine ou un pic lui a percé le coeur.”
Langhorn serra la mâchoire, tandis que Mills étouffa un juron. Il échangea un regard inconfortable avec son second et frissonna de nouveau. Ce n’était pas à cause de ses souvenirs de guerre, cette fois-ci.
Annotations
Versions