Une légère pluie crépitait contre les vitres du bureau de Langhorn.

“Tout ce que nous savons maintenant, est que ce n’est pas le colonel Short.”

“En effet, approuva Mills. Qui devrions-nous considérer comme suspects à présent ?”

“Tous ceux de son entourage qui pourraient avoir fait partie de ses admirateurs.”

“Un militaire ?”

“C’est probable. Selon Costigan, l’homme qui m’a raconté l’histoire de Short. Ce dernier avait autour de lui un groupe de fervents qui auraient donné leur vie pour lui.

Mills hocha la tête. Langhorn reprit :

“Nous devons demander à sa soeur si l’un d’eux lui rendait visite régulièrement. Vous vous en chargerez, Mills, pendant que je me renseigne auprès de Costigan.

***

Lady Short ouvrit la porte et s’effaça pour laisser entrer Mills. Même tout de noir vêtue, elle était aussi élégante et attirante que la première fois qu’il l’eût rencontrée.

“Je vous présente mes condoléances, madame.”

Elle plissa les yeux et hocha la tête.

“Si vous me le permettez, j’aimerais vous poser quelques questions au sujet de votre frère.”

Elle eut un geste fatigué que Mills comprit comme un consentement.

“Votre frère recevait-il beaucoup de visites ? D’anciens camarades de régiments peut-être ?”

Elle secoua la tête.

“Très rarement. J’imagine qu’ils voulaient se protéger. Ils l’évitaient sans doute pour sauvegarder leur carrière.”

“Il avait pourtant un groupe de fidèles, n’est-ce-pas ? Je ne peux pas croire qu’ils l’aient tous abandonné aussi facilement.”

“Vous devez comprendre qu’il les tenait par la peur. Ils étaient autant subjugués qu’effrayés.”

“Il n’a jamais été défié par aucun d’entre eux ? N’y en avait-il pas un qui n’avait pas peur de lui ?”

”La seule personne à ne pas avoir peur de lui était moi-même, inspecteur.”

Mills hocha la tête, et observa brièvement autour de lui.

“Par ailleurs, êtes-vous mariée, madame ?”

“En effet, je le suis.”

“Où est votre mari ?”

“Il est parti lorsque je lui ai dit que je voulais m’occuper de mon frère. Il ne l’a pas accepté.”

“Vous n’avez pas divorcé ?”

“Dans mon monde, on ne divorce pas, monsieur.”