VII

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“Monsieur, nous avons un problème. Nous avons été incapables de trouver la moindre trace de ce Ashton Ren.”

“Mills, je commence à penser qu’il y a plus d’une personne impliquée.”

“Vous envisagez que le meurtrier ait un complice ?”

“Comment pourrait-il en être autrement, alors qu’il est si efficace ? Quel est donc son pouvoir ? Il semble avoir une très grande influence sur les personnes qu’il rencontre.”

“Devons-nous chercher un homme violent sous des dehors charmants ? Les candidats risquent d’être nombreux…”

“Je pense que nous devons abandonner les théories simples et considérer l’exceptionnel, Mills. Qu’avons-nous négligé ?”

Les deux hommes se dévisagèrent un instant.

Puis Langhorn se leva et parla à nouveau :

”Ce que nous allons faire est de poster des hommes dans la ville, non loin des endroits où le tueur est supposé opérer. Selon cette carte, il abandonne ses victimes juste en dehors du centre de Londres. C’est là que nos hommes seront positionnés. Ils fouilleront tous les véhicules qui circuleront cette nuit.”

***

Cette nuit-là, une brigade frénétique d’hommes armés quitta le quartier général de la police.

Cependant, un agent frappa à la porte ouverte du bureau de Langhorn.

“Monsieur, il y a quelqu’un qui voudrait vous rencontrer. C’est au sujet des crimes.”

“Et de qui s’agit-il ?”

“Lady Castlereaugh, une des patronnes du Almark’s.

Langhorn se leva immédiatement aussitôt qu’il entendît son nom.

“Je devine que vous la connaissez ?”

“Non, pas personnellement, mais son club, oui. Faites la entrer tout de suite, s’il vous plaît.”

Elle était plus petite et plus âgée que ce à quoi il s’attendait, mais tout en elle correspondait, à l a lettre, à la définition de ce qu’une femme de la haute société anglaise doit être. Son univers était bien loin de son monde, mais Langhorn n’ignorait rien des règles strictes auxquelles les dames, les débutantes et les femmes en général doivent se plier.

“Asseyez-vous, je vous en prie, Lady Castlereaugh. Et dites-moi en quoi puis-je vous aider ?”

Elle s’assit silencieusement. Sa robe, bien que d’une étoffe épaisse et luxueuse, ne produisit aucun son.

Elle planta son regard dans celui de Langhorn.

“Je suis inquiète. Terriblement inquiète.”

Elle avait parlé d’un ton mesuré, mais l’inspecteur remarqua la blancheur des jointures de ses mains, crispées à la lanière de son sac.

“Et pour quelle raison ?”

Elle soupira.

“Puis-je compter sur votre discrétion ?”

“Je ne peux rien vous promettre de prime abord, mais je peux vous assurer de la confidentialité de cette rencontre. Dans le cadre de la loi, évidemment.”

Elle regarda un bref moment sur sa droite et revint sur lui.

“Les deux derrière femmes assassinées étaient des habituées de notre club. Bien qu’elles ne fussent pas des débutantes, ni des personnalités de premier plan, nous les connaissions bien.”

Langhorn s’était tendu. Elle poursuivit :

“Aussi, j’aimerais vous demander s’il y a une possibilité que nous puissions bénéficier de la protection de la police. Aussi discrète que possible, bien sûr. Nous préférerions éviter que nos membres paniquent et désertent notre club.”

“Je vais faire mieux que ça, madame. Je vais rediriger mon enquête autour de votre club.”

Elle allait répliquer, mais il reprit aussitôt :

“Ne vous inquiétez pas, mes hommes seront invisibles.”

***

Les instructions avaient été claires : pas de lumière, pas de feu. Aussi, les deux policiers en faction dans un appartement de l’immeuble face au Almark’s étaient frigorifiés.

Ce qui n’était pas clair, cependant, était ce qu’ils devaient observer et rapporter. Des cabs arrivaient par vagues en amenant des dames, des couples de tous âges. Tous étaient à l’évidence de riches personnalités de la haute société londonienne.

Mills se savait le plus chanceux alors qu'il se tenait dans un coin de l a salle de bal. Le mari de Lady Castlereaugh lui avait prêté des habits appropriés afin de se fondre dans cet océan de précieuses étoffes, de robes colorées et de joaillerie scintillante.

Pour éviter tout faux pas, il restait non loin de Lady Castlereaugh, ce qui lui évitait d’avoir à répondre à des sollicitations qui auraient pu se révéler vite embarrassantes. Tout comme les six autres patronnes, elle avait un quasi pouvoir de vie et de mort sociale sur chacun des membres de la société anglaise.

Langhorn avait décidé de rester au poste, informé au moyen d’une estafette qui lui faisait parvenir régulièrement des nouvelles.

Mills ne pouvait s’empêcher d’observer les lèvres des femmes qui passaient assez près de lui, lorsqu’il se figea.

Il se pencha vers la patronne.

“Lady Castlereaugh, je dois me cacher, très vite.”

Elle tenta de deviner ce qui avait déclenché cette réaction, mais fit preuve d’assez de présence d’esprit pour le pas le questionner sur le moment. Elle lui désigna une porte derrière eux, et Mills disparut dans une pièce sombre.

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