Décollage
Pour la énième fois en quelques minutes, Scott vérifie que sa combinaison est intacte et qu’il est solidement attaché. Ses mains tremblent. Il a horreur des décollages, et ce n’est que son deuxième voyage.
L’orbiteur est positionné à la verticale et, de ce fait, il se retrouve en équilibre précaire, peu à son aise malgré les entraînements. Il est installé à la place de l’ingénieur — son poste. Devant lui sont tout aussi confortablement assis les deux pilotes : Davies et Denissovitch. Derrière lui, le reste de l’équipage : Evans, Lapierre et Dürrenmatt.
Les pilote et copilote achèvent les vérifications de l’appareil et conversent gaiement — et tout en concentration — avec les techniciens et superviseurs situés dans la salle de contrôle.
— Équipage, ici salle de contrôle. Trente secondes avant mise à feu. Enclenchez l’automate de lancement.
Scott inspire profondément. Davies lit désormais à haute voix les données affichées sur ses écrans.
— Système de mise à feu armé.
Elle marque un silence, puis elle reprend.
— Quinze secondes, ajoute-t-elle.
— Équipage, ici salle de contrôle. Prêts pour le démarrage du moteur principal.
Scott sent le stress qui irradie de sa combinaison et il ricane nerveusement. Cette fois, il a bien plus de craintes que lors du précédent décollage — les entraînements ne reflètent pas complètement la réalité —, néanmoins, l’euphorie est elle aussi au rendez-vous.
— Huit secondes… continue tranquillement Davies.
— Allumage du moteur, répond Denissovitch, vigilant au moindre détail.
Une détonation se fait entendre et Scott commence alors à paniquer. Il ferme les yeux, se concentrant sur sa respiration.
— Moteur principal allumé, dit calmement Davies.
L’orbiteur commence à trembler.
— Trois… deux… un… annonce imperturbablement Davies, achevant par la même occasion le compte à rebours.
— Allumage des deux propulseurs à poudre, termine Denissovitch avec le même calme que la jeune femme.
— Et nous voilà partis vers d’autres cieux ! s’écrie Evans d’un air des plus joyeux, rompant la solennité de l’instant.
La navette grimpe inexorablement vers le ciel sans nuage de cette journée ensoleillée. Scott sent comme un nœud dans son estomac. Ils viennent de quitter la Terre. Leur planète bleue. Il plonge dans une semi-torpeur jusqu’à ce qu’une voix en provenance de la salle de contrôle, au sol, retentisse dans la cabine.
— Équipage, ici salle de contrôle. Vous êtes en orbite les gars : félicitations !
Des cris de joie retentissent dans leur minuscule cabine. Ils ont accompli leur première mission avec succès ! Il est désormais impossible de faire marche arrière. Leur voyage s’inaugure véritablement ici, et maintenant.
Et ce n’est que le début d’un long périple.
Annotations