Jour : 203.
Un de leurs appareils — heureusement mineur — a eu un problème ce matin-là, et Scott s’acharne à essayer d'en trouver la cause pour l'éradiquer et pour réparer ça après qu’Allan soit déjà intervenu pour la partie technique. Il n'en peut plus. Déjà cinq heures qu'il sue à grosses gouttes en analysant l'appareil sous toutes ses coutures.
— Besoin d'aide ? demande une voix à quelques mètres de lui.
Luc est déjà venu lui proposer un coup de main, mais Scott a aimablement refusé, préférant faire le travail seul — il est, a priori, le plus qualifié pour ça —, et pensant par ailleurs que la réparation ne durerait pas plus d'une heure. Visiblement, il a eu tort. Il lève donc les yeux pour considérer la personne qui lui offre son aide et pour voir si elle est en mesure de l’appuyer efficacement. Il s’agit d'Andrzej.
— Ouais, pourquoi pas. J'ai un peu de mal à m'en sortir tout seul, répond-il.
— C’est ce que j’ai constaté, réplique le Russe, de sa voix très basse et très feutrée, en s’installant aux côtés de Scott.
Ils observent tous deux l'appareil pendant près d'un quart d'heure dans un silence plus qu'apaisant. Après tout le tapage que fait quotidiennement Allan, Scott apprécie de plus en plus les moments où le silence règne en maître — pour peu qu’il ne soit pas seul. Au bout d'un long moment, Andrzej finit par parler.
— Tu as vérifié si le problème ne vient pas du générateur qui régule l'activité des appareils ? Il se pourrait simplement que les paramètres aient été modifiés par erreur, non ?
— Euh... fait simplement Scott, se sentant soudain extrêmement stupide.
Il n’y a pas pensé, en effet, et si le problème vient de là, ce serait plutôt rassurant, car il ne parvient pas à rectifier ça directement sur l’appareil en question.
Andrzej se remet en mouvement, lui adressant un de ses rares sourires. Son visage prend une expression que Scott interprète comme « Je fais mieux ton boulot que toi. » ou encore comme « Dans ma grande clémence, je passe l’éponge sur ta grande imbécillité et je ne dirais à personne que tu es un illustre incompétent. »
— Tu devrais peut-être aller vérifier ça tout de suite, non ? interroge le Russe en voyant que le jeune homme ne bouge toujours pas.
— Ouais, bien sûr, j’y vais, dit ce dernier en se ressaisissant. C’est juste que… je veux simplement dire que je connais bien mon boulot, c’est la fatigue et le manque de pratique qui me minent ; je commence à m’emmêler les pinceaux, à force de tourner ici en rond. Faut que je me reprenne !
— Si tu veux, je peux t’assister de temps en temps. Et tu me montreras quelques trucs en plus, dit Andrzej, en lui adressant un sourire qui se veut sympathique.
— Pourquoi pas, murmure Scott, déjà en déplacement, et se dirigeant vers la possible source du problème.
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