Jour : 227.
Allan est de corvée de ménage, tandis que Patricia est chargée d’un inventaire complet de la ferme et que Luc lui prête main forte.
Erica est toujours perdue dans ses contemplations interstellaires, qu'elle effectue dans la salle aux baies vitrées, accompagnée d’Andrzej ; qui semble enfin avoir épuisé son stock de livres.
Scott vient les rejoindre après avoir effectué sa toilette quotidienne.
— Alors les gars, pas trop hâte d'être de retour sur Terre ? demande Erica après avoir achevé son travail, avec un petit sourire aux lèvres tout en rangeant ses instruments d'observation.
Elle a pu parler avec sa fille — celle qui est restée en bons termes avec elle — plus tôt dans la journée. Forcément, elle a envie de rentrer pour retrouver ses proches. Entendre leur voix fait toujours cet effet-là.
— J’aimerais aller acheter d'autres livres, dit Andrzej en éclatant d’un petit rire qui se propage chez les deux autres.
— La Terre me manque atrocement. Si vous m’annoncez qu’on fait demi-tour, j’en suis ! déclare Scott en souriant aussi — cette perspective le rassurerait énormément.
— Si seulement ! Mais nous devons prendre notre mal en patience, dit-elle. Normalement, dans près de cinq ans, on devrait être de retour sur Terre. J'ai demandé à ma fille de m'attendre pour son mariage ! raconte Erica.
Andrzej et Scott ne disent rien. L’un sourit toujours distraitement, et l’autre déglutit. Sans le savoir, les deux ont exactement la même opinion sur cette affaire : la Terre n’est plus qu’un lointain souvenir pour eux. Sont-ils pessimistes ou bien simplement réalistes ?
— Ma sœur ne devrait pas tarder à accoucher de son troisième enfant. J'aimerais la voir, et retrouver mes neveux aussi, avoue finalement Scott en tentant d’insuffler une once d’espoir dans ses mots, pour ne pas laisser un mauvais climat s'installer — dans son esprit avant toute chose.
— Oui, je pense aussi que maintenant que nous sommes ici, nous aimerions presque tous retrouver ceux que nous avons laissé là-bas, poursuit Andrzej.
Les deux autres hochent la tête d'un air entendu alors qu'un petit vent emplit de nostalgie souffle dans la pièce. Chacun retourne ensuite à ses occupations, hanté de souvenirs qui semblent révolus à présent.
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