Jour : 361.
Bientôt un an qu’ils voyagent dans l’espace. Et ils ont prévu d’organiser une petite fête dans quelques jours, pour évacuer le souvenir des mauvais évènements qui se sont déroulés deux jours auparavant, les tensions qui les ont séparés, et surtout pour remonter au mieux le moral de Patricia — dans leur situation, il faut aller de l’avant, il n’y a pas le temps pour le deuil pendant la mission.
Aujourd’hui, Scott a laissé à Andrzej le soin d’effectuer les vérifications à sa place, le temps pour lui de se reposer un peu plus et de récupérer encore de la trouille qu’il a eu.
L’après-midi, il est de corvée dans la ferme. Et il n’est pas véritablement surpris de voir le Russe apparaître devant lui.
— Tu veux que je t’aide ? demande ce dernier.
— Ouais, pourquoi pas, répond simplement Scott.
Il essaie de se détendre lorsque l’homme est dans les parages. Il tente de se convaincre que tout va bien.
Pendant de longues minutes, ils s’occupent de tailler les plantes et de vérifier leur bonne croissance. Puis ils sèment des graines dans d’autres bacs. La tache la plus délicate est celle de l’arrosage des semis. En effet, avec l’apesanteur, l’eau a tendance à aller n’importe où : ils ont donc un dispositif assez sensible pour veiller à leur bonne irrigation.
— Je vais te poser une question qui va peut-être te sembler indiscrète, commence Andrzej, interrompant le doux silence qui s’est installé entre eux. Es-tu célibataire ?
— Je crois, ouais, répond Scott au bout de quelques secondes, le temps de devenir écarlate. Je crois aussi que si je ne l’étais pas, je ne serais pas ici.
Il évite de regarder le Russe.
Andrzej lui sourit, même si l’Américain ne le voit pas.
— Et ça te dirait de… voir quelqu’un ?
— Ouais… j’osais pas aborder Erica, merci de jouer les intermédiaires ! le coupe Scott avec un grand sourire moqueur aux lèvres.
Ses joues sont cramoisies, mais son regard espiègle est planté dans celui, un temps inquiet, mais vite rassuré, d’Andrzej.
— Allan déteint sur toi ! s’indigne le Russe, après un bref instant de panique. Mais je suis ravi de ta réponse. Je ne manquerais pas de ne pas en informer Erica et de garder ça pour moi !
Ses yeux gris pétillent aussi.
Scott ne dit plus rien, et achève sa corvée avec un certain contentement. Pour la première fois depuis le début de leur voyage, il se sent apaisé.
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