9. Procrastination
Un poème écrit sur le modèle de construction de l'Invitation au voyage de Baudelaire
Les tâches s’empilent
Déversant leur bile
Partout dessus mon bureau,
Souillant mes outils
Composte maudit
Repousse loin mon museau.
Caché des ordures
J’inhale l’air pur
Partisan d’oisiveté,
Détournant mes yeux
Des mots ennuyeux
J’embrasse mon oreiller.
Fuyez labeurs assassins !
Je vous combattrai demain !
Quel Bonheur divin,
Ces draps de satin
Faisant taire le clairon.
Et sentir l’ivresse
D’aimer sa paresse
Pendant que d’autres s’en vont.
Insouciant roublard
Narguant mon retard
Je masque l’escroquerie,
Et fui mon devoir
Attendant le soir
Pour penser mon alibi.
Fuyez labeurs assassins !
Je vous combattrai demain !
Mais pendant la nuit
Hurlent les ennuis
En sournois persécuteurs,
Infligeant dûment
L’amer châtiment
Sur le procrastinateur.
La sentence est là
Sous mon matelas
Trouble ma tranquillité.
Ce, tant que le poids
De mon désarroi
Ne daigne encor’ m’enterrer !
Frappez labeurs assassins,
Mon âme vous appartient !
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