II

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Ana, frêle dans son grand lit, emmitouflée dans sa couverture jaune pastel parsemée de dessins de roses, de pensées, d’impatiences, se réveilla tranquillement tel qu’elle en avait eu l’habitude ses 22 dernières années. Sur le ventre, le bras étendu autant que possible vers la table de nuit, elle tâtonna à la recherche de son téléphone. 8h26. Elle amena l’appareil plus près de son visage, le déverrouilla, vérifiant chaque notification, plus par habitude que par véritable intérêt. 8h31. Ana s’étira, poussa son corps vers le bord du lit jusqu’à basculer dans le vide, seul moyen de quitter la douce chaleur de ses draps. D’un pas ensommeillé, elle descendit une volée de marches jusqu’à la cuisine où la cafetière avait déjà préparé sa boisson. 8h36. Elle attrapa une tasse, la remplit, la posa sur le plan de travail et regarda le balcon à travers la baie vitrée, les yeux perdus dans le vague. 8h49. Oubliant sa tasse encore fumante, Ana s’habilla, s’assura d’avoir toutes ses affaires et sortit de la maison. 9h01. La voilà dehors marchant mécaniquement jusqu’à l’arrêt de RER deux rues plus loin. Elle s’y engouffra, traversa tout le quai pour monter dans la wagon de tête, plus près de sa sortie. 9h09. Elle monta dans le métro, pas trop surpeuplé pour une fois, s’adossa dans un coin et ne bougea plus jusqu’à son arrêt. 9h29. Elle descendit, puis remonta à la surface, le soleil jouant à cache-cache derrière des nuages plus blancs que neige. Elle traversa deux fois la rue, parcourut quelques centaines mètres avant d’atteindre sa destination d’où elle ne ressortira qu’en fin d’après-midi.

18h04. Ana sortit du bâtiment, salua quelqu’un que l’on ne voyait pas de l’extérieur et fit le chemin inverse jusqu’à la gare, même arrêts, même trajet mais cette fois dans le wagon du milieu. 18h28. Elle sortit de la gare, remonta une première rue puis une deuxième, arrêt à la boulangerie, sa gourmandise chaque jour. 18h37. Ana arriva chez elle au pied de son immeuble, elle pris ses clés dans la poche arrière droite de son jean. Elle lança son habituel regard dédaigneux vers l’ascenseur et prit les escaliers. Il lui faut deux minutes dix pour monter au quatrième, 27 secondes pour ouvrir sa porte, 27 autres pour la refermer derrière elle. 18h34. Ana devait être dans l’entrée, retirant méticuleusement ses chaussures et ses chaussettes, elle ira ensuite dans sa cuisine boire ce café qui l’attend depuis le matin. 18h59. Elle rejoignit sa mère, qui travaillait depuis l’appartement dans un bureau aménagé à la va-vite. 19h06. Ana retourna dans la cuisine préparer le dîner, elle adorait préparer à manger, ça la rendait guillerette même si elle ne touchait presque pas aux plats qu’elle faisait chaque soir. 19h44. Elle avait mit le couvert et son père ne tarderait pas à rentrer, elle appela sa mère et s’assit à cette place qu’elle aimait tant face du balcon. 20h37. Son père était rentré, accompagné de son petit frère qu’il était encore allé chercher chez l’un de ses amis. Ils mangeaient tous les quatre, visiblement unis, complices, frère et soeur se chamaillant pour le plus grand bonheur de leurs parents. Ana se leva de table, alla dans sa chambre piocha le roman qui traînait sur son bureau, glissa sa chaise jusqu’à la grande fenêtre de la pièce et lut jusqu’à ce que ses yeux papillonnent.23h19. Elle ferma ses volets, et alla certainement se coucher.

Mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi, Ana réitère cette même journée encore et encore depuis des semaines maintenant, ce qu’elle fait dans le bâtiment où elle travaille importe peu au final. Par contre, ces jours-là son trajet est toujours systématiquement le même. Elle ne change presque jamais ses habitudes, sauf le dimanche et le lundi où elle est plus imprévisible, quoique, tout est relatif.

Je sais tout de ses manies, de ses plaisirs, de ses peurs mais ce qui m’embête, c’est qu’elle ne sort jamais vraiment de ses habitudes, de sa prudence. Elle n’est pas méfiante, non, elle vit avec l’assurance candide que son environnement restreint est sa sécurité, sa paix et que rien ne pourra le troubler tant qu’elle s’y maintiendra.

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