La boîte à chapeau, ultime surprise !

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On sonna à sa porte.

Des pas s'éloignèrent dans l'escalier.

Intrigué par l'heure très matinale, il vint jeter un oeil par le Judas et passa la chaîne à l'entrebâilleur.

Après deux tours de clés, il ouvrit.

Un air chargé des odeurs du marché emplit ses narines de parfums entêtants de cuisine orientale et se répandit dans toute sa maisonnée. Sur le paillasson trônait une boîte blanche et ronde, de celle que l'on voit dans les films évoquant les grands magasins, avec ces chapeaux pour dames ou ces hauts de forme pour messieurs.

Étrange qu'on lui adressa un tel "cadeau". Il n'avait rien commandé. Le paquet ne comportait aucune étiquette. Un ruban fantaisie bleu frissonna au passage d'un courant d'air en laissant entendre comme un message subliminal.

*

Après tout, pourquoi pas !

Peut-être voulait-on le surprendre ?

Il défit la chaîne de son emprise et se décida à récupérer le colis.

Il commençait à frissonner dans sa robe de chambre, alors il prit le paquet, referma derrière lui et se dirigea vers la cuisine. Il le posa sur la table, mit un mug rempli d'eau dans le micro-ondes et récupéra du café soluble. À la sonnerie, il retira le récipient et jeta une cuillère de Nes' dans l'eau frémissante. La réaction provoqua des volutes ocres et dorées et des émanations sud-américaines emplirent la pièce.

Il ajusta ses lunettes et inspecta la boîte en quête d'une inscription.

Non rien.

*

Alors, il se décida à l'ouvrir.

Mais avant, il glissa son oreille près du carton. Étrange pressentiment ou excès de visionnage de films d'espionnage, il sourit en jouant les démineurs. Rien non plus. Seule, sa respiration résonnait en écho à son inquiétude et il se surprit à entendre son coeur battre et ses tempes palpiter.

*

Alors il souleva le couvercle et rien ne se passa. Enfin pas exactement.

Deux réservoirs en plastique blanc remplis de liquides vibraient. Un autre transparent au centre semblait récupérer le mélange produisant des volutes vert fluo. Des bulles agitèrent alors le paquet. Il constata la présence d'un équipement comportant un affichage digital qui égrénait des chiffres rouges donnant l'idée d'un temps qui s'écoule.

Un décompte.

" 00 - 00 - 15 "

...

" 00 - 00 - 14"

...

" 00 - 00 - 13 "

*

Alors tout devint comme une évidence.

Il se leva, le regard fou, butant dans ses chaussons et se mit à courir, l'esprit focalisé sur la porte d'entrée. Son champ de vision se restreint d'un coup à quelques degrés d'amplitude. Il atteignit la ruelle en un éclair, un étage plus bas.

L'air s'emplit d'une pression incommensurable. Des gens se mirent à crier en se prenant la tête. Des débris jaillirent en geysers. Draps et vêtements séchant sur des fils s'envolèrent avec les hirondelles, complètement affolées.

Il mit ses mains sur son visage pour se protéger des gravats. Du sang presque noir s'écoula de ses narines et de ses oreilles. La surpression sans doute. Il n'entendait plus rien comme le témoin d'un film muet.

Assis par terre, vidé de toute énergie, il survivait, assailli de mille angoisses et une unique interrogation vint hanter son esprit embrumé et sidéré.

Pourquoi ? Pourquoi lui ?


=O=

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