L'espoir de te revoir !

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Tu t'avanças vers la porte.

Ta main moite dans la mienne ne tremblait pas. Tu avais un petit rictus au coin de tes lèvres. Quand tu te saisis de la poignée, tu plongeas tes yeux dans les miens.

J'essayais de te sourire.

Tu ouvris et la lumière chancelante des flammes dans la cheminée ainsi qu'une douce chaleur nous surprirent agréablement.

Nous n'avions pas envie d'allumer une torche ou un chandelier, ni de parler, seulement de ne pas se quitter des yeux. Dans la pièce juste devant le foyer, je devinai une banquette moelleuse avec quelques coussins épars sur une épaisse couverture de laine. Des lueurs bleutées ou orangé dessinaient comme des feux follet échappés d'un marais incandescent ou des étoiles filantes traversant la Voie Lactée.

Parfois des braises se détachaient des bûches et libéraient un parfum de chêne emportant avec lui les arômes de bougies posées sur l'âtre. Je réalisai que quelqu'un avait créé une ambiance romantique dans cette chambre où trônait un lit immense à baldaquin. Les lumières changeantes révélaient les murs de pierres nues et rappelaient que nous résidions dans notre château en terre vendéenne. Je captais des ombres enlacées dans des miroirs. Des rideaux de dentelles dansaient aux fenêtres étroites.

J'avais tant espéré ce moment, te revoir enfin, ma douce et merveilleuse Albane.

Cette croisade de quatre années, en terre de Palestine, laissait derrière moi tant de preux chevaliers du royaume de France et les visages torturés hantaient mes souvenirs, rendaient mes nuits impossibles. Je les entendais hurler encore et encore dans le désert brûlant au milieu des dunes. Prisonniers d'un adversaire insaississable, ils étaient sacrifiés d'un coup de cimeterre et leur tête tranchée, mise dans un sac.

Il n'était pas rare de retrouver au matin les corps sans vie au pied des murs d'enceinte de Saint Jean d'Acre, d'Antioche ou de Jérusalem. Sans doute, il y avait là de quoi ébranler notre foi et nous inciter à quitter cette terre sainte en abandonnant à leur sort les pélerins.

Depuis un long moment tu m'observais inquiète.

J'avais sans doute le regard perdu alors que je voyageais dans mes souvenirs. Alors je mesurai la chance de tenir ta main, de te serrer contre moi et de t'enlacer pour me perdre dans tes yeux plein d'amour, savourer ta bouche voluptueuse et me glisser dans tes formes généreuses. Cette nuit, je voulais être à toi et ne penser à rien d'autre qu'à ce bonheur dont j'avais rêvé tant de fois.

L'espace d'un instant je fis une prière intérieure, remerciant le Ciel de m'avoir préservé de la maladie et des attaques incessantes des Sarrasins. Mon Seigneur m'accordait un répit, un peu de bonheur, l'amour de ma femme et je voulais l'honorer.

Une larme tiède de reconnaissance coula sur ma joue.

Je sentis la peau douce de ton visage frôler ma barbe épaisse et ta voix à mon oreille glisser un message, plein de promesses !

=O=

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