La vache et le prisonnier !

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Dans le champ, la vache mâchouillait avec application la masse gélatineuse sous un ciel de plomb.

Quand j'écris la vache, soyons clair. Parce qu'elle, mon héroïne, pourrait se vexer. Depuis qu'elle a fait les gros titres au dernier salon de l'agriculture, elle a les sabots qui enflent. Nous parlons ici de Marguerite, issue d'une longue lignée de race ferrandaise fleurissant sur les pentes d'Auvergne. Malheureusement, en plus de se croire une véritable star, elle est aussi la plus frivole de mon cheptel.

Toujours à vagabonder, à dépasser les lisières. Je ne saurai dire à combien de reprise, je la récupérai hors des limites des prés et des massifs boisés. Je la découvris un jour à beugler au milieu d'un marais... Et une nouvelle fois, Marguerite choisit de faire l'école buissonnière et se retrouva dès lors isolée, très seule.

Enfin pas tout-à-fait. Car elle observait imperturbable un étrange spectable.

Tout en ruminant, elle admirait lascive cette sorte de machine qui se consumait pas très loin d'elle, là au bout de cette immense trouée en forme de long sillage encore brûlant par endroit. Sur les lèvres de la tranchée, une étrange matière vert fluroescente couvrait les herbes hautes en produisant une réaction très active. Pas très farouche, ma ferrandaise mâchonnait avec délectation son herbe préférée imbibée de cette curieuse substance.

Et cela semblait lui convenir !

Assez brutalement, le ciel s'obscurcit et une pluie de météorites commença à déferler sur toute la région. Chacune des roches en fusion laissait derrière elle en signature un panache de fumée, de flammes et de scories. Il ne pouvait s'agir d'effets effusifs des volcans éteints pour la plupart depuis des millers d'années. Alors d'évidence, cela ne pouvait provenir que de l'espace.

Là-bas, au bout du sillon encore incandescant, une trappe métallique jallit au sommet de la masse encore fumante et rougeoyante, précédée par un ploc très caractéristique de quatre boulons de déverrouillage. Cette sorte de porte retomba quelques secondes plus tard à une vingtaine de mètres, dans un bruit mat. Cela ne perturba aucunement notre ruminante qui poursuivit impassible ses mastications, tout en fouettant de sa queue agile l'air ambiant pour chasser des drosophiles voraces à l'œuvre sur ses flancs.

Une entité tenta alors de s'extraire de cette sorte d'habitacle.

À cette distance, notre bovine assimila cette présence à celle d'un voisin paysan. Cela ne l'effraya pas davantage. Non, ce qui l'intrigua fut que cette entité à deux pattes communiqua avec elle, car elle comprenait tout ce qu'elle lui disait par la pensée. Oui, cet étranger lui parlait mentalement. Quoi de plus troublant ?

Une conversation s'établit alors sans que rien autour ne s'entende. La matière gélatineuse dégoulinait sur les graminées. Ici et là des réactions chimiques semblaient se produire. Un vent léger véhiculait des bruits s'activités agricoles lointaines. Les oiseaux, un instant effrayés par les chutes incessantes, reprirent leurs joutes aériennes à la poursuite du temps perdu.

  • Je m'appelle Egon et je viens d'Europa où j'étais en détention. Qui es-tu noble rouquine ?
  • Salut à toi étranger, moi c'est Marguerite et c'est Alfred qui me garde ici prisonnière. Mais ça ne peut plus durer... Viens-tu pour me délivrer ?

=O=

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