Me voilà sur le qui-vive.

Je regarde autour de moi, cherchant à me rendre utile.

La menace semble venir de toutes parts.

Impossible de me concentrer sur l'une plutôt qu'une autre tant la multiplication des catastrophes sollicite toutes les bonnes volontés.

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Depuis la nuit précédente, la forêt entière se consume et les fumées âcres emplissent encore l'air ambiant. Les restrictions d'eau limitent les possibilités de se laver de toutes ces cendres qui retombent sans cesse comme une neige grise.

Les gens, pour se protéger, portent des chapeaux et dissimulent leurs visages derrière des masques ou des mouchoirs imbibés d'eau minérale.

Les forces de sécurité, la protection civile et les pompiers ont perdu la couleur de leur uniforme distinctif. Ils ressemblent à de grotesques mineurs de fond remontant du carreau après des heures à creuser sous la terre charbonneuse.

Sous un auvent improvisé, des bénévoles distribuent du café, du Viandox ou du thé.

Devant les services techniques de la commune, quelques fumeurs invétérés vapotent ou tirent sur une cigarette pour tenter d'annihiler dans la bouche, ce goût amer des fumées d'incendie. Ils reçoivent leur dose de nicotine pour un hypothétique lâcher prise, cherchant à se détendre, à baisser la tension nerveuse.

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Le sol a tremblé ces jours derniers et plusieurs maisons ont souffert. Lézardes, chutes de tuiles, d'ardoises, de cheminées. Quelques blessés sont à déplorer. Des personnes âgées dans leurs habitations parfois très anciennes se sentent dépassées par ces phénomènes imprévisibles. Certaines éprouvent les pires angoisses à se retrouver prisonnières sous les gravats en raison de leur incapacité ou d'une autonomie limitée.

Le maire du village a ouvert la salle de fêtes et l'école communale pour recevoir certaines personnes à mobilité réduite, dans le besoin ou paniquées. Et même ces lieux d'accueil ne garantissent pas une plus grande sécurité, eu égard à la succession et la conjugaison de ces récents phénomènes climatiques ou sismologiques.

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Devant tant de défis, l'entraide semble de rigueur et les gens se regardent autrement.

Non plus par le prisme de croyances philosophique ou religieuse, d'une étiquette politique, d'un fanatisme débridé à défendre une idéologie ou tout simplement à sauver la planète. Tout cela semble futile et à des années-lumière des préoccupations du moment.

Le rapport entre les individus pris dans une telle débâcle prend un tout autre chemin et peut-être celui que nous tous, aurions-nous dû prendre pendant les siècles écoulés.

On décèle à présent, entre tous ces villageois et les sauveteurs, juste un regard empreint d'humanité, d'altruisme, de partage et d'écoute presque fraternel. On doit se serrer les coudes et rien d'autre n'aura plus autant d'importance.

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Ces derniers mois et sur quelques jours épars, des pluies diluviennes, parfois chargées de grêles, ont lessivé les sous-bois, les champs et les prairies, les vergers, charriant des quantités phénoménales de boues et de déchets végétaux. Les rus se sont transformés en rivières, empruntant la moindre ruelle, entrant sans difficulté dans les maisons, jardins, hangars ou dépôts de stockage pour se frayer un passage, devant des habitants impuissants.

Entre ces épisodes humides bien trop espacés, des chaleurs intenses ont favorisé les incendies sur des forêts en état de détresse hydrique et surtout des nappes phréatiques qui n'avaient pas refait le plein durant l'hiver.

Aujourd'hui, les dégâts considérables s'accumulent et les services d'assurances tout autant que les artisans peinent à répondre à la demande.

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La Nature longtemps humiliée par l'Homme et ses outrages reprend le pouvoir.

Et sa puissance s'avère sans limite.

Pas un jour, pas une nuit sans qu'il ne se passât quelque chose. Comble de ces phénomènes exceptionnels, certains animaux cherchent le moindre refuge dans les demeures et les habitations pour se protéger des crocs de prédateurs affamés, des flammes ou des fumées.

Dans le ciel de cire, les oiseaux fuient vers des horizons plus cléments. Sur les routes, des cortèges de voitures et de transporteurs traçent des colonnes, telles des chenilles en procession lumineuse rouge et blanche. On annonce des pluies qui viendraient estomper les incendies en cours. Mais des vents pourraient tout aussi bien les raviver.

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La recrudescence de tous ces phénomènes présage que plus rien ne sera temporaire.

Les rares flashs d'informations parlent tous les jours de guerres dans des contrées voisines. Comme si toutes les tensions jusqu'alors contenues, décidaient de se cristalliser dans le même espace-temps.

On évoque aussi des virus et plus encore depuis la prolifération de la Covid 19. Mais d'autres menaces épidémiques pèsent sur les hommes et les animaux, accentuées par les déforestions, l'artificialisation des sols, les pollutions et le brassage continuel de populations.

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Et que dire à propos des oracles.

Rien ne s'est produit lors du passage à l'An 2000.

Pas plus que le 12 décembre 2012 qui annonçait des catastrophes, en se basant sur le Calendrier des Mayas.

Et certains donnent faits et causes pour un sort inéluctable et tragique en traduisant en destin les prédictions de Nostradamus attestant que " Tôt ou tard, vous verrez de grands changements, des horreurs épouvantables et des vengeances. "

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Si l'on prête à la Terre des intentions, celle-ci se venge et semble reprendre ses droits.

Cela devient une évidence.

Dans la tourmente qui gagne et prend de l'ampleur, notre planète emporte avec elle dans l'immensité du cosmos ses seuls passagers.

On pourra toujours s'interroger sur l'instinct maternel de Gaïa.

Mais justement, en sauvant une partie de ses enfants, ne serait-elle pas en train d'offrir une seconde chance à ceux qui s'en sortiront.

Et peut-être l'a-t-elle déjà fait voici 12.000 ans ?

Et cela veut-il dire qu'une nouvelle ère attend ceux qui échapperont à cette ultime menace.

Je ne serai sans doute pas là pour le vérifier, et vous non plus !

=O=