Le Phare des Baleines

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L'Ile de Ré propose des paysages formidables entre terre et mer, ceinturée par les eaux de l'océan.

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Et plus encore, hors saison estivale, car il devient possible de profiter des chemins de randonnées sans être submergé par les cyclistes qui laissent, indisciplinés, peu d'espace aux promeneurs. Plusieurs centres équestres comme au Haras des Évières disposent de nombreux chevaux en pâture pour la pratique de l'équitation en manège ou en rando.

Nombre de circuits à pied permettent de contourner les villages et de traverser des zones boisées riches en essences variées mais aussi des terres en vignobles. Comme chacun le sait sans doute, après la récolte, les rhétais proposent un vin en liqueur au nom de Pineau des Charentes, disponible en trois couleurs, si agréable par cette saveur mélangée de moûts de raisins et de Cognac.

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En ce mois d'octobre, nous roulions en voiture depuis notre Camping des Peupliers en bordure de La Flotte et longions par la départementale, l'une des côtes de l'île. Il suffisait de se déplacer sur quelques kilomètres pour apercevoir l'océan Atlantique sur notre droite puis après le village de La Couarde, cette fois sur notre gauche. Au niveau du Martray, la D735 offrait alors une route en remblais sur digue, cernée par les eaux dont celles des bassins en marais salants.

Le soleil déclinait très vite et je voulais arriver à temps à l'extrémité nord-ouest de l'île pour voir le coucher sur l'horizon et peut-être ce fameux rayon vert évoqué, de façon si romantique, par Jules Verne. La luminosité de cette journée finissante offrait une réflexion extraordinaire sur les terres et surtout sur les bassins des ostréiculteurs comme autant de pierres précieuses. La route sinuait entre les dunes et les plans d'eau où nichait quantité de volatiles. On traversa la Tricherie et enfin Saint-Clément-des-Baleines.

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En poursuivant encore quelques centaines de mètres, on arriva sur une zone dégagée, couverte d'emplacements de parkings, mais sans aucun véhicule. D'abord désorientés, on finit par s'infiltrer à pied dans une sorte de village miniature qui en réalité se constituait de boutiques et de restaurants, en grande partie désertés à cette époque de l'année.

Le Phare des Baleines de forme octogonale, datant de 1854, dominait l'horizon immédiat.

En toile de fond, le jour déclinait très vite et l'ambiance semblait irréelle.

Le ciel se paraît de tonalités mauve, rouge, orange et or. Une digue longeait la côte rocheuse, faite de nombreux espaces circulaires en pierres. Ces bassins constituaient de formidables facettes d'un grand miroir naturel, parfois troublés par le déplacement d'un volatile ou la respiration d'un poisson. En arrière-plan, se dessinaient les contours de la vieille Tour des Baleines, datant de 1682, qui semblait, inaltérable à l'usure des éléments, monter la garde.

À cet instant, le temps devint palpable.

Des messages laissés par des anonymes s'inscrivaient en capitales sur la pente bétonnée de la digue. Ils se composaient de galets. D'autres, sans doute inspirés par des pratiques orientales, avaient superposé de belles pierres rondes en boutonnière comme autant de stalagmites, de cheminées, de minarets. Tout dépendait de l'idée que l'on s'en ferait. Et à ce titre, l'imagination semblait sans limite.

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Une brume de chaleur très légère prit en douceur ses quartiers.

Des courants marins traçaient des rivières sur l'immensité sombre de l'océan.

Des échanges de cris stridents, de goélands ou de mouettes, perçaient l'espace ambiant comme pour adresser un message de ralliement afin de passer la nuit en famille.

Des lumières s'allumaient sur l'horizon, en collier de perles, comme autant de lanternes pour signaler la présence de la ville côtière de la Tranche-sur-Mer.

Dans le ciel, le faisceau du phare diffusait à présent son rayon, comme le laser d'un grand guerrier de pierre qui en défiait d'autres émanant du continent.

*

Assis l'un contre l'autre, pour se réchauffer dans la brise du soir, ma compagne et moi-même admirions la magie de ce jour déclinant. Il nous adressait avec majesté un adieu. Et nous le remercions en silence de nous offrir ainsi sa parure scintillante et étoilée.

Dans cet air limpide sous la voûte céleste d'encre, traversée par la Voie Lactée, nous nous sentions minuscules et privilégiés devant tant de beautés.


=O=

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