Dans le Parc du Palais de Compiègne
Après un pointage sur la carte, elle reprit sa course effrénée en passant sous les couverts de l'Allée des Impératrices du parc du Palais de Compiègne.
Le jour faiblissait et la pénombre rongeait les derniers lambeaux de lumière qui filtraient en drapées sous la tonnelle de verdure.
Elle ne pouvait que compter sur elle-même et sur ses compétences d'orientation et d'endurance mais le chronomètre égrenait comme un chapelet les secondes, inexorablement. Elle prit une gorgée en puisant sur le tuyau de la réserve d'eau situé dans son dos.
Elle avait jusqu'alors réussi ses pointages intermédiaires depuis le Belvédaire des Beaux Monts. Elle devait à présent rejoindre avant 19H30 le jalon suivant avant que l'indice ne s'autodétruise.
À cet instant, et parce que son corps hurlait devant l'urgence d'arriver avant l'échéance, elle repensa à tous les sacrifices auxquels elle avait consenti pour atteindre un niveau de performance le plus élevé possible : hygiène de vie, nourriture, sommeil, alternances d'endurance et de résistance, orientation sur carte et sur le terrain.
Certes, son programme pouvait contenir quelques lacunes et se montrer imparfait, mais elle avait fait le maximum pour se consacrer à ce défi sportif.
Poussant de grandes expirations pour soulager un point de côté, ses pensées incontrôlables la conduisirent à se souvenir de ses tentatives précédentes ; de ses doigts couverts de poudre violette alors que l'indice, contenu dans un tube fermé, s'autodétruisait en consumant inexorablement le document et son indice.
Elle avait intégré ces échecs comme des enseignements, des leçons pour rebondir et en sortir plus grande, plus forte.
Elle déboucha en trombe sur les allées du jardin du Palais et ses pas soulevèrent de petits nuages blanchâtres. En maintenant une foulée sur place, elle pivota lentement sur elle-même afin de repérer la statue d'Andromède enchainée.
Au bout d'une allée, elle passa devant Ulysse retrouvé par son chien et enfin la princesse éthiopienne juste à côté. Les maillons qui l'entravaient avaient pris une couleur brune, comme de la rouille. Dans l'un des anneaux, elle reconnut une clé.
Sans perdre un instant, elle s'empara de l'outil, déverrouilla l'étui qu'elle portait à son cou et libéra l'indice avant l'échéance. En extrayant le document, elle comprit à sa lecture qu'il lui faudrait entrer dans le palais, en cette Nuit des Musées et rejoindre la chambre impériale.
Heureuse et submergée d'émotions, elle reprit contenance et repartit à l'assaut de l'épreuve suivante, un large sourire éclairant son beau visage...
=O=
Annotations