Ma compagne se plaisait dans le jardin à échanger des mots doux avec les fleurs.

Pendant ce temps, sa petite bichonne toute frisée, s'étirait près d'elle, profitant du soleil pour admirer le reflet de ses moustaches dans la surface étale de l'eau de la piscine.

Un peu de musique classique, en bruit de fond, mettait l'air en émoi et les arbres tout autour de la maison se balançaient en douceur, sans aucun doute enchantés par les instruments de l'orchestre philharmonique.

Le temps clément, la température agréable et quelques heures à se détendre auguraient d'un moment de création. Je conviais en réunion des crayons et des pastels sur ma table à dessin et plusieurs feuilles de Canson, espérant que me viennent des idées originales.

Je venais de déposer, au coin du plan de travail, un mug rempli d'un café fumant, crémeux et ambré. Je pris alors une gorgée, en soufflant juste avant, pour ne pas me brûler la langue. En reposant la tasse, les choses se compliquèrent.

Sans regarder ce que je faisais, ma gomme s'interposa, mettant en péril le récipient qui se mit de guingois. Aussitôt une onde d'ocre accompagnée d'écume se glissa en une belle vague sur mes pages blanches, proposant une œuvre étonnante qui me fit sursauter.

Quelques gouttes s'égarèrent tout autour, augmentant l'effet inattendu dans une sorte d'explosion de jet de fontaine. J'étais loin de deviner qu'un banal accident viendrait m'apporter son lot d'émotions et d'inspiration.

Au lieu de pester contre ma maladresse, j'observais le résultat très nuancé sur les grains gondolés du Velin. J'avais innové en matière d'aquarelle et je me dis que je pourrais essayer avec d'autres liquides comme une boisson à base de thé glacé, agrémentée de rondelles de citron.

Sans modération, bien sûr, je poursuivis jusqu'à une heure indue, entraînant dans mon délire ma compagne dont les mains, maculées de terre grasse et de sève, vinrent apporter à notre inspiration commune.

Le délire devint plus grand, sans rien anticiper, et nous passâmes une magnifique soirée !

=O=