Regardez le petit écureuil qui rôdait dehors

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L’air dans la forêt était à peine moins étouffant que sur la route dans cette journée de début de juin particulièrement chaude. Elena s’arrêta pour essuyer sa transpiration sur les tempes, heureusement qu’elle avait pris son t-shirt de sport, pensa-t-elle, plus léger, car le chemin montait et dans cette chaleur elle se sentait déjà à bout de forces.

Elle suivait une carte IGN sur son téléphone en prenant un sentier presque invisible entre les racines. Elena s’était décidée dans la matinée de trouver la cabane de Marcel Fournier comme dernier effort avant d’abandonner les recherches. La piste restait faible, mais à presque deux semaines de la disparition du professeur, leur enquête n’avait pas beaucoup avancé.

Le congé accordé par le professeur Anselme était écoulé et toujours pas de trace de Hugo Laval. Ils avaient épuisé toutes les autres pistes, et la seule inconnue majeure qui restait, la raison du saccage de l’appartement et du laboratoire, était sèche comme une feuille sur le point de se décoller de sa branche.

Cette balade dans la forêt était donc un peu au hasard, mais avec les dernières informations sur le mari de Géraldine Fournier, cela valait le coup d’y jeter un œil. Géraldine aurait pu abriter le professeur Laval là-bas ? Ou l’enlever ? Mais Elena écarta d’un geste cette dernière possibilité. La vieille dame semblait admirer trop le professeur tant persécuté par ses ennemis pour un tel acte.

Avant de partir, Elena avait essayé de joindre Clémence, puis Karim, puis même Jérôme. Aucun d’entre eux n’avait décroché. Il était tout de même dimanche, et en dehors de leur programme. En route, elle réalisa que Damien pourrait avoir quelques informations intéressantes de son côté. Mais elle n’osa pas l’appeler. Certes, son comportement avait changé dernièrement, peut-être parce que cette enquête l’obligeait de prendre les policiers au sérieux. Mais en réalité, Elena le savait, c’était plutôt son comportement envers elle qui avait changé. Ce n’était peut-être rien. Elle lui écrit un court message lui demandant s’ils ont des nouvelles sur l’enquête .

Le terrain montait et avec l’effort la chaleur restait à peine supportable. Elena jeta un regard sur son plan IGN, elle était proche, il fallait rester sur ses gardes. Un bruit tout près la fit lever les yeux. A ce moment, un coup à la base de la nuque et elle s’écroula.

Quelqu’un lui mit un sac en papier sur la tête et lui attacha les mains au dos avec une cordelette en plastique. On la poussa à se relever et à marcher. Elena avait encore du mal à respirer, réussit difficilement à dire :

- Qui êtes-vous ?

Pas de réponse, à la place, un rire de vieille femme près de son oreille gauche. Était-ce possible ?

- Regardez le petit écureuil qui rôdait dehors, fit la voix de femme.

D’après la chaleur insupportable dans le sac en papier, ils étaient en plein soleil. Elena essaya de se débarrasser du sac, mais un coup sec dans l’épaule lui envoya une douleur inattendue jusqu’à la tempe. Une larme brulante glissa le long de sa joue malgré elle.

- C’est de la police, continua la femme.

La voix lui était familière.

- Comment tu sais ? répondit une voix d’homme.

- Je les ai vus, rigola la femme. Elle et deux mecs, un beau gosse et un gaillard, gloussa-t-elle.

- Intéressant, fit la voix.

- Hey, cria Elena dans son sac, je suis là ! Qui êtes-vous ? Libérez -moi !

- Sinon quoi ? cria la vieille femme. Toi et tes copains policiers vous allez nous taper dessus ? Vous aimez bien ça, hein ?! Taper sur les gens !

Elena la reconnut. Géraldine criait tout près de son oreille et la bousculait sans ménagements. C’était certainement elle qui l’avait frappé plus tôt.

- Fais-la entrer, dit l’homme.

Pourrait-il être le professeur Laval ? Impossible d'en être sûr il criait sur l’enregistrement de l’université, sa voix ici était méthodiquement calme.

Et la voici maintenant renfermée dans cette pièce à balais, frappée encore une fois à la tête, avec le sang coagulé dans ses sourcils et un chat roulé en boule au contact de son ventre.

Et elle continua à essayer de recoller le reste du puzzle, alors qu’elle sombrait peu à peu dans l’inconscience et que des cris retentissaient dehors. La porte s’ouvrit, avec le chat qui fit un bond, et une silhouette qui devrait lui être familière se pencha au-dessus d’elle en retenant son souffle.

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