La dette du Keaton — Conte Sheikah

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Il y avait une fois, dans la province de Necluda, un homme et une femme tous deux très âgés. Chaque jour, l'homme partait au marché vendre du bois ramassé dans la forêt et les légumes que sa femme cultivait dans leur jardin. Ils n'étaient pas riches, et le peu d'argent ainsi obtenu leur permettait tout juste de vivre confortablement.

Un jour, l'homme croisa sur le chemin du retour un groupe de garnements qui semblaient bien s'amuser. Il trouva d'abord cela attendrissant, jusqu'à ce qu'il comprenne ce qui faisait tant rire les enfants. Ils avaient pris au piège un renard Keaton, qu'ils piquaient et pinçaient de toutes parts.

Devant le spectacle pathétique de cette créature légendaire acculée par de petites brutes, l'homme sentit qu'il devait intervenir

- Mais en fin, arrêtez ! ordonna-t-il.

Mais les garnements ne l'écoutèrent pas.

- Il est à nous, dit l'un des gamins. C'est nous qu'on l'a piégé !

Alors, l'homme sortit sa bourse et échangea tous les rubis obtenus ce jour-là contre le renard. Sitôt libéré, l'animal s'enfuit. Puis le vieil homme rentra chez lui.

La femme ne fut pas contente du tout.

- Tu n'as rien vendu ? demanda-t-elle. On t'a volé ton argent ?

Quand il lui expliqua qu'il avait dépensé son argent pour sauver le Keaton, son épouse vira au rouge tomate. Elle lui dit que ce genre d'actes, quoique louable, ne leur apportait rien, et que ce soir-là ils n'avaient à manger que des carottes et du chou.

Ils étaient en train de débarrasser la table quand l'homme entendit toquer à la porte. Il alla ouvrir, espérant que ce n'était pas un de ces satanés marchands ambulants. Quelle ne fut pas sa surprise quand, ouvrant la porte, il vit le Keaton. C'était le même qu'il avait sauvé plus tôt, les cicatrices du pauvre animal ne mentaient pas. Il ne fut pas moins étonné quand le renard lui parla.

- Toi qui m'as sauvé la vie, je vais te récompenser, dit le Keaton. Mais je ne suis pas riche.

Il sembla réfléchir, puis eut une idée.

- Je sais, dit-il. Je vais me faire passer pour une peluche, et tu me vendras demain au marché.

Le vieil homme n'accepta d'abord pas cette idée, mais le renard insista jusqu'à le convaincre.

Le lendemain, l'homme prit la route du marché, son sac rempli de carottes et de bois en plus du Keaton. Il dressa son stand, plaça en évidence le renard et, bien vite, le marchand de flèches acheta la soi-disant peluche pour son jeune fils. Le vieil homme put en tirer une coquette somme.

Il rentra chez lui satisfait et montra fièrement à sa femme la pleine bourse de rubis qu'il avait obtenu contre le Keaton. Tous deux furent ravis et, ce soir-là, ils mangèrent comme des princes.

Mais le lendemain, le renard revint à la maison du vieux couple. Le fils du marchand, qui était très jeune, l'avait brutalisé. Il lui avait tiré les poils, mâchouillé la queue, tant et si bien qu'il s'était enfui.

Dans la journée, le marchand de flèches alla trouver le vieil homme et lui demanda de lui rembourser la peluche, qui avait disparu. Ce soir-là, pour la seconde fois, ils mangèrent des carottes et du chou. Mais le Keaton eut une idée.

- Et si je m'inprovisais bête de foire ? proposa-t-il au vieil homme. Je pourrais apprendre des tours, et nous les montrerions dans la rue. Tu pourrais gagner beaucoup de rubis !

Le vieil homme n'y croyait plus, mais le renard semblait si fier de son idée qu'il décida d'essayer. Pendant une semaine, il emmena le renard avec lui quand il se rendait au marché. L'animal multipliait les tours et les rubis pleuvaient.

Des années durant, l'homme et le Keaton se rendirent ensemble au marché. Quand l'animal eut remboursé sa dette et les quitta, le vieil homme et son épouse avaient assez d'argent pour vivre confortablement jusqu'à la fin de leur jours.

Retenez cela : Un vrai acte de bonté est toujours récompensé.

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