Il était une fois une jeune et jolie Zora, aux yeux bleus et aux écailles comme de turquoise. Septième fille du roi, elle était très attentive et curieuse. Elle passait ses journées à flâner sur les plages du lac Zora depuis sa plus tendre enfance et ramassait volontiers les objets oubliés par ceux et celles qui passaient près du lac.

Elle s'était ainsi constitué une grande collection de babioles aussi insolites que variées. Une longue-vue y côtoyait une paire de baguettes, une fiole de potion, une épée ou encore une chemise remplie de trous.

À force d'observer les peuples de la surface, la petite Zora avait fini par développer pour eux une étrange fascination. D'aussi loin qu'elle pouvait se souvenir, elle avait toujours rêvé de visiter le bourg d'Hyrule, le village de Cocorico, la cité Gerudo, les relais et la plaine. Mais les lois des siens l'interdisaient.

En tant de paix, les Zoras ne se mêlaient pas aux autres peuples. C'était ainsi depuis des millénaires, et ce n'était pas près de changer.

Un jour, le jeune prince Hylien vint pique-niquer au bord du lac en compagnie de son père le roi, de sa gouvernante et de quelques amis. La princesse l'observa de loin, assise sur un rocher, et lui fit signe quand il partit, mais il ne la vit pas.

Jour après jour, la princesse revint au même endroit, guettant le retour des Hyliens. Le prince revint deux semaines plus tard. Il salua la princesse à son départ, et la Zora sentit que ses écailles rougissaient.

Leur troisième entrevue fut la dernière. La petite Zora vint s'assoir sur le rocher, jour après jour, année après année, sans jamais le recroiser.

Puis, un jour, le prince apparut au loin. Il courut vers la plage, se déshabilla et se jeta à l'eau. Il nagea un moment, inconscient du danger qui le guettait, et ne vit pas le Lézalfos qui se jeta vers lui. L'Hylien coula comme une pierre.

La Zora frappa de sa lance le terrible lézard, qui battit en retraite. Elle plongea et ramena le prince vers la rive, avant de le rhabiller à la hâte, panser ses blessures et regagner le lac en vitesse, de peur que l'un des siens la dénonce pour avoir aidé un homme de la surface.

Le prince s'éveilla un peu plus tard, persuadé que le courant l'avait rejeté sur la plage. Il ne revint jamais sur la plage, de peur d'y croiser un autre monstre et d'y laisser des plumes.

Mais la jolie princesse des Zoras était tombée amoureuse de lui. Contre l'avis de son père et de ses soeurs, elle alla voir la sorcière du lac Zora. Elle lui expliqua tout et la sorcière lui proposa un marché.

- Je peux préparer une potion qui ferait de toi une Hylienne, proposa la vieille Zora, mais ce n'est pas sans risque. Si, une fois transformée, tu te baignes dans l'eau d'un lac ou d'une rivière, tu mourras.

- Tant pis, je prends le risque !

Une fois la potion préparée, la princesse alla se poster sur la plage et la but cul sec. Aussitôt, la nausée la prit et elle perdit connaissance.

À son réveil, elle regarda autour d'elle et fut d'abord surprise de n'y voir que de l'herbe et le ciel bleu. Puis elle se souvint de ce qui l'avait amenée sur la rive et prit la route du château. Là, elle rencontra le prince. Il tomba sous son charme et, bien vite, on ne croisa plus l'un sans l'autre. La rumeur courait même qu'ils comptaient se marier.

Pendant ce temps, la famille de la princesse s'inquiétait. Ses soeurs l'avaient cherché sur tout le territoire Zora, sans résultat. Quand enfin elles découvrirent la vérité, elles furent folles de rages et de chagrin. Elles allèrent trouver la sorcière du lac et lui demandèrent comment ramener leur soeur. Alors elles conclurent un marché.

le lendemain, la princesse vint marcher près du lac. Elle observa les poissons qui nageaient et, au loin, la silhouette gracieuse du domaine Zora. Pourrait-elle un jour y retourner ?

Soudain, six jolies Zoras émergèrent de l'eau. La princesse eut du mal à reconnaître ses soeurs. Leurs écailles autrefois bariolées semblaient ternes et grisâtres.

- Mais... s'étonna la fiancée du prince. Que vous est-il arrivé ?

- Nous avons échangé les couleurs de nos écailles contre un moyen de te délivrer de cette malédiction, répondirent-elles.

Elles lui tendirent un poignard d'argent incrusté de saphirs.

- Tue ton prince avec ce couteau, et tu redeviendras l'une des nôtres.

Mais la princesse refusa, planta le poignard dans le sol, et de cet endroit jaillit une source cristalline qui se déversa le long des collines et devint une cascade.

Puis la princesse retourna au château, où l'attendait l'héritier Hylien. La légende raconte qu'ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

La morale est la suivante : Les bonnes causes ne reculent devant aucun obstacle. À coeur vaillant, rien d'impossible.