De retour chez DIAMARTÈNE, la lumière est rouge.
ONION prépare une ratatouille aux bons parfums de soleil, de quoi se sentir à la maison.
DIAMARTÈNE rentre en claquant la porte.

DIAMARTÈNE
C’en est fini ! Onion ! C’en est fini de mon cœur tendre ! Elle l’a attrapé avec ses doigts crochus pour l’écraser comme elle l’aurait fait avec une mouche repue de la plus répugnante des charognes ! Non ! Plutôt comme un moustique qui nous incommode de suçons et démangeaisons !
Voilà tout ce que je suis pour elle ! Un vulgaire moustique !

ONION (cache un sourire)
Oh non, quelle tristesse, quel désespoir ! Encore une pie-grièche qui ne sait voir en vous l’Homme idéal !

DIAMARTÈNE
J’ai voulu lui offrir mon cœur, elle n’aura que ma haine !

On toque à la porte.

ONION
Nous attendions de la compagnie ?

DIAMARTÈNE hausse les épaules, confus.
On retoque à la porte.

SAMBUQUE (derrière la porte)
Allo ? Allo ? Il y a quelqu’un ?...
Roh bon sang, on m’aurait donné la mauvaise adresse ? Encore ?...

ONION
Souhaitez-vous que j’y réponde seigneur ?

DIAMARTÈNE
Je sais pas ? Oui ?

ONION
Et bien donc ! Qu’est-ce pour ? Qui nous acclame ?

SAMBUQUE (derrière la porte)
Ah ! Ah oui ! Alors, euh, c’est Sambu-, ah non, euh, c’est Personne, votre euh… La voisine du coin de la rue !

ONION lance un regard “tu connais ?” à DIAMARTÈNE,
qui fait une moue de “j’en sais rien !”.

ONION (ouvrant la porte)
Vraiment ? Il ne me semble pas que votre faciès fasse partie de mon répertoire. Êtes-vous sûre que nous nous connaissons ? Vous aviez peut-être oublié de vous présenter ?

SAMBUQUE (entrant sans demander permission)
Oui oui, ça doit être ça, j’ai une mémoire pas très efficiente, faut le savoir. Alors, j'oublie, j’oublie et… J’oublie pourquoi je suis censée être ici.
(Elle sort un papier de sa poche, plié en quatre, qu’elle galère à décrypter.)
Elimi…ner la… Cible…
Homme… habitant au… 13 avenue des béotiens !

DIAMARTÈNE
C’est bien ici.

SAMBUQUE
Aaaahhhh mais c’était ça ! Mince !
On fait comme si vous n’aviez rien entendu ? D’accord ?

DIAMARTÈNE et Onion restent interdits.
Elle fouille ses poches, ahurie, elle se fouille tout le corps.

SAMBUQUE
C’est vraiment incroyable. Je crois que j’ai oublié le plus important.
Je ne l’aurais pas fait tomber par là ?
Dites-moi, un objet pointu, en fer, (mimant) grand comme ça, ça vous dit quelque chose ? Je suis sûr que vous l’avez sous le bout de la langue !

ONION (la poussant vers la sortie)
Si si, j’ai dû le voir plus loin là-bas, sur le trottoir, jetez-y un œil !

Il ferme la porte à clef.

SAMBUQUE (derrière la porte, s’éloignant)
Mais. Je me suis faite mettre à la porte, ma parole !
C’est vraiment pas juste ! J’aurais mieux fait de ne pas sortir de chez moi, de boire du thé, et manger du chocolat…

DIAMARTÈNE
Et voilà ! Regarde Onion ! Une femme qui cherche à me tuer ! On envoie maintenant un assassin ! INCOMPETENT qui plus est ! C’est là tout ce que je leur inspire ?! Une nuisance à balayer d’un coup de couteau, mais il ne faudrait pas que ça soit trop coûteux quand même, car hein, ça serait se salir ?!

ONION
Mon pauvre maître ! Inspirez un bon coup, expirez tranquillement. Sortons par la porte de derrière et allons nous promener, que vous puissiez extérioriser un peu. Rappelez-vous des conseils de Chicarré, votre sophrologue ; dessinez un octogone avec votre respiration.
Et 1…2…3…4 et 5…6…7…8 et ...

Ils s’éloignent en continuant de compter,
la voix d’onion s'amenuise peu à peu jusqu’à ce que le rideau soit tiré.