SCÈNE II. Suquon, Onion.

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Dans un jardin fleuri d’Athènes-en-larmes, Suquon à genoux travaille la terre.
Onion se promène triste, quand il tombe sur le jardinier.

ONION
Tiens, Suquon. Cela fait bien longtemps que je ne t’ai pas vu.

SUQUON
Adi ! Z’étiez occupé m’sieur, c’est bien normal.

ONION
Tu jardines ?

SUQUON
Ben non j’cuisine ! Ah con, z’avez pas gagné des neurones avec c’t’histoire.

ONION
Que connais-tu de l’amour mon bon ami ?

SUQUON
Oh, beaucoup de chose et pas grand-chose. T’sais, l’amour c’est pas plus compliqué qu’ça.

ONION
Je crois au contraire que c’est la plus complexe des sciences.

SUQUON
Pourquoi ? Z’avez une donzelle en tête ?

ONION
Tu te souviens de Diamartène ?

SUQUON
Un peu qu’j’men souviens ! Pas possible el gamin. Y courait partout qu’j’arrivais pas à l’attraper ! C’est lui qu’t’aime c’est ça ?

ONION
Et bien… Oui je crois. Enfin, comment sait-on qu’on est amoureux ?

SUQUON
Ben… Allons voir… Tu penses à lui des fois ?

ONION
Pas un seul instant ne passe sans que je songe à lui. Le soir, quand je me couche, je passe parfois une heure à me remémorer ses bras, son sourire avant de réaliser que j’ai oublié de m’endormir. Quand il n’est pas là, je le cherche. Je cherche le son de sa voix, ses pas dans l’escalier, l’éclat de son rire, le teint rouge de sa cape, un pan de sa toge, le parfum d’iode et d’ambre gris qui le suit.

SUQUON
Ah oui ça, c'est un signe déjà. Et tu dirais que t’as envie de le voir souvent alors ?

ONION
Plus que souvent, tout le temps. Quand on est ensemble, tout est plus clair. Il me comprend mieux que je ne me comprends moi-même, et je pense l’inverse vrai aussi... Ce qu'on peut rire quand on n'est que tous les deux. Rien ne peut me séparer de lui, je crois pas même la mort… Tu te souviens d’Orphée ?

SUQUON
Un peu que j’m'en souviens. Une histoire bien triste.

ONION
Et bien je le trouve bien courageux d’avoir fait le choix du poète, mais pour ma part si je dois braver les enfers pour retrouver mon Diamar, il pourra m’appeler tant qu’il le voudra, il faudra que je sois fou pour me retourner.

SUQUON
Ah ouais ouais, ça ressemble bien à de l’amour. Et tu le trouves beau ?

ONION
Je ne sais pas si j’ose… Disons que son corps, c’est le roc sur l’océan. Sculptural, droit, fort. Chaque fois qu’une vague le lèche, il luit un peu plus de toute sa saillance virile et je la jalouse. Comme j’aimerais être l’écume qui frange ses arêtes. Mais je ne suis qu’un hareng, qui lui nage autour sans oser le toucher. Et je vois ces moules qui s’y accrochent, et je veux les écraser du bout du pied ! Enfin, je divague. Bien sûr que je le trouve beau, c’est l’acmé du sublime.

SUQUON
Alors, tu dirais pas non à un peu d’contact physique té ?

ONION
Ah ça. Si je pouvais rien qu’une nuit, voguer sur ses lèvres, le laisser m’inonder de ses doigts. Rien d’autre qu’une étreinte, dans ses bras forts et bons, et je pourrais mourir heureux et entier.

SUQUON
Eh bah. Eros est passé par là !

ONION
Ce n’est pas que ça. J’ai besoin de sa tendresse. Qu’il me fasse tournoyer dans le vent, qu’il caresse mes cheveux, qu’il me sourit. En est-il seulement capable ?

SUQUON
Mmh. Et tu te poses vraiment la question d’savoir si tu l’aimes ?

ONION
Non, tu as raison, je le sais déjà. J’essayais de me convaincre que nous étions amis, mais c’est plus que ça. Enfin pour moi.

SUQUON
Va lui dire !

ONION
Tu crois ?

SUQUON
J’suis sûr !

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