Chapitre 12
* "Bon, l'Enfer c'est bien, mais il est où le sesque ? "
Impatient de lire une telle scène, n'est-ce pas ? Eh bien soyez heureux, les préliminaires sont finis, à présent notre petit chose va en baver ! Et dans tous les sens du terme ^^
Comme toujours, n'hésitez pas à me corriger ou à me faire part de vos suggestions pour m'améliorer.
Bonne lecture... *
Dans la panique, je parviens à me souvenir que je suis libre de poser des questions. À défaut de pouvoir m’extraire de ses sales pattes, je peux peut-être retarder le moment où il les posera sur moi.
Une question des plus naïves me vient en tête.
— Est-ce ma chambre, maître Astaroth ?
Un rictus traverse les lèvres du déchu.
— Penses-tu réellement que j’accorde une chambre à chacune de mes possessions ?
Je serre les dents tandis que je sens le rouge me monter aux joues. Devoir l’appeler « maître » me répugne, quant à la condescendance dans sa voix… La terreur ressentie plus tôt s’est dissipée, laissant place au dégoût et à la colère. Il faut absolument que je garde mon calme, je ne peux pas me permettre la même folie qu’avec Solange dans la voiture. Putain, cette garce me manquerait presque ! Je repense à la plage noire, aux damnés… Je ne veux vraiment pas finir comme ça…
Il attend visiblement une réponse, je secoue légèrement ma tête.
— Non, maître Astaroth…
Satisfait, il s’assoit sur le lit, me forçant avec la chaîne à me tenir à tout juste un mètre de lui. Son regard cuivré parcourt mes formes. Je tuerais pour un jean et un pull extra large.
— Je ne pensais pas que les démons avaient besoin de dormir ?
Ma fausse candeur me donne envie de vomir.
— Je n’en ai pas besoin. En revanche, j’ai besoin de m’extraire de ma carnation pour survoler l’immensité des futurs les plus probables, pour sonder le cœur de proies humaines et pour espionner les autres démons majeurs ; je tiens à m’assurer que nul ne conspire contre moi.
— Est-ce déjà arrivé ?
Son regard croise le mien, une étincelle cruelle y brille un instant, déclenchant un effroyable frisson le long de mon échine.
— J’étais un ange de haut rang, il n’y a pas un démon ici qui ne rêve pas de parader avec ma tête au bout de son bras et s’approprier mes légions. Mais je suis aussi devenu un être infernal particulièrement puissant, rares sont ceux qui sont assez fous pour me défier.
Et encore plus rares les humains, je suppose…
— Je peux faire cela dans n’importe quelle position, mais j’aime le confort. Par ailleurs, tu t’en doutes, cet espace me sert à bien d’autres choses.
Il tire sur la chaîne, me forçant à m’avancer d’une trentaine de centimètres. Après l’ascenseur émotionnel des dernières heures, c’est trop pour moi. Je veux faire une pause. M’isoler dans ma baignoire. Seule. Libre. Hors de la vue de quiconque. J’ai envie de hurler l’injustice de ma situation. Je veux lui arracher cette chaîne des mains. Je veux m’enfuir.
Il tire un peu plus, encore une trentaine de centimètres de sécurité qui s’efface. J’ai l’impression d’étouffer.
Je m’apprête à poser une autre question stupide, quand il brise soudain la distance en me frôlant. Ne sachant toujours pas comment réagir face à ce genre de situation, face à lui, je perds mes mots, le souffle me manque cruellement.
Du bout des doigts, Astaroth caresse ma hanche avec une douceur surprenante. La délicatesse de son toucher déclenche un frisson que je voudrais plus désagréable, je me surprends à guetter son prochain mouvement.
Il tire à nouveau sur la chaîne.
La distance qui me sépare à présent de lui est dérisoire. L’odeur du feu m’envahit. Sa main glisse le long de ma cuisse avant de se poser, sa chaleur irradie ma chair. Mon coeur bat plus fort tandis qu’il remonte jusqu’au galbe de mes fesses dont il s’empare doucement tout en se penchant sur mon ventre. Son souffle sur ma peau déclenche un honteux frémissement.
Comment peut-il avoir une telle emprise sur moi, sur mon corps ? Est-ce de la soumission ou de la survie ? Qiao me revient en mémoire, refroidissant mes ardeurs, me rappelant que je suis entre les mains d’un tyran, aussi délicat soit-il.
Je serre les dents.
Ce démon peut posséder mon âme ou mon corps, mon esprit restera hors limite. Pourquoi ne pas briser l’ambiance avec une question stupide d’ailleurs ? Lui montrer que je reste maîtresse de mes émotions ?
— Est-ce qu…
Les mots meurent dans ma gorge tandis que les ailes du déchu s’ouvrent en grand, avant de se refermer autour de moi, pressant doucement dans mon dos, me contraignant à effacer le résidu de distance entre nous. Son odeur et sa chaleur me submergent. La contrainte sur mon cou disparaît tandis que résonne le bruit d’une chaîne s’échouant au sol. Je n’ai pas le temps de savourer cette maigre liberté, sa main libre vient se saisir de mon sein droit, le serrant avec avidité tandis que son visage remonte au gauche. Je n’ose pas baisser les yeux et assister à ce qui m’arrive, je préfère rester lâchement passive. Ma concentration toute entière est focalisée sur un dessin du marbre face à moi. Une exclamation m’échappe pourtant lorsque je sens la langue râpeuse s’aventurer sur ma peau fragile.
— Tu as perdu l’usage de la parole, petite chose ? Me nargue le démon d’une voix lascive.
Je m’apprête à répondre avec audace, quand je le sens lécher mon mamelon. La sensation est nouvelle, grisante et j’ai honte de l’admettre, mais aussi excitante… D’autant que ses caresses se poursuivent langoureusement sur chaque partie de mon corps. Ma respiration s’accélère malgré moi.
Je le déteste.
Je me déteste.
Mon corps ne m’est pas complètement inconnu ; je me suis déjà touchée, seule à l’abri des regards pendant ma douche… Mais jamais je n’ai atteint ce niveau d’excitation. Je ne peux pas lui succomber aussi facilement, je ne veux pas ! J’ai l’impression d’être deux ; mon corps qui se contrefout de qui le touche pourvu que ce délice ne s’arrête pas et mon esprit qui ne veut pas céder, qui veut gifler et repousser cet être qui prétend avoir tous les droits sur moi, sur mon corps.
Non sans mal, je parviens à maigrement me ressaisir, je m’apprête de nouveau à tenter de prendra la parole, mais le monde se met à tournoyer et avant de comprendre ce qui m’arrive, je me retrouve étendue sur le lit. Astaroth se tient au-dessus de moi ; je ne peux échapper à son regard. Il me dévisage avec intensité sans pour autant laisser paraître la moindre émotion.
Je me sens terriblement nue et vulnérable. Je suis terrifiée à l’idée de ce qu’il va certainement me faire… J’ai peur de souffrir… J’ai peur qu’il me fasse mal…
Avec des gestes fermes, il s’empare de mon bras gauche, puis du droit pour les mettre au-dessus de ma tête. À peine les relâche-t-il que je sens un métal froid s’enrouler autour de chacun de mes poignets.
Des larmes m’échappent. Je mords l’intérieur de mes joues si fort pour ne pas gémir, que le goût métallique du sang inonde ma bouche.
D’un geste doux, il efface mes larmes.
— J’aime profiter de mes possessions, mais j’aime aussi être adulé, c’est pourquoi tu n’auras pas mal à moins que cela soit mon désir. Je vois que tu vas me résister, mais sache que c’est inutile ; tu finiras par aimer tout ce que je te demande, tu finiras par me désirer…
Sa voix est divine, enchanteresse, mais ses mots sont du poison.
Malgré moi, sa chaleur et son odeur m’enivrent, ses caresses m’attisent. J’ai l’impression que ma peau est en feu, c’est alors que je sens sa main (enfin !) se glisser (non, je ne peux avoir attendu ce moment, c’est faux !) entre mes cuisses.
Une lutte infernale fait rage en moi : plus que tout je veux serrer les jambes et le repousser, mais une autre part de moi se demande : à quoi bon lutter ? Après tout, ce n’est pas si désagréable ? L’image de ses ongles crochus et noirs me revient en mémoire ; il va m’écorcher de l’intérieur ! Cette pensée fait pencher la balance en faveur de la résistance… avant de disparaître. Le déchu est d’une habileté incroyable. Ses doigts glissent langoureusement entre mes lèvres, frôlant, contournant et effleurant odieusement mon clitoris, me rendant rapidement rapidement folle. Ma respiration s’accélère, je ne peux m’empêcher de me cambrer sous les caresses de mon bourreau.
Ne supportant plus cette étincelle victorieuse dans son regard, je commets l’erreur de fermer les yeux.
La vue en moins, mon sens du toucher semble s’intensifier ; je ne peux me détourner de ce que mon corps subit. Je ressens tous avec une intensité foudroyante : le métal froid qui sangle mes poignets, le divin soyeux des plumes contre mes flans, le souffle ardent du démon sur ma peau… Ce souffle qui glisse de mon cou à mon ventre telle une caresse, j’ai effroyablement chaud et pourtant frissonne, c’est une vraie torture. Le déchu ne s’arrête pas là et poursuit sa descente entre mes cuisses ; je ne pense même pas à lutter lorsqu’il les écarte. Sa respiration sur mes lèvres déclenche un sursaut de mon bassin, tandis qu’une exclamation m’échappe.
Je mords l’intérieur de mes joues et je maudis mon corps, ce traître.
C’est alors que je sens sa langue se glisser en moi. Je pensais avoir atteint les limites de l’excitation, il n’en est rien. Ses va-et-vient, d’abord lents, s’accélèrent rapidement tandis qu’il tient fermement mes cuisses. Jamais mon cœur n’a battu aussi vite, jamais ma peau ne m’a tant brûlée et cela me répugne de l’admettre, mais jamais je n’ai connu une telle ivresse des sens, une telle extase… Je me retiens de gémir, je ne veux pas lui donner cette satisfaction, mais alors que sa langue s’aventure sur mon clitoris, la raison m’abandonne et mon corps ne reconnaît plus qu’un seul maître, celui qui lui donne tant de plaisir. Lentement, mais sûrement, je sens une tension monter dans mon aine, cette sensation familière annonciatrice d’un orgasme à venir, orgasme qui s’annonce dévastateur. Mes mains s’accrochent au métal de mes entraves. Au diable la raison, après tout ce que j’ai enduré, je veux cette dose de félicité ! Les coups de langue d’Astaroth s’accélèrent, exerçant une divine pression entre mes lèvres. Lascive, je goûte chaque vague de frisson qui me parcourt, je suis au seuil de la folie, impatiente de me perdre dans la béatitude de la jouissance.
Quand soudain, il s’arrête.
Je rouvre les yeux, haletante, le corps parcouru de frissons. Je le dévisage, perdue. Le démon se redresse et s’éloigne, me privant de sa chaleur, me laissant frustrée. Il arbore un air à la fois hautain et moqueur.
— Tu n’espères tout de même pas connaître l’extase sans l’avoir méritée ?
J’entrouvre la bouche, mais rien ne sort. Que puis-je répondre à ça ?
— Obéis-moi, satisfais-moi correctement et lorsque nous serons ici, je t’offrirai le choix suivant : une conversation où tu pourras me poser n’importe quelle question ou un moment comme celui-ci où je te ferai l’honneur de profiter de mon adresse.
Q-Quoi ? Je finis par redescendre de mon nuage, la raison me bif…gifle d’avoir été si téméraire. Je réalise que mes cuisses sont toujours écartées, mon intimité offerte à la vue de cet être infâme. Je les resserre aussitôt dans un élan pathétique et tardif de pudeur. J’ai la gorge sèche et les mots me manquent pour traduire toute ma frustration et mon dégoût face à cette pseudo proposition.
— Quant à la question de l’orgasme, il ne dépend que de toi : pour l’obtenir, tu dois me demander de m’unir à toi, de prendre ta virginité.
C’est quoi cette putain d’obsession pour un bout de peau à l’entrée du vagin ? Je suis pantoise face à ce discours rétrograde, archaïque. J’en retiens néanmoins une chose : il ne me touchera pas à moins que je le demande. Je sens soudain l’entrave se défaire de mes poignets, je me relève péniblement et masse mes articulations. Le regard du déchu s’assombrit.
— À l’avenir, tu attendras mon autorisation pour changer de position. Maintenant, descends du lit.
Les jambes encore flageolantes (et humides) de ce moment honteux, je m’exécute. À peine ai-je les pieds au sol, que le démon claque des doigts, déclenchant une décharge électrique le long de ma colonne vertébrale.
— Posture. Je t’avais prévenue de faire attention.
Les larmes montent à mes yeux avant même que je ne le réalise, l’ascenseur émotionnel est trop brutal, je suis à deux doigts de craquer. Je trouve néanmoins la force de répondre à sa demande et reprends ma position d’esclave, droite, les bras dans le dos.
D’un geste altier, il désigne le sol au pied du lit.
— À moins que je ne t’invite à faire autrement, ta place est ici pour dormir. Je te conseille de profiter de ce repos.
Sans autre forme de procès, il se détourne de moi et s’allonge sur le lit, ses ailes déployées dépassant de chaque côté. La luminosité s’estompe doucement jusqu’à disparaître, me laissant seule dans l’obscurité, nue, frigorifiée et désemparée.
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