Partie 4 - Transport
LAZARE
Partie 4 - Transport
Quand il ouvrit les yeux, dans le brouillard, il ne comprit pas immédiatement où il se trouvait. Il voyait des plantes aux couleurs flamboyantes, des troncs d’arbre titanesque, touchant presque les cieux. Il réalisa alors que rien n’était dans le bon sens. Il essaya de redresser la tête, afin d’obtenir un aperçu d’à quel point sa situation était désespérée. Il en était incapable.
Son corps entier refusait de lui obéir. Il ne sentait plus rien, ni peur, ni froid, ni douleur, si bien qu’il crut un instant être mort. Et pourtant, il réfléchissait toujours. Les morts ne pouvaient bouger seuls, or, il avançait. Le territoire forestier se mouvait devant lui, sans qu’il ne comprenne pourquoi. Il tâcha de se remémorer ses derniers moments de conscience. La manticore. Les battements de son coeur s'accélérèrent.
Pris d’un très mauvais sentiment, la peur, mais plus encore la panique, gagna de nouveau son âme. Il essaya d’appeler à l’aide, sans succès : sa mâchoire ne bougea pas. Ses bras non plus ne répondait pas. Il mourrait d’envie de crier, d’appeler à l’aide mais il n’y arrivait pas. Et soudain, son corps s’affaissa lourdement.
Son dos heurta cruellement le sol et il se retrouva le visage tourné vers le ciel, dont la noirceur était masquée par les hauts arbres touffus de la forêt de Querod. Son sang se glaça quand il comprit la gravité de sa situation. La gueule de la manticore se trouvait au dessus de lui. La bête haletait, d’épais filets de sang coulaient sur ses jambes inanimées. Lazare aurait aimé disparaître, s’enfoncer dans le sol et ne plus jamais en sortir.
La créature semblait en mauvais état : la plaie de sa poitrine saignait abondamment, couvrant son pelage de tâches rouge vif. La manticore vacilla, probablement fatiguée et finit par se coucher au sol en poussant un gémissement comparable à celui d’un chiot malheureux. Les yeux imposants du monstre se posèrent sur lui. Lazare sentit sa propre respiration accélérer quand la patte titanesque de celle-ci se posa sur son torse. Allait-il être le dernier repas du monstre condamné ?
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