En guise de metteuse d’ambiance supplémentaire, il y a la fête foraine : mise en abyme, la fête dans la fête. Quoi de mieux pour donner aux festivités des impressions de féérie encore plus grande ? Le léger enivrement qui opère chez moi m'apporte par flashs sensoriels tout ce qui se passe autour de moi. J'entends des rires à gorge déployée et le chant de chœurs basques improvisés sous les arceaux de la rue Port Neuf qui vous prend aux tripes. Je perçois aussi l'appel si reconnaissable des forains au micro pour oser monter dans le train fantôme, je sens l'odeur de la barbe à papa qui tourne sans cesse, distribuant des nuages de bonheur à laisser fondre sur les chaudes langues en attente de plaisir... Je verrais un cracheur de feu au détour d'une rue que je n'en serais même pas surpris tant les fêtes rendent adaptables à tout !

Je marche au milieu de cette foule en liesse, qui cesse de se laisser tenir en laisse par l’ennui, le temps de cinq nuits fabuleuses. Je prends de la hauteur, en retrait momentané, pour mieux contempler cette marée humaine de rouge et blanc. On croirait une métaphore biologique de la vie où on pourrait voir globules blancs et globules rouges conduire l'oxygène à travers toutes les artères principales de Bayonne. Quel magique organisme vivant ! La mairie en serait le cerveau, le Roi Léon en serait les yeux s'ouvrant le jour et se refermant la nuit, le jardin botanique en serait les poumons et les cours d'eau de la ville les veines.

On a même les anticorps tôt le matin : ces agents municipaux qui lors de leur ballet quotidien, balaient inlassablement les rues, les débarrassant de ses toxines !

Tout cet ensemble crée une synergie sidérante, si grisante !