Inquiétudes
— Être le centre de l’attention est toujours un rêve crois-moi mais…
— Mais ?
— Mais ça dépend comment.
— Hein ?
— Je ne sais pas ce que vous manigancer tous. En tout cas, j’ai réussi à briller lors de mes concerts. En dansant et chantant mes propres textes.
— Par ce que tu en est l’autrice ?
— Oui, je croyais te l’avoir dit.
— Je m’en serais souvenu.
— Nous aussi ! S’interpose Tania.
— Au lieu d’écouter aux portes, aide-moi à me repérer !
— Oui César.
— Merci l’ami !
— De rien mon frère !
— On ne les arrêtera jamais ces deux-là !
— Oui, de vrais inséparables. Enfin bref, il faut juste savoir que ces dernières semaines, j’ai assez donné.
— Oui, tu sembles épuisé.
— Tu vois ! Pourquoi vouloir faire une fête alors que j’ai juste besoin de repos ?!
— Qui t’as parlé de fête ?
— Bé excuse-moi, tu as un beau costume et j’ai aussi trois tenues aux choix ! Pourquoi tu ris ?
— Pour rien. Tu es si impatiente et on dirait une enfant. Tellement longtemps que je ne t’ai pas vu comme ça ! Depuis l’annonce du concours du chant en fait.
— J’ai surtout peur de tes folies !
— Rassure-toi, tout va bien se passer.
— J’ai changé depuis mon retour de l’hôpital…
— J’imagine que passer entre les mailles du filet ou alors le sentiment de pas mériter cette chance de survie, est normal. Tu en parlé à un thérapeute ?
— Disons que j’étais très heureuse jusqu’à aujourd’hui. J’espérais tellement vouloir cette deuxième chance que je n’ai pas pensé au revers de la médaille. Depuis mes concerts, je revis le fils de ma vie et tout ses bons ou mauvais moments. En fait…
Je refixe la route en remarquant qu’on quitte la ville. Roberto me force à le regarder et s’approche de moi pour que je me love dans ses bras. Il sèche mes larmes et je pense que c’est peut-être le moment de tout lui dire. Mais qui sait s’il ne va pas en discuter avec Adela et par effet boule de neige, mes parents me retortureront de questions ?
— Dis-moi, quoi qui se passe ou c’est passé, c’est justement fini. Et tu as toute ma confiance comme les deux autres pour être à tes côtés. Je t’aime et t’aimerais toujours, sache-le ma belle.
Son baiser sur mes cheveux, son odeur et juste sa présence, me redonne de la force. Eva n’aurait pas aimé que je flanche. Par sécurité, je maquille la vérité.
— Quand j’ai eu treize ans, ma seule meilleure amie, depuis la petite enfance, la seule voisine du quartier s’est suicidée. Personne n’a jamais su pourquoi. Ni moi, elle me confier absolument tout pourtant !
— Et comment tu as vécu tout ça ?
— Au début très mal, une trahison mais rapidement, par mes textes et ma danse, j’ai fait mon deuil. Avec le groupe quand on pouvait, on enregistrer. Et puis comme si, ce n’est pas le mot, désolé pour elle, mais j’ai avancé en tout barricadant. Comme si elle n’a jamais existé. Est-ce que je lui en veux ? Encore aujourd’hui un peu. Je me suis construite autrement sans elle car avant on était comme deux sœurs. Aujourd’hui, je repense à son acte et je commence à moins lui en vouloir. Si elle souffrait vraiment ? Si je ne pouvais la sauver ? Pourquoi ne pas faire de même pour moi ? Personne ne peut me sauver si ?
— Marta ?
— Hum ?
Je le regarde à nouveau sécher mes joues humides.
— Désolé de te pourrir ta bonne humeur. Comme d’habitude, je gâche tout !
— Non, non. Je sens que tu avais besoin de te confier. Mais, je pense que tu dois en discuter avec un psychologue ou un groupe de paroles.
— Je vais bien ! Je ne pense même pas à la mort !
— Bé disons que ta dernière question m’interroge…
— Ok, j’ai eu à nouveau, il y a quelques jours, ce genre d’idées.
— Après je n’ai pas vraiment compris…
— Cela n’a aucune importance. J’avais déjà eu ce genre de pensées fugaces par le passé mais l’important c’est que tu sois là ! Que vous soyez là ! Et que je suis encore en vie pour profiter de ce dont j’ai envie. J’ai réussi mon objectif et je suis en attente d’en réaliser d’autres.
— Ton sourire me rassure un peu mieux mais je veux t’entendre dire qu’à la moindre pensée encore noire, tu files consulter ? Ok ?
— Oui. Ne t’inquiète pas !
— Bien, merci. Tu veux boire quelque chose ?
— On arrive dans combien de temps ?
— Deux heures à peu près.
— Ok…alors donne-moi un jus de goyave !
— Très bien ma belle.
Il sort du mini bar ma boisson servi dans un verre et on trinque avec un baiser avec sa bière. Puis prise de fatigue, je me repose allonger sur le canapé. Enfin, on arrive sur place et je découvre un port. Roberto sort deux valises et son sac à dos.
— Eu ? On va voyager ?
— Exactement ma belle ! J’ai demandé une permission d’absence à Carmen et ta famille pour t’embarquer sur ce yacht privé !
— Tu en finis jamais des surprises !
— Héla oui !
— Tu as le permis ?
— Non pas la peine ! J’ai loué un capitaine mais promis il nous laissera en paix assez souvent !
— Et on voyage combien de temps ?
— Deux semaines !
— Mes rendez-vous ! J’aurais dû décaler !
— J’ai vérifié, aucun à l’horizon. Tout est en régle !
— Et mes tenues ?!
— Juste entre nous. Bien, on embarque ?
— C’est une façon de fêter ma réussite ?
— En autre ! Aller, remercie nos amis, ils ont tenu à venir nous souhaitez bon voyage !
— Avec plaisir ! Sourit César
— Merci les amis !
— Je t’en prie Marta ! Je précise qu’on n’a pas payer le bateau mais on a participé au frais de la limousine ! Bon aller, vous avez des souvenirs à créer.
— Encore merci Tania et à toi aussi César !
Une fois sur le bateau, le capitaine nous fait le tour puis nous offre du champagne. Un peu moins alcoolisé pour moi. Je profite de me poser ensuite derrière en maillot de bain suivi de Roberto. J’ai vraiment, oui de la chance. Quelle idée de vouloir m’en aller ! Attendons que le ciel m’attrape.
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