Comportement étrange

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— Marta ?

— Hum ?

— Tu comptes m’aider à ranger ces pots ou rester comme ma plante à fixer le voisin ?

Je me rapproche d’elle avec un de mes petits orangers pour faussement la réprimander. Elle se dépêche gênée.

— Je le pose où ?

— Dans le couloir, ton père m’aidera à les ranger dans la serre.

— Maman ?

— Quoi ?

— Question de sécurité, ce n’est pas top…

— Tu t’occupes de ça maintenant ?

— Arrête de te moquer ! C’est juste en cas d’incendie, ou autre, il faut rapidement fuir.

Elle croise les bras, fière comme elle en a l’habitude.

— Bien, alors, déplace les autres vers l’entrée côté cour. Je fais fermer la voiture.

Une fois dehors, je salue en retour Alvaro. Il ne vient plus trop souvent ici et je n’ai jamais osé lui poser la question. Tout comme sa soudaine disparition. Mon mari, toujours méfiant, m’a déconseillé de lui parler et je ne sais pas pourquoi, je n’ose pas désobéir. J’ai eu beau, argumenter en faveur du voisin, les vieilles théories ont la vie dure.

Et je remarque que même lui, à peur de nous parler. Je ferme la voiture et je reste encore sidérée par l’attention de ma fille. Même en claquant la porte, elle ne décolle pas son regard. S’en est presque inquiétant et pour en savoir plus, je continue à la dérider.

— Roberto sait que tu flashes sur Alvaro ?

— Maman !

Je ris quand elle adopte sa carapace.

— Désolé mais je me demande pourquoi tu fais une fixette sur lui !

— Rien, rien. C’est juste que…

— Que ?

— Bé je m’interroge sur pourquoi il est revenu.

— Moi aussi plus que ton père.

— Ouai…

Je sens son mensonge à plein nez. Son agitation trahit sa réflexion comme elle était durant ses trois ans de thérapies. Sauf et heureusement, elle n’est plus sous influence du cannabis. Cependant, que je suppose que le sujet est Eva. Se souvient-elle encore d’un secret ? Ou alors est-ce sa greffe, qui lui fait traverser, les aléas des survivants ? Ou encore l’idée de mourir comme son amie ?

En enfilant mes chaussons et posant les clés, j’hésite à l’interroger. Je me lance même si je connais la chanson.

— Tu vas bien ma puce ?

— Oui maman…

— Hum, je ne suis pas sûr que tu me dises la vérité.

— Si.

— Alors tu pensais à quoi ?

Elle m’invite à m’asseoir dans le salon. J’attends quelques minutes qu’elle relève son regard plein de détresse. Qui me rappelle aussi quand elle nous a annonçait sa terrible maladie.

— Ma puce ?

— Maman…cela va te paraître étrange mais papa rentre à quelle heure ?

— Pour le dîner, pourquoi ?

— J’ai invité Adela aussi.

— Oui, pas de problème mais tu veux nous parler de quoi ?

— Ma mort…

Je me tends et j’essaie de trouver mes mots. Que veut-elle dire ? Sa mort aussi fugace qu’imprévu ? Ou alors retenté le diable quand elle avait quinze ?!

— Ma puce …dis moi en plus. Tu m’inquiète là…

— Mon testament. Je vais voir les chevaux pour réfléchir à tout ça.

— Ils ne sont pas là.

— Où alors ?

— Dans le près de Fernando, comme tous les trois mois.

— Bien. Alors je vais prendre l’air.

Elle me laisse là dans une grande angoisse. Je ne veux pas penser à l’inévitable et c’est vrai que je n’ai pas pensé à ses effets personnels après. C’est à mon tour d’être agitée et encore plus quand je récupère une carte de visite à sa place, tombée de sa poche.

« Alvaro Mendez,

Peintre à la Galerie d’Art, 6 rue Saint-Juste Madrid 28001-28080 »

Mais ce qui m’intrigue le plus, c’est l’étrange texte au dos, de la main de ma fille :

» Je ne commencerais jamais ce que tu attends de la fin de mon existence, j’ai assez attendu pour la mienne et je n’ai pas réussi, mon dernier souhait »

Ma fille est toujours dehors et se comporte encore bizarrement. Qu’est-ce qui lui arrive ? Elle qui était si reposer de ses deux semaines sur la mer. Soudain le téléphone sonne et c’est mon mari qui m’annonce qu’il aura un peu de retard sur la route. Je lui fais par de mes doutes et il me conseille de garder un œil sur elle après son souhait. Et concernant la carte, je la replace sur le canapé.

Puis je vais préparer en avance le dîner. L’arrivée d’Adela, me permet encore plus de décompresser. Marta est enfin rentrée au moment où son père est là. L’ambiance autour de la table est silencieuse puis elle nous informe que finalement, elle a encore le temps de réfléchir.

Sa bonne humeur soudaine, flippante, ne nous est pas dupes mais on l’imite et elle ne remarque rien. Cependant, on a tous en tête son étrange message. Qui sait si on va un jour la résoudre ? On a juste apprit comment elle a su que le voisin est à la fois peintre et serveur ainsi que pourquoi elle est encore intriguée de son absence.

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