Le barbecue
Invitée par Marcelle pour un barbecue le samedi suivant, Valentine arriva vers 11h00 et sonna à la porte d’entrée. C’est Vanessa qui lui ouvrit et l’accueillit chaleureusement.
— Bonjour, vous devez être Valentine !
— Oui, et vous, vous devez être Vanessa, la fille de Marcelle ?
— Exact ! Venez, entrez, ma mère est dans la cuisine, elle prépare les salades et les viandes pour le barbecue. Je propose que nous préparions l’apéro, ce sera sympa pour le retour des hommes qui sont en train de tondre la pelouse du jardin.
Valentine la regarda un peu incrédule, Vanessa le capta et la renseigna,
— Oui, je suis venue avec mon homme, il donne un coup de main à François, le jardin est grand et ils ont tardé à tondre, c’est une vraie jungle.
Rassurée, elle enchaina,
— Je n’ai jamais visité le jardin, je ne suis venue ici qu’en tout début de printemps, il est si grand que ça ?
— Oui, il est grand ! Mais entrez, ma mère nous attend.
D’humeur amicale et se sentant en confiance face à la jeune femme, Valentine proposa,
— Euh, Vanessa, je sais que nous ne nous connaissons pas, mais, nous pourrions peut-être nous tutoyer ?
Vanessa se retourna vers elle et lui sourit,
— Ok pour moi !
En arrivant dans la cuisine elle fut accueillie par Marcelle,
— Ah Valentine, te voilà ! Tu as fait bon voyage ?
Valentine lui fit la bise et lui dit,
— Oui, pas de souci de ce côté-là ! Tu as besoin d’aide pour la préparation des viandes ou autres ? Sinon Vanessa me proposait de préparer l’apéro.
— Dans une bonne demi-heure je vous demanderai d’allumer le barbecue, mais avant, préparez l’apéro, oui, comme cela nous le goûterons avant le retour des hommes !
— Oui, apparemment François est de corvée tonte de pelouse comme me l’a précisé Vanessa.
Marcelle leva les yeux au ciel en souriant et expliqua,
— Le jardin ne ressemblait plus à rien … il fallait intervenir ! Ils sont en train de tondre la pelouse et de tailler les haies, un sacré boulot.
— J’imagine.
— Au fait, je te proposerais bien de leur apporter à boire ; il ne faudrait pas qu’ils se déshydratent !
Marcelle sortit trois bouteilles de citronnade « maison » qu’elle lui tendit,
— Trois ? Il y a François et le copain de Vanessa, c’est pour qui l’autre ?
— Ah oui, Sébastien est là aussi et le copain de Vanessa c’est Fabrice.
Marcelle lui fit un clin d’œil… Valentine ne comprit pas tout ce que cela signifiait, mais se dirigea vers le jardin en lui lançant,
— Ok, j’y vais ! Et ensuite, j’aiderai Vanessa pour l’apéro.
Valentine traversa le jardin pour apporter les boissons aux hommes qui y travaillaient depuis quelques heures. Tout en le traversant, Valentine dut se rendre à l’évidence qu’effectivement ce jardin était grand. Elle entendit des voix d’hommes au loin, des rires et des bruits de taille-haies.
Elle finit par les apercevoir, elle repéra une personne qu’elle ne connaissait pas, ce devait être Fabrice, un grand brun, très longiligne, mais qui semblait savoir se servir du taille haies. Elle aperçut ensuite François qui regardait faire Fabrice, bien planté sur ses jambes, les poings sur les hanches et semblant faire des commentaires qui faisaient rire Fabrice. Soudain, elle vit Sébastien, les bras chargés des branches fraichement coupées, elle le vit jeter ce qu’il portait sur un tas qui démontrait le travail déjà effectué.
Valentine s’arrêta, elle le regarda. Il souriait, son t-shirt gris clair lui collait à la peau, dévoilant les muscles de son torse… Valentine se rendit compte qu’en fait, elle ne l’avait jamais voulu le regarder sous cet angle-là et que cette vision, tout compte fait, lui plaisait bien… plus que bien, même … Elle laissa son esprit digresser sur cette vision qui la remplissait d’un certain bien-être.
Au bout d’un moment, elle se ressaisit, remarquant qu’elle était restée immobile à le regarder. Elle s’avança et les appela en indiquant,
— Qui a envie d’une citronnade toute fraîche pour se désaltérer ?
Tous les trois se tournèrent vers elle et répondirent quasi en chœur ;
— Moi !
Elle s’approcha et se présenta à Fabrice,
— Bonjour, je suppose que vous êtes Fabrice, le compagnon de Vanessa ?
— Exact et vous, Valentine, l’amie de Marcelle.
— Oui, c’est ça !
François s’approcha d’elle et s’empara d’une bouteille qu’il vida quasi d’un trait.
— Aaah Merci Valentine, ce breuvage vient à point, nous étions morts de soif !
— J’imagine François !
Valentine regarda alors Sébastien qui se rapprochait lentement d’elle en souriant.
— Tiens Sébastien, pour toi !
— Merci Valentine. Je ne savais pas que tu venais aujourd’hui.
Il but la moitié de la bouteille de citronnade. Un peu refroidie par ce qu’il venait de dire, elle expliqua, timidement,
— J’ai été invitée par Marcelle… Ça te dérange que je sois présente ?
C’était la première fois qu’ils se revoyaient en chair et en os depuis qu’ils s’étaient embrassés devant l’arrêt de bus. Sébastien sentit le malaise de Valentine et lui dit, pour la rassurer et tenter de dissiper tout malentendu,
— Hé, non, pas du tout Valentine ! Je trouve ça bien… Sauf que maintenant tu m’as vu tout suant, un sale coup pour mon image, non ? J’espère juste que je ne sens pas trop la bête !
Alors qu’il tentait de décoller maladroitement le t-shirt humide de son torse, Valentine se sentit mieux, comme si son sang se remettait à circuler en elle.
— Ne t’inquiète pas, ton image n’est pas écornée Sébastien… Et tu ne sens pas la bête.
Elle lui sourit, le regardant alors qu’il terminait de boire le contenu de la bouteille qu’elle lui avait donnée. Leurs doigts se croisèrent lorsqu’il lui rendit la vidange de la citronnade, ils se dévorèrent du regard tous les deux. Soudain, il lui dit,
— Merci Valentine, j’imagine que tu dois ramener les bouteilles, je connais ma tante.
Il fut interrompu par Fabrice qui lui cria ;
— Hé, Seb ! Arrête de draguer et vient terminer le boulot mon gars, après on ira manger ce qu’elles auront préparé !
Valentine se sentit rougir, Sébastien ferma les yeux, se mordit la lèvre inférieure et se retourna pour répondre à Fabrice tout en indiquant à Valentine de rester là.
— J’arrive Fabrice, mais ramène-moi les vidanges, Valentine les attend pour les ramener à ta belle-mère !
— Ah, oui, si c’est pour contenter belle-maman, je te ramène même celle de François !
Ce qu’il fit dans la minute, tendant les bouteilles vides à Valentine, en lui disant :
— Pour belle-maman !
— Merci, je vais vous laisser terminer le débroussaillage alors !
Elle sourit à Fabrice et se retourna vers Sébastien,
— A tantôt alors ?
— Oui, après une bonne douche, je serai plus présentable…
— Tu es toujours présentable Seb.
Elle se retourna, enjamba quelques branches et reprit son chemin vers la maison tout en laissant voyager son esprit ; c’était comme si elle regardait Sébastien d’un œil neuf, le voir dégoulinant de sueur l’avait un peu ébranlée. Elle avait eu envie de goûter cette sueur, elle avait eu envie de le prendre dans ses bras … là, il n’était plus le Sébastien avec qui elle discutait, là, elle avait vu un aspect « animal » de Sébastien, un aspect qu’elle ne s’était visiblement jamais autorisée à voir auparavant.
Et, waouh, elle l’avait trouvé terriblement attirant. Le soleil inondait ses cheveux blonds, lui donnant quelques reflets roux, il semblait à l’aise dans son corps, un corps bien proportionné, pas trop musclé ; un corps harmonieux…
C’est perdue dans ses pensées qu’elle arriva devant la maison et qu’elle fut interpellée par Vanessa.
— Valentine ?
— Euh, oui, désolée, j’étais perdue dans mes pensées.
— Oui, je le vois bien ! J’ai préparé l’apéro, est-ce que tu pourrais allumer le feu du barbecue ? Je n’ai jamais réussi à faire ça correctement…
— Pas de souci, c’est dans mes cordes !
— Et, ça va ? Les hommes ont bien bossé ?
— Oui, j’ai vu de gros tas de déchets, ils ont dû travailler dur ! Et ils ont faim ! Ils s’attendent à bien manger dès qu’ils auront fini… Je dépose les vidanges dans la cuisine et j’allume le feu, sinon, ils mangeront cru !
— Passe-moi les vidanges, comme ça tu peux tenter d’allumer le feu directement !
Valentine passa les vidanges à Vanessa qui s’occupa d’aller les porter à Marcelle.
— Ah, Valentine est de retour, ils ont bientôt fini ?
— Apparemment oui, en tous les cas, d’avoir été là-bas l’a plongée dans ses pensées … et elles avaient l’air agréables ses pensées.
— Voir les hommes au travail lui a peut-être donné des idées …
— Maman !
Vanessa mima un faux air choqué,
— Et elle fait quoi maintenant ?
— Elle allume le barbecue …
— Ah tu lui as refilé ce que tu n’aimes pas faire !
— Exact ! En fait, ça n’a pas l’air de lui poser problème, regarde … je crois qu’elle a déjà réussi à le mettre en route ! Elle est douée.
— Fais-lui goûter l’apéro, qu’elle nous dise ce qu’elle en pense.
— Ok et j’en profiterai pour faire plus ample connaissance avec elle !
— Oui, vas-y ma fille, je vous rejoins d’ici peu !
De leur côté, les hommes avaient terminé le plus gros et rassemblaient les déchets avant de rentrer tout doucement vers la maison. Fabrice se lança,
— Alors Seb, c’est ta nana ?
François regarda Sébastien qui sourit tout en disant non de la tête et confirmant,
— Non, ce n’est pas ma nana, Fabrice.
Il n’en dit pas plus.
— Je me suis peut-être trompé, mais j’ai eu l’impression que vous vous connaissiez bien, et puis, la façon dont elle te détaillait…
Un peu agacé par cet intérêt, il lui rétorqua,
— Bon ok Fabrice, j’aimerais bien, mais elle sort d’une rupture et je n’ai pas envie de la brusquer.
Sur un ton très paternel, François intervint,
— Oui Fabrice, on va dire que c’est une affaire en cours et qu’il ne faut pas interférer !
Sébastien regarda François avec de grands yeux incrédules.
— Mais ça va aller ? C’est ma tante qui t’as mis au parfum là ou quoi ?
— Ben quoi, t’imagine qu’on ne se parle pas Marcelle et moi ?
Pris au dépourvu, il ne put que bredouiller,
— D’accord…
— Ah, t’es cuit Sébastien !
Fabrice éclata de rire, suivi par François et finalement Sébastien.
Ils arrivèrent devant la maison où ils découvrirent Marcelle, Vanessa et Valentine occupées à siroter l’apéro. François les interpella,
— Alors les filles, il est bon l’apéro ?
Vanessa déclara,
— Excellent… Et si vous ne vous grouillez pas, il n’y en aura plus pour vous !
Ils se disputèrent gaiement pour l’ordre de passage à la douche. Les trois femmes continuèrent à discuter.
— Oh, je suis contente que ce jardin ait été débroussaillé !
Valentine lui demanda,
— Tu comptes planter des trucs, faire un potager ? Il y a la place qu’il faut, il est énorme ton jardin.
— En fait, il y a normalement déjà des arbustes à fruits, des cassis, des framboisiers et autres, mais il faut voir s’ils ont pu les récupérer.
Songeusement, Valentine glissa,
— Il suffira de le leur demander …
En ricanant, Vanessa lança,
— Pff pas à Fabrice, je crois qu’il ne sait pas faire la différence entre un pommier et un groseillier !
Arrivant dans la pièce ce dernier entonna,
— Ce n’est pas vrai ma chérie, ils m’ont expliqué tout cela là tantôt et maintenant je sais.
— Ah tu es tout propre Fabrice ! Viens, prends un apéro avec nous !
— Et quoi, la viande ne cuit pas encore ?
Marcelle et Valentine éclatèrent de rire, Valentine déclara,
— Effectivement, rien n’est en route !
— Et quoi, vous avez papoté et picolé en nous attendant ou quoi ?
Marcelle avoua,
— En gros, oui.
Elles ré éclatèrent de rire … Vanessa lui proposa,
— Eh bien Fabrice, mon amour, je te propose de commencer la cuisson tiens !
Valentine renchérit en lançant,
— Oui, je t’apporte le premier plat de viande !
Valentine se leva pour aller chercher un plateau de viande, Fabrice s’étant levé pour inspecter le barbecue.
Une fois de retour et après avoir donné la viande à Fabrice, Valentine déclara à Marcelle et Vanessa,
— Eh bien, cet apéro, il est traître… Je le sens bien en tout cas, je ne sais pas ce que tu as mis dedans Vanessa, mais c’est bon et ça fait de l’effet !
— Oui hein, c’est une recette secrète ! Moi aussi je suis un peu entamée… Et je vais aller faire une petite vidange avant le repas.
— Bonne idée, moi aussi tiens, il y a toujours deux toilettes dans la maison ?
En se levant et en prenant Valentine de court, Vanessa déclara,
— Oui, et je prends celle du rez-de-chaussée !
— Ok, je prends celle de l’étage alors.
Valentine monta les escaliers et retrouva les lieux qu’elle avait découverts quelques mois auparavant.
Après avoir assouvi un besoin naturel, elle fut attirée par la chambre où elle avait connu intimement Axel et fut un peu saisie lorsqu’elle entra ; elle ne reconnut plus rien.
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