24 - Blind
Je pénètre dans l'enceinte de la villa sous la vigilance écrasante des gardes. Ils sont là, presque partout, peu importe où se posent mes yeux : aux abords de la fontaine au milieu de cette cour pavée que je traverse crispé, sur ce balcon en surplomb, dans un coin du hall, main sur l'oreillette, impassibles sous leurs lunettes noires stéréotypées et leurs costumes raides noirs comme la nuit, contrepoint parfait dans ces lieux luxueux ouverts à la lumière et sur l'extérieur.
Je resserre ma maigre sacoche contre moi, comme une maigre protection. Je n'ai pas l'expérience de ce genre de situations. Je ne m'attendais pas à arriver si loin, je le reconnais. Et après la fouille plus que musclée à l'entrée, disons que mes prétentions d'être autre chose qu'un jeune journaliste sans véritable expérience se sont effondrées. Aussi, je me gave de chaque image, pensant que mon heure est proche, appréciant autant que faire se peut le luxe invraisemblable des lieux, des épais tapis aux tableaux de maîtres, exposés au gré des envies, à la simple dimension incroyable d'un tel palace. Penser que seule une minuscule poignée de personnes vit ici me donne le vertige. Sans les gardes, on pourrait croire que l'endroit est abandonné.
On finit par me conduire vers un petit − au regard du reste − salon, plus intime. Je déglutis immédiatement en voyant celle qui m'y attend, occupée à se prélasser devant une cheminée éteinte en lisant ce que je présume être des dossiers de la plus grande importance, un verre de whisky à la main. Les photos que j'ai vues d'elle ne lui rendent pas justice : grande, affinée jusqu'à l'os, son maintien même dans une posture aussi banale lui donne une élégance aristocratique surprenante pour une femme partie de rien. Je sais presque tout d'elle et de son parcours. La ville dans laquelle elle est née. L'éducation qu'elle a suivie. La montée fulgurante de sa célébrité, à l'écran et ailleurs. Et puis son mariage, bien entendu, avant de disparaître peu à peu de la scène. Elle n'en reste pas moins une figure imposante, monument vivant, d'une beauté glaciale que le temps n'a fait qu'aiguiser.
Et on me laisse tout simplement là, au milieu du salon, en présence d'une femme ayant deux fois mon âge, dix fois ma prestance, et plusieurs centaines de millions de fois ma maigre fortune, au bas mot. Les gardes se sont effacés, et je me rends compte d'un coup qu'aucun n'est resté. Nous sommes seuls, elle et moi. Je déglutis avec difficulté, impatient mais tout autant anxieux, la sacoche toujours contre ma poitrine. Je me sens vraiment ridicule. Je me demande aussi pourquoi je suis ici.
« Asseyez-vous, asseyez-vous. Je n'en ai que pour un instant. »
Je glapis presque de terreur, mais me retiens au dernier moment. Involontairement, je note le léger accent, à peine notable, juste une pointe sur certaines consonnes. Je sais qu'elle faisait tout pour le cacher, au sommet de sa carrière. Visiblement, loin des projecteurs, elle se laisse plus aller. Je me rends compte que je n'ai pas obéi, toujours debout, et me force presque à m'asseoir du bout des fesses dans un fauteuil trop grand, trop moelleux, et surtout, je le sentais, bien plus cher que tout ce que j'avais pu acheter jusque-là dans mon existence − cumulé. Au bout d'une terrible minute, l'ancienne actrice pousse un petit soupir et écarte la pile de feuilles avec un dédain évident. Elle m'adresse un sourire désarmant, et je me retrouve à déglutir de nouveau, la gorge sèche d'un seul coup.
« Désolée pour l'accueil. Vous voulez boire quelque chose ? Whisky peut-être ?
- J… juste un peu d'eau fraîche, si c'est possible.
- Mais bien sûr. »
Elle appuie sur une télécommande et, à haute voix, demande un verre d'eau glacée, ainsi qu'un smoothie au pamplemousse. Elle reprend alors la conversation, me pose des questions très basiques et terriblement banales : le trajet s'est bien passé ? Il fait beau, pour la saison vous ne trouvez pas ? Vous n'avez pas eu trop peur des gardes ? Vous êtes à l'aise, tout va bien ? Je réponds brièvement, gêné par tant de prévenance. J'essaye tant bien que mal de retrouver une once de professionnalisme, mais c'est bien difficile face à son charisme désarmant. Un domestique en livrée apparaît enfin, me salue bien bas en me tendant mon banal verre d'eau, que j'accepte avec un peu trop d'empressement, heureux de calmer mon tourment avec une grande gorgée de fraîcheur. La fringante cinquantenaire sirote son propre verre et le dépose juste à côté du verre de whisky désormais vide, un sourire d'habitude aux lèvres. Elle croise les mains, coudes posées sur les accoudoirs, et attend quelques secondes après que la porte du salon a claqué pour reprendre, d'une voix posée :
« Très bien, monsieur Webber. Vous avez réussi à obtenir un entretien, et je suis sûre que vous vous demandez bien comment. Toutefois, sachez que si nous avons du temps, il n'est pas infini. Aussi, je vous recommande de faire au plus court et de poser les questions pour lesquelles vous êtes venu. Est-ce que cela vous paraît juste ? »
Je hoche la tête. Quelque chose dans son ton, sa posture, me transforme de nouveau en journaliste. Tout du moins, je retrouve ce calme et ce sérieux qui devraient être la norme pour moi. Je sors mon épais calepin, ainsi que le crayon qui l'accompagne – on ne m'a pas laissé mes stylos, évidemment.
« D'accord, madame. Comme vous le savez, j'ai des questions à propos de votre époux. Monsieur Sandvik a disparu il y a de cela deux ans, ou plutôt s'est-il retiré du devant de la scène pour vous laisser gérer toutes les affaires de son consortium à sa place. Et j'aimerais comprendre exactement ce qu'il lui est arrivé.
- C'est effectivement ce qui a été convenu, approuve-t-elle d'un bref mouvement de poignet, balançant sa main. Et je vais vous répondre. Mais afin d'éviter de répéter des choses que vous savez déjà, pourquoi ne me dites-vous pas vous-même son histoire ? Je comblerai les trous. »
Elle se renfonce dans son fauteuil et croise de nouveau les mains.
« Allez-y. Dites-moi ce qui est arrivé à mon époux, selon vous. »
J'hésite. Je sais que tout l'entretien se joue là. De ce que je vais dire, ou ne pas dire. De ce que je sais, et de ce que je vais taire. Quelque chose dans son regard, une petite étincelle, me pousse à faire ce que j'estime juste.
Tout raconter. Tel que je le sais.
« Il y a de cela six ans, commencé-je, Benjamin Sandvik, considéré par les gens des milieux comme l'un des hommes d'affaires les plus importants de ce siècle, un homme à l'influence considérable, admiré de beaucoup et craint et haï d'autant, commence à tomber dans la drogue. Ou tout du moins, est-ce comme cela que les quelques médias s'intéressant à l'individu présentent la chose. En réalité, il est surtout porté par une sorte de quête de mysticisme, un revirement un peu surprenant pour certains, mais une continuation logique pour d'autres, qui ont suivi son parcours. Monsieur Sandvik a déjà plusieurs fois fait part d'un certain… attrait pour la religion, les sectes, les conspirations, bref, quelque chose qui dépasserait l'entendement humain normal. Ce qui le mène droit vers des gourous, des chamans, des charlatans, toute sorte de gens qui cohabitent de près ou de loin avec ceux qui ont tellement besoin de réponses qu'ils sont prêts à jeter toute leur fortune pour en avoir, peu importe le messager, voire même la réponse. La drogue est simplement un point d'accès comme un autre. Monsieur Sandvik n'est pas le dernier de son milieu à se faire prendre ainsi, et n'est probablement pas le dernier. Mais là où il surprend, c'est qu'il dépasse les autres, et qu'il semble peu à peu… eh bien, sombrer. Son état mental se détériore, des scandales surgissent à gauche et à droite. Pour autant, il tient la barre, mais en grande partie grâce à sa femme, qui prend peu à peu sa place dans ses affaires. Beaucoup pensent que c'est elle qui l'a poussé dans cette direction, pour justement récupérer le trône, mais je n'y crois pas, personnellement. On vous colle beaucoup de défauts, mais il y en a un surtout qui pour moi prouve votre innocence : Vous êtes très fière, presque maladivement, si bien que voler ainsi l'empire bâti par votre époux serait contraire à tout votre être. Vous ne pourriez être fière d'un tel coup fourré. Si vous le vouliez, je n'ai aucun doute que vous auriez fait une excellente femme d'affaires de par vous-même, mais en usant de vos propres ressources, sans usurper celles de votre mari. Mais revenons à votre mari. Rien ne semble arrêter sa spirale infernale. Même vous. Les affaires se multiplient, et même dans ce milieu ultra-fermé, on finit par en parler, en partie à cause de vous et de votre célébrité passée, qui fait que les pires magazines vous utilisent comme point d'accroche pour parler de cet homme, ce Sandvik, que les lecteurs ne connaissent que comme votre époux, et non pas l'imposant businessman qu'il est. Ses frasques deviennent énormes, démesurées, on l'accuse d'orgies démentielles, de crises psychédéliques, toute sa fortune ne peut rien pour le protéger, il commence à raconter à qui il veut l'entendre des choses de plus en plus folles, atteint d'un mal difficile à cerner… puis il disparaît de la circulation. Certains racontent qu'il est mort. Quelques rares proches, dont vous-même, confirment qu'il est encore en vie, mais très, très diminué. Et depuis, plus rien. Il continue d'exister, mais seule son ombre subsiste, ainsi que vous-même, son épouse, dans notre monde. Quant à lui, il est retranché. »
Je souffle. Je me force à boire une longue gorgée. Je ne sais même pas ce que j'ai raconté. Probablement trop. Je baisse les yeux sur le tapis. J'aime bien les dessins, pensé-je stupidement.
« Satisfaisant. Je vois que vous avez bien fait votre travail. »
Je relève les yeux. Son visage est dur, mais son sourire tempère cette expression. Je n'ose pas y répondre, pétrifié. J'attends la suite.
« Je vais vous aider à comprendre un peu mieux mon époux. Il y a quelque chose en vous qui me pousse à croire que vous ferez justice à toute cette histoire, si jamais vous la racontez. Ce dont je doute par avance, mais sait-on jamais… »
Elle semble s'amuser d'une blague qu'elle seule peut comprendre. Je suis tout ouïe.
« Comme vous l'avez dit, mon époux a toujours eu un certain… attrait pour le mysticisme. Surtout, pour toute la culture d'extrême-orient. Guère surprenant, n'est-ce pas ? note-t-elle avec un petit rire. »
Je n'ose répondre, gêné. Qian Chiang, plus connue sous son nom d'actrice, Kelly Strasberg, a très manifestement des traits orientaux – chinois, pour être plus précis. Petite-fille d'immigrés, sa carrière en tant que femme asiatique est une exception qui ne devrait pas en être une. Trop souvent, elle s'est retrouvée réduite à des rôles qui la ramenaient à ses origines sans jamais aller plus loin. Inutile de dire qu'elle a parfaitement conscience d'être une intruse dans un monde extrêmement caucasien : on n'a eu de cesse de lui renvoyer cette réalité au visage.
« Passons. Benjamin a toujours été fasciné par tout ce qui touchait au paranormal. Mais surtout, à la connaissance d'autres mondes. De voir les esprits, les auras, d'ouvrir son troisième œil. Beaucoup de sectes l'ont approché. Mais aucune n'avait réellement réussi à l'accrocher pour de vrai. Certes, il leur a donné beaucoup d'argent. Néanmoins, pour lui, ce n'était rien. Simplement un investissement, pour tenter de trouver une réponse. »
Elle regarde au loin, derrière moi, par la grande fenêtre.
« Certains donnent à des entreprises caritatives. D'autres mettent leur argent dans les technologies de demain. Lui… pensait résoudre les mystères fondamentaux de l'homme. La conscience intérieure, le plan secret de l'Univers, ce genre de choses… Tout cela le fascinait. Je pense qu'il était… un homme qui avait besoin de réponses. Comme nous tous. »
Elle se tait. Je ne peux m'empêcher de remarquer :
« Vous… parlez de lui au passé. »
Qian ne répond rien. Le silence s'étire, inconfortable. Je finis par ajouter, mal à l'aise :
« Je suppose que c'est cela qui l'a détruit, alors. Cette quête qu'il ne pouvait accomplir, d'une manière ou d'une autre, et qui l’a mené droit vers… » Je n'ose finir ma phrase, ne sachant pas très bien comment, de toute façon.
Kelly Strasberg me fixe d'un coup. Je suis pris d'un horrible frisson. Un pressentiment, qui étreint ma colonne vertébrale. Je déglutis, ma gorge de nouveau sèche. Mon verre est, hélas, déjà presque vide. Je me force à le finir. Alors que je le repose, toujours scruté par l'actrice à la retraite, celle-ci demande, avec une brusquerie soudaine :
« Voulez-vous voir mon époux, monsieur Webber ? »
Je n'ose pas parler. Je hoche la tête, à peine, du bout du menton, poussé par je ne sais quoi. Peut-être parce que je me dis que je suis venu pour aller jusqu'au fond de cette histoire. Je ne sais pas pourquoi je suis aussi obsédé par celle-ci. Je crois que c'est une photo, par pur hasard, l'une des dernières de Benjamin Sandvik, juste avant sa chute finale. Quelque chose de fiévreux, dans ses yeux, sa posture, figé à jamais sur ce papier glacé. Cette image me tourne dans la tête, certaines nuits. Ce regard… Je tremble, de nouveau. Je me rends compte que Qian s'est déjà levée et m'attend à la porte. Je me dépêche à sa suite.
Les gardes sont toujours là, silhouettes sombres, gardiens muets des lieux. Je les ignore, l'esprit perturbé par je ne sais quoi, peut-être par la présence, si proche, de Kelly Strasberg, à peine à bout de bras. J'aurais presque envie de la toucher, mais j'ai trop peur de me réveiller, au milieu de mon lit minuscule. Je garde les mains contre ma maigre sacoche, mon calepin à la main. Je n'ai presque rien écrit dessus, je me rends compte.
Nous montons à l'étage. Nous passons quelques autres domestiques, mais ils ne font que passer dans mon champ de vision. Toute la villa est floue pour moi. Succession de couloirs et salles.
Et puis, la porte d'une chambre. Elle toque, avec douceur, quatre petits coup rythmés – tap, tap tap, tap, et ouvre avec la même délicatesse, sans un bruit. Dedans, la chambre est plongée dans la pénombre. Je plisse les yeux pour y voir quoique ce soit, perturbé par un tel changement, après la lumière éclaboussant presque chaque recoin de la demeure jusqu'à présent. Madame Sandvik me fait signe d'avancer et referme la porte dans mon dos, dans un léger claquement. Je renifle. Il y a une très légère odeur de renfermé, ainsi que celle d'un… homme ?
Un souffle rauque me fait sursauter. Je me rends compte que la forme immobile, sur le lit, est bien un être humain. Assis sur le côté du lit, affaissé, tourné en direction des volets clos, je ne l'avais pas vraiment aperçu, alors qu'il me crève les yeux à présent. Kelly me dépasse alors que je reste figé et part aux côtés de l'homme, s'accroupissant pour pouvoir le regarder dans les yeux, lui qui maintient la tête baissée. Il est en peignoir, malgré l'heure, épaules affaissées et dos voûté. Elle lui chuchote quelque chose. Je danse d'un pied sur l'autre, incertain. Elle finit de murmurer, se redresse, et plante un petit baiser sur la joue de l'homme qui reste désespérément immobile. Elle se tourne vers moi et me fait signe de venir.
« Monsieur Webber, je vous présente Monsieur Sandvik. Benjamin, voici le journaliste dont je t'ai déjà parlé. »
Ce qui a été l'un des hommes d'affaires les plus importants du monde me jette à peine un coup d'œil morne. Il hoche la tête, mais même s'il paraît comprendre tout ce qu'on lui dit, il a l'air de ne rien en avoir à faire. C'est comme s'il était… éteint. Je frissonne de nouveau, mal à l'aise. Nous nous écartons un peu de lui.
« C'est… c'est donc cela qu'il est devenu. Tous ces abus ont fini par l'achever… Lui qui croyait atteindre un état supérieur, le voilà réduit à… à peine un homme… »
Elle m'interrompt net.
« Vous n'avez absolument rien compris. »
Me voilà perplexe, déboussolé.
« Benjamin a atteint son but. »
Je me tourne brièvement vers le susnommé, encore plus perdu.
« Vous n'allez pas me faire croire…
- Benjamin a ouvert son troisième œil, me coupe-t-elle de nouveau. Il a transcendé sa condition humaine. Il pouvait voir des choses que vous ne pouvez même pas deviner. »
Nous observons tous les deux son époux, désormais. Je ne peux m'empêcher de murmurer :
« Et… et après ?
- Ce n'était pas ce à quoi il s'attendait. »
Silence. Benjamin soupire, s'allonge sur le lit. Je remarque, gêné, que le presque sexagénaire est nu sous son peignoir. Je prête de nouveau attention à son épouse.
« Je crains de ne pas vous suivre.
- C'est pourtant simple, monsieur Webber. Il a vu la réalité nue. Sans artifices. Avec tout ce qu'elle recèle d'horreurs et de monstres.
- Vous exagérez.
- C'est ce qu'il hurlait, pourtant. Il était terrifié en permanence. »
De nouveau, ce frisson d'horreur.
« Et puis, il a fini par… eh bien, y mettre fin.
- … comment ?
- Il s'est crevé son troisième l'œil. »
Je me sens mal. Je danse d'un pied sur l'autre.
« Mais cela ne l'a pas sauvé. Ça l'a achevé. »
Elle porte de nouveau son regard vers son époux, et je peux voir dans son expression une mélancolie si poignante, un amour si tendre, que je sens un étau se resserrer sur mon cœur.
« Voilà. Vous savez tout maintenant. Ou tout du moins l'essentiel. Comment un homme a voulu retirer le bandeau qui lui masquait les yeux… et a fini par se les crever, pour ne plus avoir à supporter ce qu'il voyait après. »
Et puis, enfin :
« Ce sera tout, monsieur Webber. Vous pouvez y aller. »
J'acquiesce sans rien dire. Je n'ai rien écrit, mais tout est gravé dans ma tête. Je me dirige vers la porte, mais d'un coup, quelque chose m'arrête. Une pensée, à peine un soupçon, né de rien, même pas une prémonition. Sans me retourner, je lance :
« Dites-moi… avez-vous suivi votre mari, dans sa quête mystique ? »
Elle met longtemps à répondre.
« À moitié. »
Je reste pensif. Je finis par déclarer, d'un ton plat :
« Je vois. »
Je m'en vais sans oser risquer un regard en arrière, et je sens le sien fixé sur son dos. Je me rends compte que mon jugement sur cette femme était complètement erroné. Je doute désormais de sortir vivant de cette maison, même si je sais au fond de moi que je ne risque rien. Mais surtout, une seule pensée tourne en boucle, dans ma tête.
Au royaume des aveugles…
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