Tapie tout au fond de mon être, elle serpente, paresseusement. Elle sait que son heure finira par arriver. Alors elle circule dans mes veines sinueuses, vénéneuse, flétr it avec lenteur chacune de mes cellules, blanchit avec douceur mes cheveux, trace avec attention des crevasses dans ma peau. Je la vois, je la sens, tapie dans ma chair. Elle est patiente : là depuis le début, elle disparaîtra avec moi. Sans crier. Sans prévenir Un spasme m'agite : un frisson suffit à la révéler. Elle fait battre mon cœur à toute allure. Le pauvre, chacun de ses battements est une nouvelle victoire pour elle. Chacun de ses battements et elle imbibe bien plus encore mon corps.
Ce poison fait atrocement mal. Aucune pharmacie, aucune philosophie pour soigner ce mal. Elle me brûle insidieusement et me tord d'angoisse lorsque la nuit silencieuse n'offre aucune échappatoire, quand aucun divertissements ne la masque à mon regard.
Le combat est perdu par avance. Quoi que je fasse, quoi que je sois, je le sais, elle m'aura.