Chapitre 16

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– Jarim, tu vas fouiller cette maison, nous on continue. On se donne rendez-vous ici dans trente minutes.

– Ok, approuva l’intéressé.

Jarim regarda le petit détachement de ses camarades s’éloigner à pas feutrés dans les fourrés, en direction du reste du petit hameau perdu dans les montagnes que leur chef de section avait décidé de fouiller à la recherche de traces de l’armée d’Eriarh. Ils étaient dix et lui-même constituait le onzième membre de cette petite troupe, en reconnaissance depuis une quinzaine de jours dans cette région escarpée du Val-de-Lune, à quelque jours de marche de leur camp de base où était retranchée leur section de combat. Ou de moins ce qu’il en restait.

Cela faisait bientôt un an et demi qu’il avait quitté la ferme de Soufflechamps pour partir en guerre comme tous les Séléniens en âge de se battre. Et autant dire que tout ne s’était pas passé comme prévu. Rapidement, ils s’étaient en effet vite rendu compte que l’ennemi était supérieur en nombre et bien plus entraîné qu’eux. Les armées d’Eriarh avaient infligé de lourdes pertes aux troupes du Val-de-Lune, composées en grand partie de simples fermiers comme lui. En quelques semaines à peine, ils avaient conquis une grande partie des territoires au nord, forçant les défenseurs à reculer petit à petit vers le sud. C’était à ce moment-là, dans la débâcle que les défaites successives avaient provoquée, que Jarim avait été séparé de la plupart de ses camarades de Soufflechamps et des alentours. Daris, l’oncle d’Eldria, Yorden, Troj, Aran, et tous les autres... Il ignorait s’ils étaient tous encore en vie mais plus les mois défilaient, plus les défaites s’enchaînaient et moins il avait d’espoir à ce sujet. Lui-même n’avait dû sa propre survie qu’à sa modeste maîtrise de l’épée – qu’il avait très rapidement acquise lors des sommaires sessions d’entraînement de Daris et Yorden avant le début du conflit – et, surtout, à la chance. Il avait dû se battre, tuer même parfois, et cela l’avait changé à jamais. Il s’était endurci par la force des choses, mu par la volonté de rester en vie coûte que coûte pour protéger et revoir les personnes à qui ils tenaient et auxquelles ils pensait tous les jours. Il y avait sa mère, bien sûr, et tout particulièrement Eldria, toutes deux restées à Soufflechamps. Il avait entendu diverses rumeurs rapportant ce qu’il était advenu des femmes, enfants et vieillards laissés à la merci des Eriarhi, certaines rassurantes, d’autres beaucoup moins. Il frissonnait de dégoût à chaque fois qu’il songeait à celle, ignoble, évoquant le sort réservé par l’occupant aux jeunes femmes qu’il trouvait, mais ne pouvait définitivement pas se résoudre à les croire. Malgré, tout, dès qu’il en aurait l’occasion, il s’était promis de retourner à la ferme pour les protéger. Mais pour l’heure, le devoir l’appelait.

Il s’avança prudemment vers la petite bâtisse à l’entrée de ce hameau qu’il ne connaissait pas et qui se situait en plein territoire contrôlé par l’ennemi. Leur mission était de patrouiller discrètement les alentours pour trouver des vivres et aussi pour venir en aide à la population Sélénienne en cette période d’occupation. Heureusement, Eriarh ne s’aventurait que rarement dans ces endroits reculés à faible densité de population, préférant investir les grandes villes. Et effectivement, le petit hameau semblait paisible, voire désert. Malgré tout, leur chef préférait jouer la prudence, aussi leur approche devait rester rapide et discrète.

Jarim trouva l’entrée de la bâtisse, verrouillée sans grande surprise. Il brisa donc sans mal une fenêtre en espérant que le bruit serait couvert par le vent, puis entra. L’intérieur était propre et ne semblait pas avoir été vandalisé. Il fit un rapide tour du propriétaire pour s’assurer qu’il n’y avait bel et bien personne, puis se dirigea vers ce qui devait être le garde-manger. Celui-ci n’était pas entièrement vide, ce qui était une chance. Les propriétaires n’avaient probablement pas pu tout emmener avant leur départ vers des terres sans doute moins dangereuses. Il s’empara des quelques morceaux de viande séchée encore accrochés au mur et les emballa dans son sac. Il prit aussi tout le sel qu’il put trouver, denrée qui leur était fort utile pour conserver les aliments et survivre dans leur camp retranché. Enfin, il s’accroupit pour ouvrir un placard dans un recoin de la pièce. La stupeur le frappa soudainement lorsqu’il tomba nez à nez avec un panier rempli de tomates. Des tomates fraîches. Cela ne pouvait signifier qu’une chose...

– Qui êtes-vous ? entendit-il derrière lui.

Il se releva doucement, mettant instinctivement les mains en l’air.

– Tournez-vous doucement.

Il s’exécuta. Une jeune femme presque aussi grande que lui lui faisait face, un long couteau à la main. Ses cheveux châtains lui tombaient jusqu’au niveau des hanches. Elle affichait un regard noir et il se dégageait de sa silhouette sportive une détermination sans faille tout à fait appropriée à la situation dans le contexte actuel pour une femme de son âge – probablement un peu en dessous de la trentaine – qui aurait survécu aussi longtemps en ces lieux.

Elle le toisa de bas un haut d’un air suspicieux. Son regard s’attarda sur son bassin.

– Jette ton épée vers moi, ordonna-t-elle finalement sans baisser son arme à elle.

Jarim coopéra, il ne se sentait pas en danger car si elle avait voulu le tuer, elle l’aurait fait. De plus il n’avait guère pour projet de se battre contre une potentielle compatriote.

– Tu n’es pas un Eriarhi pas vrai ? demanda-t-elle en s’approchant un peu. Ils sont bien plus bruyants que toi quand ils viennent se perdre par ici. Si tu n’avais pas cassé ce carreau, je ne t’aurais probablement pas entendu.

– Je suis de l’armée du Val-de-Lune, répondit Jarim.

Il essaya de garder un ton calme car ce n’était malgré tout jamais rassurant d’avoir une lame pointée sur soi. De son point de vue à elle, il avait tout l’air d’un voleur.

– Nous pensions que cet endroit avait été déserté depuis longtemps, nous cherchons de vivres.

– Voyez-vous ça.

Elle s’approcha davantage et Jarim dut reculer d’un pas.

– Enlève ta tunique, exigea-t-elle sans autre forme de procès.

Jarim fut dans un premier temps surpris, avant qu’elle ne s’explique :

– Qu’est-ce que tu crois ? sourit-elle en coin. C’est pas pour me rincer l’œil. Les trouffions d’Eriarh ont tous un tatouage avec leur matricule sur l’épaule gauche.

Jarim le savait, aussi prit-il cela comme une bonne occasion de prouver sa bonne foi.

– Très bien, commenta la jeune femme après qu’il eut déboutonné sa tunique et sa chemise et qu’il lui eut montré son épaule. Pas mal du tout.

Elle daigna enfin poser son couteau. Jarim ne comprit pas ce qu’il y avait de "pas mal du tout" mais n’en tint pas compte. Il préféra s’excuser d’être entré par effraction.

– Oh ce n’est pas si grave, éluda-t-elle d’une voix nettement plus chaleureuse que précédemment. Comme je le disais j’ai déjà eu quelques patrouilles Eriarhi qui sont venues fureter dans le coin, mais ils ne sont tellement pas discrets que j’ai juste eu à me cacher le temps qu’ils fassent leur petit tour. Et puis... ajouta-t-elle en jetant un coup d’œil furtif au torse de Jarim. Je ne suis pas contre un peu de compagnie de temps à autre...

N'étant pas certain de saisir l’allusion, Jarim enchaîna :

– Vous êtes toute seule ici ?

– Oui. Mon père, mes frères et tous les autres hommes sont partis se battre. Le peu de femmes et de vieillards qui restaient sont partis vers le sud peu après. Mais moi je ne veux pas abandonner cette maison. Il faut bien que quelqu’un reste ici au cas où des Séléniens viendraient.

Jarim eut une nouvelle pensée pour Soufflechamps. Eldria était-elle partie aussi ? Ou bien attendait-elle elle aussi, seule, dans l’espoir de le revoir lui ou les autres ? Plusieurs fois, il avait insisté auprès de son groupe pour envoyer une expédition plus au nord vers Soufflechamps, mais la ferme était à plusieurs jours de marche et ses supérieurs lui avaient répondu, certainement à raison, que c’était du suicide et qu’il devrait attendre une contre-offensive de l’état-major. Mais plus les semaines passaient et moins il semblait probable que le Val-de-Lune remporte cette guerre...

Malheureusement, Jarim n’avait jamais entendu les noms des frères ou du père de cette Sélénienne résistante malgré elle, aussi ne put-il pas la renseigner. La jeune femme sembla cependant soulagée d’apprendre qu’il restait des forces alliées un peu plus au sud et pardonna rapidement Jarim de son intrusion. Malgré les protestations de ce dernier qui ne voulait rien lui prendre pour ne pas la priver de nourriture, elle insista pour lui céder une partie de ses vivres.

– Ce sera bien plus utile à des hommes vaillants comme toi plutôt que de pourrir ici, dit-elle avec un clin d’œil. D’ailleurs, j’ai plus de réserves ici.

Sur ses mots, elle fit volte-face et se pencha en avant pour ouvrir un placard en contrebas. Jarim ne savait pas si elle s’en était rendu compte, mais en faisant cela et à la faveur de la courteur manifeste de sa jupe, elle lui offrit une vue imprenable sur ses jambes interminables et – pire encore – sur le bas de ses fesses. Il rougit dans son coin en découvrant qu’elle ne portait pas de sous-vêtement, mais n’osa rien dire de peur de paraître impoli. Il se contenta de ne pas regarder. Pas trop...

– Où est-ce que j’ai bien pu les ranger ?

Toujours dans la même position, elle recula pour accéder à un autre rangement. Jarim, manquant de place dans cette pièce exiguë, ne put empêcher les cuisses de la jeune femme de venir lui effleurer les siennes.

– Hem... fit-il pour signaler son inconfort.

Elle ne s’en préoccupa pas. Au contraire, elle se cambra davantage, ne lui cachant plus grand-chose de son fessier ferme. Jarim ne sut plus où se mettre. Il était impossible qu’elle n’ait rien remarqué...

– Ah, voilà !

Elle sortit de sous une étagère une caisse remplie de ce que Jarim reconnut comme étant des concombres puis en prit un en main dans un geste... pour le moins équivoque.

– J’adore les concombres. Je suis sure que l’armée saura les apprécier autant que les apprécie...

Sur ces mots, elle lécha sensuellement la pointe de l’innocent fruit à la forme allongée.

– Ah ah très bien ! fit Jarim, gêné comme jamais. Je crois que j’ai tout ce qu’il me faut, je... Je vais donc vous laisser !

Il commença à reboutonner sa chemise et fit un maladroit pas de côté, renversant sur son passage divers ustensiles de cuisine.

– Oups, pardon, s’excusa-t-il tout aussi gauchement en manquant de trébucher.

Le regardant s’éloigner d’un air étonné – et surprenamment déçu – elle lui lança :

– Mais, je croyais que... Tu as quel âge ? Dix-neuf ? Vingt ans ? Je m’attendais à ce que tu... Enfin je veux dire...

Etrangement, à son tour c’est elle qui semblait gênée. Mais pas plus que Jarim qui ne savait pas comment gérer cette situation et avait fait le choix quasi-automatique de la fuite.

– Oh et puis merde ! coupa-t-elle soudainement court en s’élançant vers lui. Tu es entré par effraction chez moi, tu me dois bien ça.

Jarim resta immobile lorsqu’elle se jeta à son cou et se mit... à l’embrasser. Les pupilles grandes ouvertes, complètement dépassé, il ne sut pas s’il devait la repousser ou au contraire l’embrasser en retour. L’image de ses fesses avantageuses choisit cet instant pour lui revenir en un flash à l’esprit et il ne bougea finalement pas alors même que son rythme cardiaque s’accélérait brusquement.

La jeune femme, désormais collée à lui et à son torse encore à demi dénudé, le plaqua avec détermination contre un mur. Ses mains se baladèrent ensuite avec hâte sur ses abdominaux taillés, comme si elle n’avait pas pu se retenir des les toucher avec les doigts plutôt qu’avec les yeux. Puis, ne perdant pas de temps, elle en glissa une dans son caleçon, dans un endroit où Jarim n’avait jamais été touché auparavant... Elle n’eut aucune difficulté à en sortir son pénis affublé de ses quelques poils hirsutes, déjà en semi-érection depuis que Jarim avait vu ce qu’il n’aurait pas dû voir.

– Et bien, tu ne perds pas de temps ! commenta-t-elle en souriant. Tant mieux.

Alors qu’il n’avait rien demandé, elle commença à le masturber vigoureusement et Jarim dû s’accrocher aux poignées d’un placard derrière lui pour garder une connexion avec le monde physique et s’assurer qu’il n’était pas en pleine rêverie. A peine quelques minutes plus tôt, tout se déroulait comme une journée banale, dans la continuité de toutes les précédentes ces derniers mois. Et voilà que d’un coup, une femme aussi surprenante que séduisante lui faisait vivre l’expérience la plus érotique de toute sa vie. Et ce n’était pas fini... Maintenant, elle se mettait à genoux et – il n’en croyait pas ses yeux – elle approchait ses lèvres pulpeuses de son sexe.

– Je... Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, parvint-il à bégayer en essayant tant bien que mal de regagner contenance.

Pris de court, c’était probablement la bonne chose à faire que de tenter de calmer la situation. Toutes ces longues années à se contenter de son poignée pour toute compagnie intime lui pesait et il lui arrivait régulièrement de s’imaginer au lit avec une fille, mais là, tout n’allait-il pas un peu trop vite ? En avait-il vraiment envie ? Et surtout... Était-il prêt ?

Sa partenaire apporta un début de réponse :

– Ta verge hurle le contraire, rétorqua-t-elle avec un clin d’œil espiègle en pointant son début d’érection. Tout laisse plutôt à penser que tu attends que ça...

Puis, sure d’elle, elle le prit en bouche.

Jarim manqua de s’effondrer au sol. La sensation était indescriptible, à des lieues de tout ce qu’il avait déjà vécu. Elle avait raison, son esprit était peut-être réticent, mais son corps réclamait plus. Elle avait envie de lui et, il devait se rendre à l’évidence, il avait envie d’elle.

Il sentit distinctement les lèvres de la jeune femme venir englober entièrement son gland, puis s’avancer lentement le long de sa peau de plus en plus tendue. Le coup de grâce fut rendu quand il sentit le bout de sa langue venir lui titiller le bas du gland. En l’espace d’un souffle, son sexe se gonfla au maximum de son potentiel. Jamais il n’avait eu une érection aussi intense. Jamais il n’avait rien ressenti de tel.

Non contente de présenter sa bouche à son désormais très long phallus, elle avait maintenant la place d’y accoler sa main, qui engloba le reste de son intimité et reprit son travail de masturbation. Cette valse sensuelle dura seulement quelque instants mais Jarim n’en pouvait déjà plus. Il voulut se retenir, rugir pour la prévenir, mais c’était en vain. Plus spectateur qu’acteur, il ne put empêcher l’inévitable et dut éprouver l’intense et presque honteuse sensation de déverser malgré lui son fluide intime entre les lèvres habiles de sa première et inattendue amante.

– Je... Je suis désolé ! parvint-il à bafouiller d’une voix pantelante.

– Déjà ?! lança-t-elle à son tour, surprise, après avoir manqué de s’étouffer en éloignant son visage de la source de ce déversement soudain. Ah non hein ! Moi aussi j’ai le droit d’en profiter, depuis le temps que j’attends ça !

Sans autre forme de procès, elle le reprit en bouche et le suça avec obstination. Mais malgré ses efforts, l’instrument de plaisir de Jarim était déjà en train de perdre en volume. Elle insista encore un moment, alors que Jarim n’était toujours pas remis de son état de félicité post-éjaculatoire.

– Bon ! abdiqua-t-elle finalement. Aux grands maux...

Elle attrapa vigoureusement Jarim par les épaule et le poussa au sol jusque sur la moquette du séjour jouxtant le garde-manger. Cela sortit soudainement l’intéressé de sa courte léthargie et le ramena à la réalité. Il la vit alors se relever puis, comme si ses rêves les plus fous se concrétisaient devant ses yeux ébahis, déboutonner sa tunique d’une mouvement pressé. L’habit vola au travers de la pièce, révélant derrière lui une poitrine de bonne taille propre à alimenter les fantasmes de bien des hommes. Jarim ne faisait pas exception. Ne s’interrompant pas en si bon chemin, elle fit glisser sa courte jupe le long de ses jambes élancées, réservant à cet autre vêtement qui semblait faire obstacle à ses projets lubriques le même sort aérien qu’à son homologue de tissu. Jarim ne s’était pas trompé : elle ne portait pas de culotte.

Pour la première fois de sa vie, il contempla l’anatomie féminine dans toute sa primordiale splendeur. Le temps sembla s’arrêter alors qu’il avait le sentiment de revivre ce moment dans la grange avec Eldria, un peu plus d’un an plus tôt. Sauf que cette fois, sa partenaire était entièrement nue et affichait clairement son intention d’aller plus loin.

Jarim promena d’abord ses yeux sur ses seins proéminents gonflés de désir. Puis, malgré cette soif insatiable de les admirer encore, son regard fut irrésistiblement attiré sur son ventre et, ultimement, sur son pubis recouvert d’un élégant parterre de poils. Dissimulé en dessous, il devina les traits délicats de ce qu’il avait toujours imaginé, sans toutefois le voir en vrai. Subjugué par cette vision angélique, une nouvelle vague d’énergie infusa en lui. L’effet fut instantané : comme appelé par le devoir, son sexe à lui – encore tout humide de ses récents exploits – se redressa fièrement, manifestement prêt à en découdre. Il en allait différemment pour Jarim lui-même, qui était devenu plus rouges que les tomates de tout à l’heure. Comment la situation avait-elle pu déraper à ce point ?

Visiblement satisfaite de l’effet qu’elle venait de produire, la toujours inconnue Sélénienne ne cassa pas le rythme et s’apprêta à faire ce que Jarim redoutait plus que tout et que tout à la fois il appelait de ses vœux les plus ardents. Le temps d’un battement de paupière et elle était déjà sur lui, empoignant d’une main experte l’intimité de Jarim qui – il fallait se rendre à l’évidence – appartenait maintenant plus à elle qu’à lui. Elle la dressa à l’orée de sa propre intimité et, indéniablement seule et unique maîtresse des circonstances, se laissa glisser dessus en s’abandonnant à un gémissement libérateur.

L’effet sur Jarim fut immédiat. Depuis à peine une poignée de minutes, son esprit s’était déjà persuadé qu’il n’existait pas et n’existerait jamais de meilleure sensation que celle de recevoir une fellation. Il avait atteint le paradis, maintenant il était propulsé en direction du cosmos. Son gland, à peine remis, trouva son chemin en elle avec une aisance infinie. C’était comme si tout un univers de chaleur et de désir l’enveloppait entièrement. D’abord doucement, puis avec de plus en plus de rythme au niveau du bassin, sa partenaire plaqua d’abord ses paumes sur le torse de Jarim encore à demi-recouvert par sa chemise débraillée et se laissa aller et venir sur lui, les yeux fermés, la bouche grande ouverte, les joues rosies, elle gémissait davantage chaque fois que le phallus érigé qu’elle s’était approprié disparaissait entièrement entre ses cuisses écartées.

Le titulaire dudit phallus, lui, se laissait guider dans cette découverte de sensations délicieusement nouvelles, toutes plus intenses les unes que les autres. Il en était persuadé, s’il n’avait pas joui un peu plus tôt, cela ferait longtemps qu’il aurait déjà explosé en elle. Il fut d’ailleurs intérieurement surpris d’être encore si vigoureux, cela ne lui était jamais arrivé après un orgasme. Seules les limitations physiques de son corps l’empêchaient de recommencer, mais il avait l’intuition grandissante que cela ne durerait pas longtemps... Cet état de fait ne déplut d’ailleurs visiblement pas à celle qui continuait de se trémousser sur lui en poussant de petits cris de belette. Jamais Jarim n’aurait cru qu’une fille puisse être aussi entreprenante !

De là où il était, étendu de tout son long sur une moquette duveteuse, il disposait d’une vue imprenable sur la poitrine qui rebondissait apparemment de manière indépendante du reste du corps de sa propriétaire au-dessus de lui, à quelques centimètres à peine de son nez. Il se délecta de cette vision divine et, pour la première fois, devint acteur de leurs ébats et la recouvrant de ses deux mains novices. Sa partenaire se laissa faire et, sans interrompre sa cavalcade charnelle, plaqua ses propres mains sur le dos de celles de Jarim, l’invitant implicitement à lui recouvrir les deux seins de toute sa poigne. Jarim n’avait jamais rien touché de tel. C’était doux et ferme à la fois, un véritable exploit de la nature.

Elle le chevaucha ainsi pendant un temps qui échappa totalement à la conscience de Jarim. Cela faisait-il plusieurs dizaines de secondes ? Ou bien plusieurs dizaines de minutes ? Il n’en s’avait rien, mais cela importait peu tant son sexe lui envoyait des décharges de plaisir sans commune mesure avec celles pouvant être procurées par l’onanisme. Tout ce qui importait désormais c’était : combien de va-et-vient sa verge allait-elle encore pouvoir endurer ? S’il l’avait pu, il aurait ralenti le rythme, mais la jeune femme semblait insatiable et ne s’arrêtait jamais. Dans un état second, son instinct le poussa alors contre toute attente à prendre une initiative dont il ne se serait jamais senti capable : il se redressa et, sans se retirer, inversa les rôles. D’abord surprise, sa partenaire se laissa faire sans protester, peut-être heureuse de devenir passive et de lui laisser décider de la vitesse de leurs ébats.

– T’arrête pas ! souffla-t-elle difficilement tant sa respiration était saccadée.

Il n’en avait pas l’intention. Il était maintenant sur elle et c’était elle qui était allongée par terre, les jambes largement écartées et rabattues autour des cuisses de Jarim. D’un geste habile témoignant d’une certaine expérience pour la chose, elle parvint même à rabattre le pantalon de ce dernier jusqu’au niveau de ses mollets avant d’empoigner fermement ses fesses musclées et contractées par l’effort, comme pour confirmer ses dires et l’inciter à la besogner plus fort encore.

C’était à son tour maintenant. A son tour de faire l’amour pour la première fois. Jamais, jamais il n’aurait cru le faire comme ça, ici et maintenant. Le Jarim habituel serait probablement en train de se poser des tas de questions sur cet acte fou et inespéré. Le Jarim habituel penserait certainement à Eldria, à leur tentative d’ébat avortée la veille de son départ de Soufflechamps. Tentative avortée par sa faute à lui. Est-ce qu’elle lui en voulait ? Depuis l’année et demi qui s’était écoulée, pensait-elle encore à lui ? Ils s’étaient avoué leur amour mutuel et s’étaient embrassés mais... depuis tout ce temps... pouvaient-ils encore se considérer comme étant "ensemble" ?

Était-il... en train de la tromper ?

Heureusement, il n’était pas le Jarim habituel, mais plutôt un Jarim pris dans le maelstrom de la tentation et du plaisir. Il devrait s’arranger avec sa conscience plus tard. La sensation de s’insérer de toute sa longueur dans le vagin de celle qu’il dominait désormais l’envahit de nouveau, et ce fut presque comme perdre son pucelage une seconde fois en l’espace de quelques minutes. En réponse à cette pénétration dans cette nouvelle position, la jeune Sélénienne poussa un long et vibrant gémissement qu’il perçut comme une invitation à continuer. Et c’est ce qu’il fit, contractant ses abdominaux pour la marteler de son bassin puissant et conquérant. Dans le même temps, il enfouit son visage entre ses seins rougis par l’effort, offerts à lui tels des offrandes. A son tour, ne se reconnaissant pas, il se mit pousser des gémissements rauques qui se mêlèrent à ceux, plus aigus, de celle qu’il venait pourtant de rencontrer.

Mais, il le savait et le redoutait comme une épée de Damoclès, arriva bientôt le temps de l’extase et, à la fin, du dur retour à la réalité. Il eut beau ralentir le rythme, se concentrer, se retenir, ç’en était trop. Le point de non-retour avait été dépassé sans qu’il ait réellement le moindre contrôle dessus. Il allait encore pouvoir la pénétrer une fois, peut-être deux, mais ce serait tout. Après, il ne répondrait plus de rien.

Son corps tout entier se crispa alors qu’il s’insérait tout au fond de cette cavité intime qu’il avait désormais l’impression de connaître par cœur. Il recula ensuite, préparant son ultime assaut, celui où il relâcherait tout ce dont il était capable, qui l’enverrait probablement dans une dimension de volupté et d’euphorie absolue.

Mais, au dernier moment, alors qu’il était sur le point d’exploser, sa partenaire, comme douée de prémonition, fit un mouvement des hanches qui le fit se retirer. Son pénis, humide, brûlant et chargé, reparut pour la première fois à l’air libre depuis un temps incertain. C’était trop tard, il fallait que ça sorte...

Son sperme chaud fut propulsé par une force invisible jusqu’au menton de la jeune femme. Le reste, qu’il avait secrété il ignorait par quel miracle, gicla par vagues successives de ses seins aux tétons dressés jusque sur ses poils pubiens.

– Haaaaan !... rugit-il sans s’en rendre compte.

La félicité qui le gagna fut si vive, si extrême, que pendant l’espace d’un instant il oublia son nom, son prénom, et même Eldria.

Qu’avait-il fait ?

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