Jeudi 15 octobre, 6h.
Je me lève comme tous les jours pour aller travailler. Depuis que je sais pour Aiden, je ne lui en ai pas parlé, comme me l'a conseillé son père. Mais du coup, je n'ose plus faire quoi que ce soit. Et lui ne fait rien dans ma direction non plus... Au travail, il m'ignore. Il prend même parfois un malin plaisir à me demander des trucs stupides, des trucs de médecin. Il aime cette autorité qu'il a sur moi et en profite. Mais il ne fait plus d'allusion salace ou de choses du genre. Il garde une certaine distance... Et à la maison, c'est à peine s'il m'adresse la parole.
Il croit peut-être que c'est moi qui ai voulu mettre les distances à cause de ce qu'il m'a dit. Ce n'est pas le cas du tout... Mais je comprends qu'il interprète mes signaux de cette façon.
Comme j'en ai pris maintenant l'habitude, je me douche et me prépare en bas, puis je pars au travail.
Une fois sur place, Yolande semble de mauvaise humeur. Elle nous fiche un peu la paix maintenant qu'on connaît le service et qu'on est plus indépendants, mais elle ne se gêne jamais pour nous faire une petite remarque, prouvant son ancienneté par la même occasion.
Éric, lui, semble de particulièrement bonne humeur, et évidemment j'en connais rapidement la raison.
- À midi je mange avec Kelly, j'ai réussi à la convaincre ! Ça aura valu la peine tous ces putains de cafés à lui apporter. Tu crois qu'on va manger ? Moi je crois que c'est plutôt moi qui vais la bouffer, si tu vois ce que je veux dire...
Je lui fais un faux sourire avant de m'éloigner, histoire de cacher la nausée qui me submerge. Connasse.
Un peu plus tard, alors que je suis occupé à ranger et désinfecter le matériel dans les chambres, je vois Aiden aller dans la salle de repos. Mon cœur se serre de nouveau. Pas encore... Je ne vais pas te laisser te la taper, cette fois. Hors de question.
Je finis rapidement la chambre que je faisais et fonce dans la salle. Je referme à clé derrière moi immédiatement. Ils auraient pu faire ça aussi, l'autre jour. Abrutis.
- Jay ? je vois grâce à la lumière qui filtre à travers les volets fermés qu'il fronce les sourcils.
- Tu allais coucher avec Kelly ? je demande, hautain.
- Non, je suis juste fatigué. Arrête un peu cette jalousie ridicule. On en a déjà parlé, de toute façon même si je couchais avec elle, j'en aurais le droit. On n'a rien signé toi et moi, il me répond, agacé.
J'ai mal à mon cœur qui tambourine dans ma poitrine.
- Tu sais Aiden, je vais te montrer ce que tu perds, là maintenant. Je vais te le montrer qu'une seule fois, mais tu vas vite comprendre.
J'arrive sur lui qui est toujours allongé dans le lit. Je m'y mets à califourchon, et je vois immédiatement le désir s'allumer dans ses yeux malgré lui.
- Jay, tu l'as jamais fait. Tu vas le regretter. On n'est pas ensemble, on n'est pas un cou-
Je le coupe en l'embrassant, puis quitte ses lèvres doucement. Je ne sais pas ce qu'il me prend, mais il est hors de question que je recule maintenant.
- Ta gueule. J'suis assez grand pour prendre mes décisions. (Et je les attaque à nouveau. Il gémit sous moi et cambre son corps contre le mien). Doucement. C'est moi qui dicte, maintenant.
Je le sens qui s'abandonne à moi, et ça me fait plaisir. Lentement, j'ouvre bouton par bouton cette blouse qui le rend si sexy, pour laisser découvrir son torse parfait et imberbe. Je mordille mes lèvres, et commence à embrasser son cou. Je comprends que c'est une zone sensible quand je l'entends gémir.
- Alors t'as des points faibles, toi aussi... je murmure contre son oreille.
Mes mains caressent ses hanches, son ventre, passent sur ses tétons. Je laisse des sillons avec ma langue et commence à les titiller, puis à souffler dessus. Mes doigts continuent leur chemin jusqu'à l'élastique de son pantalon, et il lève ses hanches pour m'aider à l'enlever. Il est totalement à moi.
J'enlève moi-même ma blouse rapidement et reprends ses lèvres avec ardeur. Mon excitation ne cesse de croître, et mes mains parcourent maintenant tout son corps avec rapidité, avides de son contact qui m'a manqué toute la semaine.
J'ose enfin passer l'élastique de son boxer cette fois, et pose ma main sur sa verge gonflée de plaisir. Instantanément, mon envie décuple encore alors que je pensais ça impossible.
- Jay... S'il te plaît...
J'adore quand il me supplie. Je masturbe lentement son membre pour le faire souffrir un peu plus. Je veux qu'il se souvienne de mon toucher, de mon odeur, de moi tout entier, et qu'il ne puisse plus s'en passer. Je veux qu'il ressente tellement de choses que ça lui sera impossible d'être aussi accompli ailleurs. Je sais que c'est beaucoup en attendre de moi-même pour une première fois, mais je compte sur notre lien particulier pour remplir le reste.
J'enlève moi aussi mon pantalon, et mon boxer avec. Je frotte nos deux érections douloureuses ensemble, toujours à califourchon sur lui.
- Est-ce que tu en veux plus, Aiden ? je lui murmure à l'oreille.
- Ferme-la... Tu le sais très bien... il souffle, les yeux clos et la gorge offerte.
- D'accord... et je lui lance un sourire séducteur - vainqueur.
Tout est nouveau pour moi et mon assurance est feinte, mais sa soumission m'aide à avoir confiance en mes capacités. J'enlève le dernier bout de tissu qui recouvrait encore un peu son intimité, et sans cérémonie, je me place entre ses jambes. Il lève la tête et me regarde, et je sens une pointe de panique traverser ses yeux.
- Jay, j'ai jamais fait ça, alors...
Je suis surpris. Je sais qu'il a déjà couché avec Matt. Je me suis tellement toujours vu en tant que... Dominant... Que ça ne m'était pas venu à l'esprit qu'il l'ait été avec quelqu'un d'autre.
- Je vois. Je vais... Faire attention, je dis maladroitement.
Mon assurance s'est un peu effritée. Je tente de me souvenir des sites internet que j'ai visionnés ces derniers jours pour savoir comment faire pour que ça fasse moins mal. Je sais qu'on peut faire un anulingus, mais je dois admettre que je n'ai pas particulièrement envie de m'y essayer pour l'instant... On n'a pas de lubrifiant ici - pas dans la salle de repos, en tous cas - donc je vais devoir y aller lentement. J'humidifie un peu mes doigts, et je vais vers son intimité, hésitant.
- Je vais y aller doucement, d'accord ?
Il hoche la tête. Il me fait toujours confiance. Lentement, j'insère un doigt, et je le sens se crisper. Je le regarde, et je vois de la souffrance sur son visage. Je prends peur.
- Tu veux que j'arrête ? je demande calmement en le regardant droit dans les yeux.
Il me fait signe que non et je sens sa détermination dans son regard. Alors je continue le plus doucement possible, et je vois son visage se détendre petit à petit. C'est absolument magique. Je trouve ça incroyable, et vraiment beau.
Après l'avoir fait plusieurs fois pendant quelques minutes et y avoir ajouté un doigt, j'espère que tout ira bien et j'ose agripper ses hanches pour le rapprocher un peu et appuyer mon membre sur cet endroit complètement inconnu. Encore une fois il se crispe, mais je vais tellement lentement, plein d'appréhension moi aussi, qu'il s'y habitue sans difficulté et je me sens comme happé. C'est ma première fois, c'est avec Aiden, et ça me va très bien.
Pendant plusieurs minutes, je vais de plus en plus vite sous les demandes incessantes de mon amant. Je l'embrasse, je le mords, et lui me griffe le dos. C'est bestial, mais c'est doux. C'est étrange. C'est passionné.
Je suis obligé de poser ma main sur sa bouche quand ses cris deviennent plus intenses, et lui se masturbe alors que je le pénètre toujours plus. Il jouit un peu avant moi, et je crois d'ailleurs que c'est son visage, tendu de plaisir, qui déclenche mon orgasme. Une vague de bien-être, un tsunami, même, comme je n'en ai jamais connu auparavant.
Je me retire ensuite immédiatement - trop vite, je le réalise en le voyant grimacer - pour me coucher à côté de lui.
Je me rends compte de ce que je viens de faire, et je le regarde, guettant sa réaction. Lui aussi est en train de m'observer, et je vois qu'il transpire et que ses joues sont un peu rougies dans l'obscurité de la pièce. Je m'approche, hésitant, et pose encore un baiser sur ses lèvres avant de m'éloigner de quelques centimètres, cherchant son regard. Il le détourne et encore une fois, ça fait mal.
- On... On se voit à la maison, d'accord ? il me souffle sans oser poser les yeux sur moi.
Il se rhabille sans un mot et quitte la pièce, me laissant seul, plongé dans mes pensées, le coeur en bordel.
Annotations
Versions