Chapitre 4
Chapitre 4
Octobre 1944 :
le présent..., les souvenirs...
"Lâchez-moi ! Papa, non ! Lâchez-moi..."
Je me débats, du moins j’essaie. Il m'arrache les cheveux pour me forcer à le suivre, mais moi, je veux retourner vers mon père.
J’aperçois encore ces deux Allemands, continuant de le taper, tout en le conduisant vers ce fichu ghetto ; alors que moi, je m'éloigne de lui, impuissante.
"Papa..."
C'est la dernière fois que je le voyais.
Il me fait mal, et je dois marcher à l'allure de ses pas, vite.
Il arrive devant un Commando et lui parle, sans que je ne comprenne rien. Il me tend à lui, toujours en m'arrachant les cheveux. Le Commando me fixe de son regard translucide et vicieux, et ordonne au SS de me conduire dans une camionnette allemande.
Alors qu'il me traîne jusqu'au véhicule, j'aperçois un kiosque à journaux avec les nouvelles du jour. En gros titre " Arrivée du Führer demain matin". La date indique le 21 octobre 1944. Maintenant, je sais quel jour nous sommes, car depuis quelques jours, j'avais perdu la notion du temps.
L'officier arrive devant la camionnette couverte seulement d'une bâche, et me balance (non, le mot n'est pas fort, je vous l'assure) à son collègue.
- Nimmt, dass man auch.
L'autre officier me pousse violemment dans la camionnette, si bien que je trébuche et m'égratigne le genoux, trouant ainsi mes collants. J'en conclus que mon bourreau lui a ordonné de m'emmener quelque part, mais où...
Mon calvaire ne fait que commencer.
Dans le véhicule, je me retrouve avec d'autres personnes portant eux aussi la croix de David sur leur manteau : des femmes, des hommes, des vieillards, des enfants... Tous apeurés. Mais qui ne le serait pas. Personne ne parlait, personne ne se regardait. Et je pense que personne ne savait où on allait.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, mais j'entends le son d'une cloche annoncer l'heure de midi.
J'ai faim... Je n'ai rien avalé depuis ce matin mis à part un morceau de pain dur trempé dans un pseudo chocolat chaud, trop dilué à mon goût.
Nous sortons de ma ville natale pour rejoindre des routes désertes polonaises. Seuls des convois allemands croisaient notre chemin. J'ai froid, j'ai faim, et j'ai mal aux pieds. Je regarde le paysage autour de moi pour me faire passer le temps, mais pas pour oublier ce que je viens de vivre.
Ça restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Après deux heures de route ( j'ai regardé la montre de l'homme assis à côté de moi ), nous arrivons à une gare. Je pense qu'elle a été créée par les Allemands car je n'ai pas souvenir d'une gare à cet endroit. Mais tellement de choses ont changé que, de toute manière, je ne reconnais plus rien.
Un train attendait. Ou devrais-je plutôt dire, Nous attendait.
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