VIII - Aurélie

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Je suis la mère de Pierrick. Je l’ai eu avec le Pasteur Patrice. Mon compagnon, John, n’a pas apprécié et il est sorti de mon histoire. J’avais quinze ans quand j’ai rencontré Patrice. Depuis, il a toujours fait partie de ma vie. Mais on avait jamais eu d’enfant ensemble. On en a fait avec d’autres. Mais celui là c’est le dernier et il est d’ici. Patrice vit avec Émilie mais elle n’est pas jalouse. Elle a aussi son jardin secret.

À la Caserne je dispute Greta et Adé :

  • Alors comme ça, on veut se convertir sans moi ?
  • Bienvenue au club, mais on se pose la question, qui la première ?
  • Ou toutes en même temps.
  • Est-ce que la technologie est sûre ?
  • On a le temps de la mettre à l’épreuve. Greta n’est pas encore prête. Et il faut que ça marche parce que j’ai un projet de grossesse après, avec Hilde, avec la technologie BRISIM.
  • Jésus, Marie, Joseph.
  • On a choisi d’autres prénom en fait, et il n’y en aura que deux.
  • Adé, sur Terre on a réussi sans la BRISIM. Abigaëlle.
  • C’était sur Terre. Ici les règles de la physique et de l’Invisible sont différentes.
  • Mon lait était fécond même ici.
  • Oui mais toi tu es Dieu et c’était à notre arrivée, nos corps n’étaient pas aussi modifiés qu’aujourd’hui.
  • Bien. En tant que Dieu et celle qui s’est le plus reproduite, je propose de passer en première, comme çà, ça nous laisse un délai, de réflexion. Dans deux mois les choses auront peut-être changé. On a l’éternité devant nous mais les événements s’enchaînent toujours aussi vite. On est pas en rythme avec l’éternité. Il faut ralentir. S’imprégner de nos histoires. Sinon on les oublie.

C’est là que Hilde arrive timidement et il me vient une idée.

  • Sur ce, les filles, Pierrick a faim. Adé ? Est-ce que Hilde peut se joindre à nous ?

On prépare du philtre, une toute petite dose pour Hilde qui commence à tout admirer autour d’elle, elle doit voir de jolies couleurs. C’est Greta qui l’embrasse en première en lui faisant toucher son ventre. À moi. Je lui dégage le visage de ses cheveux et je goûte à ses lèvres. Elle garde les yeux ouverts. Et puis je la prends dans mes bras comme un bébé et j’ouvre mon chemisier pour lui faire goûter mon lait. Elle me regarde en même temps. Je vois loin dans son âme, ce n’est pas sa première fois, Gaby lui donnait le sein. Ça alors, c’est dingue pour une locale ! Big doit être derrière tout ça. Je la cajole, je lui dis des choses gentilles et je la redonne à Adé qui goûte à mon lait dans la bouche de Hilde. Le philtre commence à faire son effet. Nous commençons à nous mélanger dans le plaisir de nos désirs, un festival de caresses douces, chaudes et humides, en basse conscience.

*

J’habite près de la Mairie, c’est plus pratique. Je peux être tout le temps avec mon bébé car je me suis organisée. Toutes mes entreprises tournent d’elles-mêmes. Je peux disparaître sans que la machine ne s’enraye. Voilà donc ma nouvelle vie, loin d’une planète à pérenniser, loin du survivalisme inscrit dans mon sang, juste dans mon rôle de maman, comme une pause enfin méritée. Je fais le ménage dans mon agenda et je décline toutes les invitations à l’Ouest, même au Conseil de Sécurité où je me fais représenter. Je reviendrai aux affaires seulement en cas de problème urgent.

Patrice vient me voir et je lui saute dessus comme quand j’avais quinze ans. Je me suis même refait la même coupe de cheveux courts de l’époque, un peu garçonne, un peu ondulée. Ça met en valeur mon visage fin et mes grands yeux bleus.

Ensemble on va se promener dans le Parc Central avec la poussette en respirant l’automne, comme de vrais parents. Je lui tiens le bras. On s’embrasse sous les grands arbres qui pleurent sur nous leurs feuilles ocres. Un rayon de soleil vient nous réchauffer. Je l’entraîne vers le kiosque abandonné. On s’enferme dedans avec la poussette et il me soulève, il me colle contre le muret il s’agite en moi en me parlant en latin. Ça me réchauffe de partout.

Je réajuste mon collant et ma jupe et on ressort comme si ne rien n’était pour finir notre promenade avant le brunch, ça nous a mis en appétit.

Il reste pour me regarder allaiter son fils :

  • Tu restes de plus en plus longtemps.
  • Oui Aurélie, parce qu’il est notre histoire et elle remonte à loin. Je me sens bien avec vous, à ma place.
  • Je vais rester, on va rester ici Patrice. Ta place est à l’Ouest.
  • J’ai encore mon Père Simon là-bas pour assurer la prise en charge des âmes égarées. Entre lui et toi, je choisis.
  • Je parlais du Village.
  • Personne n’est à sa place auprès d’Émilie, sauf peut-être le fantôme du père de ses enfants. Avec eux-deux comme parents, je trouve que Victoria et Victor s’en sortent bien.
  • Tu as toujours eu un faible pour Victoria.
  • Comment faire autrement ? Elle est irrésistible. Plus que sa mère et moins que sa fille. Quelle lignée !
  • Oui tout le monde se focalise sur les mâles alors que…

Et il m’embrasse tendrement, comme quelqu’un qui m’aime. Je lui rend son baiser. On est là tous les trois, connectés par nos fluides. On est une famille.

*

Je programme ma navette pour Laguna Beach. Je vérifie que Pierrick va bien. C’est parti. Elle me reçoit au calme chez elle, au bord de la plage. La porte s’«ouvre. Qu’est ce qu’il fait chaud ! On a vite perdu l’habitude.

  • Le voilà ! Qu’il est beau !

Je lui mets dans les bras.

  • Merci Alice.
  • Comme il sent bon. Ça me manque. Ça a été si bref pour moi. C’est vraiment une bonne idée ta démarche de grossesse et de croissante lente.
  • Croissance normale Alice. On verra si tout se passe bien. On peut toujours intervenir si il le faut.
  • Je n’en reviens pas Aurélie. Tu as fait tellement pour notre planète et maintenant ça. Tu montres l’exemple au bon moment. La jeune génération est perdue. Elle veut s’isoler.
  • Ils veulent écrire leur histoire. Ce n’est pas une mauvaise chose.
  • Vraiment ? Tu crois ? Tu sais tellement de choses Aurélie. Tu as ça en toi. Et ça ne vient même pas de nous. Nous, on a juste fabriqué Greta.
  • Et sans elle je ne serais pas là Alice. Elle est bien plus qu’elle ne paraît.
  • Elle est votre Dieu.
  • Mais on n’est pas moins qu’elle non plus Alice. Toi aussi tu es allée au-delà de ton destin. Greta te doit tout. On te doit tout.
  • Ça fait du bien à entendre. J’ai l’impression d’être la méchante de l’histoire. La fusion avec Aline m’a discrédité.
  • Alice, Aline est comme une mère pour moi et même plus. Et avant, pendant, ou après la fusion, je t’ai toujours faite confiance, et respectée.
  • Merci Aurélie. Justement, depuis la fusion tout n’est plus très clair dans ma tête. J’ai même eu du mal à me souvenir du nom de mes enfants, Adrien et Carla. Pas étonnant que Victor soit parti. Mais il est entre de bonnes mains.

Je la prends dans mes bras et Pierrick rit. On le regarde, on se regarde et on rit aussi.

On rentre au frais, on le met dans un berceau et on s’installe confortablement à proximité. Je lui prends la main et je lui caresse la joue :

  • Ça va aller Alice.

Je m’approche plus d’elle et je l’embrasse sur la joue. Elle me prend par la taille et soupire. Je pose ma tête sur sa confortable poitrine. Elle me caresse le dos, puis les fesses. Je mets ma main entre ses cuisses. Je relève la tête et nos langues se mélangent. Elle a un goût de cerise.

  • Tu as pris quelque chose ?
  • Je n’y arrive plus sans.

On se dépêche, ça ne fait pas effet longtemps. Je regarde ses pupilles. Elles sont presque dilatées. Je m’active, elle se laisse aller, elle arrête de respirer, elle ne bouge plus.

  • Merde !

Je regarde à gauche et à droite pour trouver quelque chose pour la ramener. Je cours au frigo, il y a toujours de l’eau froide. Oui ! Un grand pichet. Je m’applique pour ne rien renverser en revenant et je lui jette à la figure en m’apprêtant à faire un massage cardiaque mais elle inspire un grand coup et revient à elle.

  • Alice ? C’était quoi ça ?
  • La moyenne mort.

Je la prends dans mes bras, je la cajole, je l’embrasse. On a réveillé Pierrick. Je vais le prendre dans mes bras. Elle s’essuie. Elle a le regard dans le vide.

  • J’ai flotté au dessus de nous. Et puis il y avait une lumière au loin. Qui m’appelait.
  • Tu vas voir des fantômes.
  • J’aimerais bien.

On rigole.

  • Et si je ne t’avais pas ramenée ?
  • On en revient toujours. On ne peut pas mourir ici.
  • Est-ce que c’est une pratique connue, courante ?
  • Non. C’est Aline qui m’a appris tout ça. C’est une passerelle entre les trois.
  • Entre les trois ?
  • Le I, le S et le A.
  • Une passerelle ?
  • Chimique. Un psychotrope à la cerise.
  • J’y ai goûté aussi, dans ta bouche. Ça ne m’a rien fait.
  • Ça ne marche qu’avec la petite mort.

Je n’aime pas le ton de sa voix, elle est mélancolique, seule, abandonnée. Je la reprends dans mes bras pour la rassurer. Il ne faut pas qu’elle reste seule. Je sais qui il lui faut.

  • Attends-moi ici, je reviens.

Je récupère Pierrick et je fonce à l’Est. Je la récupère et je l’amène à l’Ouest. Elle n’ose pas descendre de la navette.

  • Viens !

Mais elle me fait confiance. Alice sort de sa maison pour voir. Elle comprend. Elle court nous rejoindre. Alice et Aline se jettent dans les bras l’une de l’autre en pleurant. Elles sont l’une dans l’autre. Il ne faut pas les séparer.

*

Dans le grand boulevard j’arrive enfin à la bonne bâtisse. Il y a des escaliers jusqu’à l’entrée. Je laisse la poussette en bas. Ding dong ! Gaby m’ouvre, elle m’attendait. Son visage s’illumine en voyant Pierrick. Je lui tends.

  • C’est vrai ? Je peux.

Elle le prend dans ses bras d’un air assuré, elle a l’habitude. C’est attendrissant de voir la mère en elle ressurgir. Elle me paraît moins distante maintenant. J’ai bien fait de venir la voir en premier. On s’installe dans le salon qui donne sur le jardin.

  • C’est chaleureux ici.
  • Il le faut, on n’est pas l’Ouest.

Elle a gardé Pierrick dans ses bras.

  • J’aurais peut-être dû aller voir Gabrielle en première mais je la connais moins que vous. Il fallait donc que je vienne vous parler d’abord.
  • C’est au sujet de la fusion ? J’ai appris pour Alice et Aline. Elles ont maintenant besoin d’être ensemble. Avec Gabrielle on s’est très peu croisées. Alice et Aline ont fait bien plus que ça, de la méditation, toutes les sortes, et j’en passe. À un moment donné on ne faisait plus la différence entre elles. Apparemment ça s’est stabilisé. Elles étaient juste allé trop loin. J’ai fait suivre le rapport que j’ai reçu à Gabrielle. Vous avez bien fait de venir me voir en première. Je vous le rends, je vais aller chercher le thé.

Je regarde autour, la décoration, les détails. Tout est fait avec beaucoup de goût. Elle revient. Je joue franc jeu, c’est une espionne :

  • Je croise souvent votre fille chez Greta.
  • Elle est sage au moins ? Je suis un peu inquiète à cause de ses, de sa… fréquentation.

Gaby pose le plateau sur la table basse devant nous et nous sert. Je reconnais l’odeur.

  • Vous êtes sûre ?
  • J’en ai trouvé en fouillant dans les affaires de Big. Je pense même que c’est comme ça qu’il m’a eue. Sinon qu’est ce que je ferais avec lui ?

Elle me regarde et je devine qu’elle plaisante. J’ose donc en rire. Elle continue :

  • Aurélie je ne vous connais pas bien mais je connais votre réputation. Je vois bien que je ne suis pas au fait de tout et je voudrais comprendre, vraiment, ma fille. C’est l’occasion ou jamais je pense.

Elle me tend ma tasse. Je la prends, je la repose et je m’approche tout près d’elle avec Pierrick dans mes bras.

  • Gaby, si vous voulez vraiment comprendre, il faut le faire en pleine conscience.

Je m’approche encore. C’est à elle de décider maintenant. Elle est un peu étonnée, embêtée. Puis elle réfléchit. Elle prend une décision. Elle se détend. Elle approche ses lèvres tout près des miennes, ses yeux sont mis clos. Je ne peux résister, je l’embrasse. Doucement, tendrement. Puis avec la langue. Je sens ses mains autour de moi. Elle me prend Pierrick et elle se lève, mon bébé est comme en otage. Elle est essoufflée, ses joues sont rouges, elle est excitée. Elle annonce :

  • Il y a un berceau dans le bureau à côté, avec un canapé.

Elle y va. Je ne la suis pas. Elle revient sans Pierrick et me demande :

  • Ça va ?

Je lui fais signe de venir se rasseoir à côté de moi :

  • Maintenant on peut boire le thé. Ça sera beaucoup mieux avec.

Je prends les tasses, je lui tend la sienne et on boit sans se quitter du regard. Avant que ça agisse, je me lève, je la prend par la main et on va dans le bureau. Je ferme la porte et je me retourne, elle s’approche tout près de moi, comme pour me sentir, mais je sens sa main passer dans mon dos pour fermer à clef. J’en profite pour l’embrasser à nouveau et commencer à la caresser pendant que les lumière chaudes commencent à nous entourer.

Quand on émerge il est tard. Pas le temps de savourer notre extase, elle se rhabille vite, elle se regarde dans le miroir pour effacer les taches de lait autour de sa bouche pendant que je récupère Pierrick, elle me raccompagne à la sortie. La porte s’ouvre, je vais pour partir mais elle me retient et m’embrasse sur la joue et dans le cou pour remonter à mon oreille et murmurer :

  • Pas la peine d’aller voir Sandrine ou Cendrine, je leur ai envoyé le rapport.
  • Dommage, elles sont si jolies.

Et je lui fais un bisou sur la bouche. Et un clin d’œil. Elle a aimé. Elle aime. Elle m’aime ? Elle me rend mon bisou et ferme doucement la porte. Je l’imagine derrière, tout émoustillée à repenser à tout ce qu’on a fait.

*

On est bien dans ce quartier résidentiel à proximité du centre ville, dans nos maisons individuelles. Tout est en bois. C’est chaleureux. Il y a même un piano dans le salon. Mais j’évite d’en jouer. Trop mélancolique. Ça peut changer mon humeur. J’essaie de rester stable. La musique avait disparue de nos vies. Il n’y avait plus de divertissement. Ce n’était pas essentiel. Pourtant je la sens, je l’entends, la chanson, la mélodie de ma vie, de mon parcours. Ce serait bien au piano. Il a donc sa place dans mon salon. Mais ce n’est pas le moment, je monte à l’étage donner le sein à mon enfant. Je lui fredonne un air en même temps, pour qu’il ressente mes vibrations.

Tous les jours j’ai besoin de contacts physiques intimes. Au menu du jour, j’ai mon jeune jardinier qui passe tondre ma pelouse. Je l’ai eu comme stagiaire à la Ferme, il est encore à l’école ici dans la filière écologique. On commence par un copieux déjeuner pour prendre des forces. Ensuite il sort travailler. Pendant ce temps je m’occupe de Pierrick et quand arrive l’heure de sa sieste, c’est l’heure de la nôtre aussi. Quand il me rejoint à l’intérieur, il est tout sale. Il faut que je le lave. On passe à la salle de bain ou je le déshabille, je le mouille, je le savonne, je le rince. Ensuite je me mets nue aussi pour lui faire son shampooing sous la douche avec lui. Et sous l’eau chaude nos corps glissent l’un contre l’autre. Ma bouche s’égare aux endroits interdits et on s’autorise une nouvelle position. Et puis on se sèche et on va au lit où l’on recommence pour s’endormir. Avant de partir je prends son carnet et je le note avec une lettre, un chiffre et une phrase. Geoffroy, un bon petit, une ascendance purement locale. Il est calme, silencieux, tendre et doux. Je crois qu’il m’aime. Je suis son Paradis. Maintenant j’ose l’embrasser, vraiment. Il vient de plus en plus souvent. Il prend de la place dans ma vie. Je pense à lui le soir pour m’endormir la main entre mes cuisses en repensant à ces moments où je sens mon sein dans sa bouche pendant qu’il se vide en moi de sa première semence.

*

Lisa passe m’ausculter et je lui raconte :

  • Ça me fait du bien de vivre seule ici, juste avec mon bébé à m’occuper, dans une vie simple. Je n’ai plus que lui et moi à gérer. J’aimerais que ça dure toujours. Je n’ai plus à trouver de solutions aux problèmes des autres. Je suis faites pour ça, en fait : mère célibataire seule au foyer dans mon petit monde protégé et rassurant. J’ai assez donné à la civilisation. À mon tour de recevoir. De recevoir de l’attention des autres, physiquement. Des caresses, des baisers, des câlins. J’en veux plein. J’ai envie qu’on me secoue, qu’on vienne s’évanouir en moi. Patrice n’est pas assez disponible. Heureusement mon petit Geoffroy est très motivé. Il arrive à me satisfaire entre deux régulières.
  • Tu es en pleine forme Aurélie. Hilde fait du bon boulot. Même avec Pierrick alors que les garçons c’est pas son truc. Mais il n’en est pas encore un. Il est juste un petit bébé qui grandit à son rythme. Le plus naturellement possible. Pour le reste, ça serait bien de descendre à cinq partenaires, trois filles et deux garçons. Sauf contre-indication de ton médecin ultra holistique.

Je lui prends la main et je souris. Je suis contente de la voir. Je lui demande :

  • Et toi alors, Lisa ? Comment ça va ?
  • C’est gentil de demander mais franchement, je ne sais pas. Je suis un peu perdue en ce moment. Il faudrait que je m’échappe de l’Ouest, que je me pose quelque part. J’ai pris mes dispositions. Je ne suis plus indispensable, nulle part. Et je ne viens pas te voir par hasard. Je viens m’inspirer de toi, ici, tu y arrives.

Elle me tend ses mains. Je les prends et je ferme les yeux :

  • Je sais ce qu’il te faut Lisa. Une retraite. Seule. Dans un appartement sans âme de la Tour R. Revenir à une existence minimaliste. Te laver le cerveau, le laisser se reposer. Je vais t’inscrire au Tennis Club. Avec un vrai faux nom, loin et proche de ton identité. Marie. Tu vas devenir blonde. Et tu vas te convertir en locale. Justement, il nous fallait un cobaye et tu es médecin, d’une pierre deux coups. Tu es une aventurière de la science, tu était une spationaute, la crème de la crème, la candidate idéale. Tu vas devenir la joueuse de tennis Marie du club de Sylvania et rien d’autre. En duel, tu vas rencontrer des adversaires et vous allez vous aimer. Mais on sera toujours là pour toi. Dis adieu à Lisa. Dis bonjour à Marie.

Elle me serre dans ses bras et soupire :

  • J’aimerais tant.
  • Tu aimeras tant. Il est temps Lisa. Arrête tes conneries. Viens reposer ton corps et ton esprit ici avec nous, Greta, Adélaïde, Clémence et moi.
  • Et Marie.
  • Oui ! Tu vois, elle est déjà en toi. Je te réserve une place dans mon club des cinq. Deux garçons et trois filles, il m’en manquait une. Docteure Lisa M. Lisa Marie. Marie.

Elle regarde sa main, elle tient encore son stéthoscope. Elle le lâche dans sa trousse. Elle referme la trousse. Elle me donne sa trousse :

  • D’accord. Cadeau, je n’en aurai plus besoin. Et attend.

Elle sort son monolithe et elle le pose sur sa trousse avant de demander :

  • Où est le tennis club ?
  • J’appelle mon équipe. Ils vont tout arranger. Ce soir tu dormiras dans ton nouvel appartement, en blonde, avec un nouveau monolithe. Il t’indiquera le chemin pour aller au club. Dès demain matin.

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