Chapitre 9

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Disparaît mon reflet en ouvrant les portes de l’armoire à pharmacie. Je mets la main sur le tube de paracétamol et espère chasser mon mal de crâne amplifié par ces odeurs écœurantes. Celles qui me collent à la peau et d’autres relents, imperceptibles jusque là, mais désormais très présents, ici même, dans la salle de bain.


J’en sors avant que mon cœur ne se soulève. L’émanation est encore plus forte à droite. Ça vient de la chambre. Instinctivement, je me couvre le nez et la bouche puis pousse la porte, laissée entrouverte par inadvertance.


J’allume la lumière. Quelque chose flotte à la surface de l’aquarium ! L’odeur, plus puissante et écœurante qu’auparavant, semble provenir du bac. Je me contiens et m’approche. Un amas de minuscules coquilles semblables à de gros grains de poivre blanc irisés surnagent à la ligne de flottaison. Certains d’eux se sont ouverts, d’autres conservent une forme ronde et entière, comme de petites perles. Il n’y a plus de doute : c’est de ça qu’émane cette odeur pestilentielle. Je regarde sous la surface… Non !


J’aère la chambre. Il fait nuit noire. Je repars dans la salle de bain, boire cul sec l’Efferalgan et 2 vitamines, histoire de dissiper au plus vite ce qui m’encombre la tête.


« Je suis André Reynault, professeur de Maths retraité. » Je répète cette phrase en scrutant mon reflet dans le miroir, histoire d’être sûr de ne pas rêver, de m’assurer de ce que je viens de voir. Afin de lutter au mieux contre les odeurs, j’asperge une serviette d’eau de Cologne. Puis regagne la chambre, observer l’inouï. Je m’installe sur le bord du lit et scrute à nouveau le portail. J’avais mis plusieurs mois à croire ce que j’avais pourtant vu : des poissons de toutes tailles disparaître, purement et simplement sous ce petit torii. Alors combien de temps me faudrait-il cette fois pour admettre ce qui se produit là, présentement, sous mes yeux ? Ces petites baies laiteuses apparaître de nulle part, jaillir du passage et remonter à la surface pour s’agglutiner les unes à côté des autres en un tapis flottant. Je les observe, tant que les effluves me sont supportables, je les vois sortir régulièrement, une par une, du portail. On dirait des œufs de lump blanchâtres crachés par une force invisible.


Stop. L’odeur n’est plus possible. J’arrête mes observations ou mes nausées auront raison de moi. Déjà, elles m’affaiblissent. Je ferme la porte à clef. Il est 5 h 31. Une petite sieste, une douche et un café me remettront les idées en place. Je couvre le canapé-lit tâché d’une serviette. Avant de m’y assoupir, je consulte mon smartphone. Une chose est sûre : je n’ai pas à douter de la véracité du phénomène que j’ai vu de mes propres yeux ; je peux même assister à son origine et donner l’heure exacte de l’apparition de la première coquille.

Tout est enregistré par la caméra sous-marine.

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